Le président français Emmanuel Macron a descendu vendredi matin, en véhicule militaire, la prestigieuse avenue des Champs-Élysées, avant le début du traditionnel défilé du 14 juillet à Paris à l’occasion de la fête nationale, organisée cette année sous haute surveillance après les récentes émeutes qui ont embrasé le pays.
Invité d’honneur, le Premier ministre indien, Narendra Modi, assistait avec le chef de l’État français au défilé, après s’être vu décerner la grand’croix de la Légion d’honneur, la plus haute distinction française. Cette visite sera l’occasion de discuter des modalités d’achat de 26 nouveaux Rafale de Dassault Aviation en version Marine pour le porte-avions indien, ainsi que de trois sous-marins, une acquisition à laquelle New Delhi a donné jeudi son accord de principe.
Paris et New Delhi célèbrent cette année le 25e anniversaire de leur partenariat stratégique, que la France ambitionne de renforcer pour peser dans la zone Asie-Pacifique, bien que l’Inde soit accusé par les ONG de dérive autoritaire.
« L’Inde aura un rôle déterminant pour notre avenir, c’est aussi un partenaire stratégique et un pays ami », a déclaré Emmanuel Macron jeudi soir lors d’un discours aux armées. Macron et Modi feront une déclaration conjointe avant un entretien à l’Élysée prévu à 17 h 05 et un dîner officiel au musée du Louvre.
Après le passage de la Patrouille de France et son emblématique ruban de fumée bleu blanc rouge dans le ciel parisien, le défilé à pied sera ouvert par 240 membres des forces armées indiennes et le défilé aérien comprendra trois Rafale indiens, selon l’Élysée.
Les grands moyens
Ces festivités se tiennent dans un climat sécuritaire tendu. Fin juin, la mort d’un adolescent, tué par un policier lors d’un contrôle routier, a entraîné plusieurs nuits d’émeutes et des dégâts considérables. Le gouvernement a déployé les grands moyens pour tenter de contenir les traditionnels incidents des festivités du 14-Juillet, en mobilisant de jeudi soir à samedi soir quelque 45.000 policiers et gendarmes, des unités d’élite et des blindés.
À Paris, environ 10 000 policiers et gendarmes seront sur le terrain, dans la capitale et ses départements limitrophes. La nuit de jeudi à vendredi a toutefois été dans « l’ensemble relativement calme pour un 13 juillet », a assuré le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Au total, l’édition 2023 rassemble 6 500 participants, dont 5 100 à pied. Plus de 60 avions, dont des appareils étrangers, 28 hélicoptères, 157 véhicules et 62 motos défileront en compagnie des 200 chevaux de la Garde républicaine sur les Champs-Élysées.
« Solidarité stratégique »
Un tableau initial mettra en avant une douzaine de pays qui ont aidé la France pendant une décennie d’engagement militaire au Sahel: le Canada et des Européens.
Autre mise à l’honneur: six lycées militaires africains partenaires (Bénin, Congo-Brazzaville, Gabon, Madagascar, Côte d’Ivoire, Sénégal) défileront avec les pensionnaires d’écoles militaires françaises.
Pour incarner l’aide militaire française à l’Ukraine, des canons Caesar et des blindés AMX10-RC, du type de ceux cédés à Kiev, défileront devant les Parisiens.
Cette manifestation aura par ailleurs vocation à incarner la hausse du budget des armées, alors que le Parlement a définitivement adopté jeudi une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) d’une enveloppe de 413 milliards d’euros d’ici à 2030, soit une hausse de 40% par rapport à la précédente LPM. Cette LPM « est celle dont nos armées ont besoin », s’est félicité jeudi Emmanuel Macron.
Ce vendredi, le blindé léger Serval défilera pour la première fois. Autre nouveauté: l’hélicoptère H160 d’Airbus Helicopters. Les « forces morales » de la France constitueront le thème du défilé. La réserve opérationnelle sera mise à l’honneur, dont le nombre sera plus que doublé d’ici à 2030 pour atteindre 80 000 volontaires.
L’animation finale, jouée place de la Concorde par des jeunes, réservistes, du service national universel (SNU) et du service civique, célèbrera l’esprit de la Résistance en commémorant 1943, année de création de la médaille de la Résistance française, la création du Conseil national de la Résistance, le décès du héros de la Résistance Jean Moulin et la naissance du Chant des partisans.
Un feu d’artifice sera tiré dans la capitale vendredi soir depuis la Tour Eiffel, comme de coutume. Il sera précédé d’un grand concert classique sur le Champ-de-Mars sur le thème de la fraternité.