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À la frontière, les commerçants belges orphelins de leurs clients français


Les quelques commerçants ouverts espèrent tous que la frontière rouvrira bientôt mais ils demeurent pour l'instant dans la plus totale incertitude. (photo Google maps)

« Ici, près de la frontière c’est une ville morte » : à Menin, ville belge frontalière de la France, les rares commerçants en activité espèrent une rapide réouverture de la frontière pour relancer l’activité économique grâce aux clients français.

Contraints par le gouvernement de fermer mi-mars pour tenter de juguler la pandémie de Covid-19, quelques commerces ont certes rouvert la semaine dernière, mais certains ont déjà rebaissé leur rideau tant l’activité est réduite.

« On travaille avec 95 % de clients français donc on a vite fait le calcul, il ne reste que 5 %, pour les Belges… On ne gagne vraiment pas beaucoup d’argent, les journées sont longues. On reste ouvert malgré tout pour garder notre clientèle locale et on attend des jours meilleurs », explique Xavier Vandewalle, employé d’une boutique de tabac et d’alcool, produits privilégiés par les Français en raison d’une taxation moindre. Habituellement des centaines de Français viennent chaque jour faire leurs emplettes dans cette ville flamande de 33 000 habitants, à une vingtaine de kilomètres de Lille.

Désormais, les rues sont désertes et parmi les quelques véhicules qui circulent, presque aucun n’est immatriculé en France. « Heureusement, on a des aides fédérales et régionales, mais ça ne compense pas la baisse de 90 % de notre chiffre d’affaires. Ici il n’y a pas vraiment de passage, parce que la frontière est vraiment bloquée. Sur Mouscron, on a quelques ouvriers qui viennent travailler en Belgique qui s’arrêtent mais bon, c’est invivable », souligne Virginie Breye, qui possède un magasin de tabac à Menin et un autre à Mouscron, autre ville frontalière proche.

« D’habitude on fait la queue sur les trottoirs. On est impuissants »

Alors qu’on passe de Menin à Halluin, en France, sans même s’en rendre compte en temps normal, une haute et imposante barrière a désormais été installée pour empêcher le passage des piétons. Grâce notamment à un système de vidéosurveillance, la police belge veille au grain pour traquer les contrevenants : 250 euros d’amende s’ils franchissent la frontière sans raison valable. Quelques rares Nordistes travaillant en Belgique continuent néanmoins de faire leurs achats à Menin. « Une journée classique, on a au moins 200 clients français et là c’est plutôt 15. Actuellement c’est une ville morte : on peut se garer où on veut, on peut compter le nombre de personnes ou de voitures qui passent dans la rue. Tout est fermé », se désole Xavier Vandewalle. D’habitude on fait la queue sur les trottoirs. On est impuissants… »

« Normalement c’est interdit pour les Français, mais un policier m’a dit : ‘si c’est sur ta route, tu peux acheter’. Donc je continue de faire mes courses, d’acheter mes cigarettes et tout va bien », sourit David Pouillard, employé nordiste d’un abattoir belge, sortant d’une boutique tabac sous le bras.

Les quelques commerçants ouverts espèrent tous que la frontière rouvrira bientôt mais ils demeurent pour l’instant dans la plus totale incertitude : « On est dans le flou et le plus frustrant c’est qu’on a plus de renseignements qui viennent de France, alors qu’en Belgique on est incapable de nous donner une date », souffle Xavier Vandewalle.

« Le président Macron a dit qu’au plus tôt ça ouvrirait peut-être le 15 juin donc on attend des nouvelles », ajoute Virginie Breye, également adjointe au maire de Menin chargée du commerce et du tourisme. On est impatient de retrouver nos clients français et dès que la frontière rouvrira, on sera contents et prêts à les recevoir. »

AFP/LQ

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