La décision de la France de suspendre la livraison des navires de guerre Mistral en raison de la crise ukrainienne est «sans importance» pour la Russie, le contrat visant avant tout à soutenir les chantiers navals français, a assuré jeudi le président russe Vladimir Poutine.
«Le refus de livrer les navires conformément au contrat est un mauvais signe bien sûr, mais du point de vue du soutien de nos capacités de défense, je vais vous le dire franchement, c’est sans importance», a-t-il déclaré lors de sa séance annuelle de questions réponses avec les Russes à la télévision. «A l’époque, nous avions conclu ce contrat avant tout pour soutenir nos partenaires et assurer une charge de travail pour leurs chantiers navals, mais nous prévoyions de les utiliser en Extrême Orient, ce n’est pas critique», a-t-il ajouté.
La vente à la Russie de deux Mistral, conclue en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait été évaluée à environ 1,2 milliard d’euros. Paris a annoncé fin novembre le report «jusqu’à nouvel ordre» de la livraison du premier de ces bâtiments de projection et de commandement (BPC) construits à Saint-Nazaire (ouest), le Vladivostok, compte tenu du rôle de la Russie dans le conflit en Ukraine. La France a depuis lors répété que les conditions de la livraison n’étaient «toujours pas réunies» et Moscou a menacé à plusieurs reprises de lancer des procédures devant des cours d’arbitrage international.
«Je pars du principe que les autorités françaises, les Français étant des gens corrects, nous rendront l’argent. Nous n’avons pas l’intention d’exiger des pénalités excessives, mais il faut que les pertes que nous avons subies soient remboursées», a poursuivi le président russe. Pour M. Poutine, cette décision «remet en cause la fiabilité» des pays de l’Otan. «Nous en tiendrons compte à l’avenir pour notre coopération future». Le second Mistral, le Sébastopol – nom du port abritant la flotte russe en Crimée, la péninsule ukrainienne annexée il y a un an par la Russie -, a effectué en mars ses premiers essais en mer.
Dans un entretien publié lundi dans la presse russe, le directeur général de la société publique Rosoboronexport, Anatoli Issaïkine, avait estimé que la Russie et la France avaient deux mois pour trouver un compromis avant le lancement de procédures d’arbitrage. «Quand ce délai arrivera à son terme, nous déciderons alors des mesures à prendre», a-t-il ajouté. «Nous avons environ deux mois», a-t-il précisé. Les Mistral sont des navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars ou accueillir un état-major embarqué.
AFP