Accueil | Luxembourg | Walferdange : les deuxièmes chances de TABA

Walferdange : les deuxièmes chances de TABA


Une dizaine d'anciens consommateurs de drogue viennent régulièrement à TABA pour réparer, laver, contrôler... des jouets collectés, qui sont ensuite redistribués aux enfants dans le besoin. (Photo : Editpress)

TABA récupère les jouets et livres des résidents. Une fois triés et réparés… par d’anciens consommateurs de drogue, les joujoux sont redistribués aux enfants défavorisés.

Ouvert depuis le début de l’année à Walferdange, TABA donne une deuxième vie aux jouets grâce au travail de consommateurs de drogue. Jeux de société, livres, poupées sont ensuite distribués aux enfants démunis du pays.

Un Scrabble , un Monopoly , un puzzle, deux livres… Le sac d’Annabella est bien rempli. La mère de trois enfants est venue « pour la première fois », vendredi, à TABA à Walferdange. «C’est vraiment bien. Les gens sont vraiment gentils , dit-elle. J’ai trouvé beaucoup de jeux pour mes deux garçons de 12 et 15 ans. Je suis ravie, ils vont être contents. » Marijana, assistante sociale de l’ASBL Solidarité Jeunes, qui accompagne Annabella, confirme : « Il y a beaucoup de choix et l’accueil est chaleureux. Je vais recommander l’endroit à mes autres clients. »

L’objectif de TABA (Tagesstrukturierendes Beschäftigungsangebot für ältere Drogenabhängige : une structure quotidienne de travail pour les anciens consommateurs de drogue) est là : distribuer gratuitement à des enfants dans le besoin des jouets donnés par des résidents. Mais ce n’est pas le seul.

«Ici, je me sens bien et utile»

Entre la collecte et la distribution, d’anciens consommateurs de drogue ou des consommateurs stabilisés sont chargés de trier, réparer, laver les jouets ramenés par les donateurs. « En novembre 2012, nous avons eu l’idée, avec les clients d’Abrigado (NDLR : Centre de jour et salle de consommation de drogues à Luxembourg, qui accueille en moyenne entre 200 et 250 consommateurs de drogues chaque jour) , de trouver un moyen pour eux de travailler , raconte Sylvie Schmit, psychologue à l’ASBL Comité nationale de défense sociale (CNDS) et en charge du projet TABA.

Au début, les volontaires ont préparé des kits de consommation de drogue. En juin 2013, l’idée des jouets est apparue. C’est solidaire et nouveau. On s’est donc lancés. » Au départ, TABA s’installe dans des locaux à Heisdorf, que la structure occupe jusqu’à la fin de l’année 2014. Après un an et demi d’inactivité, TABA retrouve des locaux dans un ancien moulin de Walferdange en début d’année 2016. À l’intérieur, des jouets en tous genres et pour tous les âges, des jeux de société, des livres… « Tout le monde peut ramener des jouets et autres, sauf des peluches , indique Sylvie Schmit. On s’occupe de les remettre en état si nécessaire avant de les donner à des enfants qui en ont besoin. On travaille étroitement avec les offices sociaux du pays et plusieurs associations.

Pour la dizaine d’anciens consommateurs de drogue ou des consommateurs stabilisés, venir ici c’est une bouffée d’air. Ils viennent sans contrainte, parce qu’ils ont envie de travailler deux, trois ou quatre heures. Il n’y a aucune obligation. Ils s’occupent. Ils se sentent apaisés ici. On parle d’autre chose que de la toxicomanie. Il n’y a que du positif. »

Venue vendredi à TABA pour la troisième fois afin de donner un coup de main, Kim, éducatrice diplômée à Abrigado, complète en soulignant : « Quand on parle de TABA avec eux à Abrigado, ils ont le sourire et sont fiers de participer à cette initiative. Entre nous, les choses se passent aussi différemment qu’à Luxembourg. Ici, la parole se libère. On discute de choses privées et aussi de la drogue, mais de manière différente. »

Faisant une pause après une heure de tri de Playmobil, une ancienne consommatrice d’héroïne confirme : « C’est mieux de venir ici que de faire n’importe quoi à la maison comme boire ou fumer des joints. J’essaie de venir trois fois par semaine. Il y a certains jours, j’arrive avec des larmes dans les yeux, mais elles disparaissent dès que j’entre dans les locaux. Ici, je me sens bien. Il y a du monde, on a des conversations. Et je me sens utile aussi. Quand on donne des jouets aux enfants dans le besoin, on voit des sourires et de la joie. C’est beau. »

Guillaume Chassaing

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.