Après avoir longtemps cherché à en obtenir et se les être fait voler, le pays produit ses propres masques chirurgicaux grâce à Santé Services et sa ligne de production lancée à toute vitesse.
Solidarité. Le mot trouve toute sa signification dans l’épreuve que nous traversons actuellement, selon le Premier ministre Xavier Bettel, qui visitait mardi en compagnie du ministre des Classes moyennes et du Tourisme, Lex Delles, Santé Services S.A. qui produit des masques chirurgicaux «made in Luxembourg». À la base de ce projet, la solidarité toujours et le besoin de ne pas avoir à dépendre des marchés classiques d’approvisionnement de masques.
Au début de la crise, l’entreprise était chargée de coordonner l’approvisionnement d’articles de première nécessité pour les besoins du groupe des Hôpitaux Robert-Schuman avant d’élargir ses services aux maisons de soins, aux cabinets médicaux et à divers acteurs économiques et industriels. Mi-mai, la plateforme MedLogistics.lu est mise en place. Face à la demande croissante et aux difficultés d’approvisionnement en matériel, l’entreprise est devenue son propre fournisseur. Une ligne de production de masques a été mise en place dans l’ancien atelier de reliure du groupe Saint-Paul avec une machine venue de Chine. Les premiers masques produits ont été mis en vente au mois d’août dans une grande chaîne de supermarchés luxembourgeois. D’autres sont distribués aux Hôpitaux Robert-Schuman et aux acteurs soutenus par la plateforme.
Les premiers masques produits sont des masques chirurgicaux, mais des masques FFP2 devraient suivre une fois qu’ils auront obtenu les certifications nécessaires. Rien n’est fait à la légère, comme les deux ministres, charlotte sur la tête et masque sur le visage, ont pu s’en rendre compte mardi. Maîtriser la production de masques signifie également en maîtriser la qualité et «ne pas être à moyen ou à long terme coincé entre les États-Unis et la Chine», selon Xavier Bettel, qui ajoute : «Ce que vous faites nous rassure, car nous savons que nous avons une partie de notre production de masques dans le pays. D’où le réflexe que nous avons eu avec le ministre Lex Delles de trouver aussi rapidement que possible des solutions pour encourager les entreprises à produire des masques ou de la solution hydroalcoolique. (…) Ceci est une partie du modèle de réussite luxembourgeois.»
Un soutien financier de 200 000 euros
Pour la mise en place de la première ligne de production, Santé Services a bénéficié d’un soutien financier de 200 000 euros du ministère des Classes moyennes. «Nous avons décidé avec le gouvernement de soutenir financièrement jusqu’à 100 % de la totalité des frais engagés par les entreprises qui apporteraient des solutions complètes pour pallier la pénurie de masques ou de gel hydroalccolique», a précisé Lex Delles.
«Pour nous, il était hors de question de lésiner sur le budget, poursuit le Premier ministre. Cette crise a un coût qui va croissant, mais il nous importe d’éviter le pire. Quand je compare nos chiffres à ceux des pays étrangers, je préfère que le pays atterrisse sur une liste noire en raison du nombre de tests pratiqués plutôt que de remplir les soins intensifs de malades. Je préfère que les chiffres de notre budget ne soient pas bons. Nous avons fait un emprunt qui permet à moyen terme à notre économie de survivre et à long terme de redevenir plus prospère.» Xavier Bettel a également fait référence au besoin d’indépendance du Luxembourg au milieu de pays plus grands que lui qui lui manquent parfois d’égards.
La première ligne de production produit 20 000 masques par jour, soit cinq millions de masques par an ou 28 masques par minute. Les capacités peuvent être augmentées à 90 masques par minute en cas de besoin accru. Elle produit des masques pour les besoins de tous les jours et des masques pour les blocs opératoires. Leur efficacité de filtration est de 95 % et 98 %. Les résultats au test de filtration BFE (Bacterial Filtration Efficiency) en attestent. Des tests de respirabilité, de propreté microbienne et de tolérance cutanée ont également été réalisés dans le but (atteint) d’obtenir la norme européenne de référence en la matière ainsi que le label «Made in Luxembourg».
Pour continuer dans l’esprit de solidarité, en octobre, les boîtes de 50 masques vendues en grande surface deviendront roses à l’occasion de l’initiative Octobre Rose. Un euro sur leur prix d’achat sera reversé à la recherche contre le cancer du sein.
Sophie Kieffer