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Vendanges au Luxembourg : un cru prometteur


La France est le deuxième producteur de vin au monde (46,6 millions d'hectolitres en 2020) juste derrière l'Italie. (Photo d'illustration Fabrizio Pizzolante)

C’est une curiosité. Cette année, les vendanges, qui seront lancées lundi ou mardi, ne débuteront pas avec le rivaner, mais avec l’auxerrois, plus précoce que d’habitude.

Que d’eau ! Toute la semaine, il est tombé des cordes sur tout le pays et, cette fois, la Moselle n’a pas été épargnée. «Ce qui est impressionnant, c’est que malgré toute cette pluie, l’eau n’a pas créé de ravines, parce qu’elle a été tout de suite absorbée par la terre tellement elle était sèche. Une vraie éponge!», s’étonne Henri Ruppert (Domaine Ruppert, à Schengen).

À l’aube des vendanges, la tension est montée d’un cran chez des vignerons qui ont regardé le ciel d’un œil, tout en scrutant les grappes presque mûres de l’autre. Car avec cette météo, il y a un risque : celui que «les raisins se gorgent d’eau, grossissent trop vite, puis éclatent», craint le vigneron Marc Berna (Caves Berna, à Ahn). Car la vigne n’a pas encore cessé de croître, cela se voit à la couleur des feuilles qui est toujours d’un vert éclatant.

Heureusement que les nuits sont fraîches

Outre le manque à gagner que représenteraient ces raisins perdus, le risque est de voir la pourriture proliférer sur les grappes meurtries. «Si nous avions trois ou quatre jours avec des températures de 25 °C, les raisins éclateraient, soutient Henri Ruppert. Notre chance, c’est qu’il ne fait pas aussi chaud et que les nuits sont fraîches, autour de 10 °C.»

Heureusement, jusqu’à présent, les vignerons n’ont donc pas observé de foyers de maladie. «Ça va encore, les raisins n’ont pas éclaté, souffle Marc Berna. Mais il faut attendre, on ne sait jamais comment le cep va réagir.» Le jeune vigneron reste toutefois optimiste, il estime que si aucun problème ne survient la semaine prochaine, «ce sera bon».

Cette semaine, justement, sera celle du vrai début des vendanges. Jusque-là, Marc Berna n’a récolté qu’une parcelle de jeunes vignes d’auxerrois. Contrairement à l’habitude qui veut que c’est avec le rivaner que l’on commence la récolte, ce sont donc les vignes plantées d’auxerrois qui seront vendangées les premières. «C’est assez inhabituel, mais c’est lui qui est mûr le premier, avance-t-il. D’ailleurs, cette année, il était déjà en avance lors de la floraison.»

Moins d’acidité avec la chaleur de l’été

Plus au sud, Henri Ruppert a fait le même constat : «Le goût des raisins le dit et les analyses le confirment, les auxerrois sont mûrs et il faut les ramasser.»

Ce ne sera toutefois pas le seul cépage à occuper les vendangeurs, puisque les raisins qui entreront dans la composition du crémant ne vont pas tarder non plus à entrer en cave. «Nous allons également vendanger le pinot blanc qui servira au vin de base. Pour les crémants, nous n’avons pas besoin de raisins avec des taux de sucre élevés. En fait, ils ont déjà les degrés Oechsle nécessaires aujourd’hui», indique Henri Ruppert.

Il convient donc de ne pas tarder, car les taux d’acidité, eux, sont bas et que ce sont eux qui font la colonne vertébrale des crémants. «C’était déjà le cas avant la pluie, puisque la chaleur brûle l’acidité sur pied. Sur ce point-là, nous sommes dans la configuration de 2003, l’année de la canicule.»

Déambulant dans des vignes gorgées d’eau en goûtant les grains à la volée, Marc Berna se réjouit de la qualité de ce qu’il picore et de ce qu’il voit. «Les raisins que j’ai vendangés ces jours derniers étaient vraiment excellents : un taux de sucre très élevé, un taux d’acidité correct… C’est vraiment très bon !», se félicite-t-il.

Henri Ruppert pense également qu’il n’est pas interdit de prévoir que cette année sera remarquable pour le vignoble : «Si la pluie s’arrête et que dans les quinze jours à venir nous avons le temps de laisser mûrir les raisins, et à condition de faire plusieurs passages dans les vignes pour ne récolter que les raisins parfaitement mûrs, nos vins de terroir vont promettre énormément.» C’est ce qui s’appelle mettre l’eau – pardon, le vin – à la bouche !

Erwan Nonet

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