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Vendanges : «2019, compliqué jusqu’au bout»


Le plafond est bas, en ce moment, au-dessus des vignes. (photo Erwan Nonet)

Les vignerons savaient que les vendanges seraient dures, mais pas à ce point. Les conditions météo sont mauvaises et cela n’arrange ni les hommes ni les raisins.

Depuis le week-end dernier, c’est un peu toujours la même image. Des nuages aux tonalités de gris infinies qui déferlent par l’ouest, portés par une petite brise, qui finissent par déverser leur trop-plein d’eau sur les coteaux. Ce ne sont pas des grosses pluies, on s’imagine davantage sous les bruines du bord de l’océan Atlantique que sous les orages du sud de la France. Rien à voir, par exemple, avec le déluge qui s’était abattu sur Greiveldange le 1er juin 2018 et avait noyé tout le centre du village.

Mais ces averses sont récurrentes, usantes. Journée après journée, cela sape un peu le moral et le physique des vendangeurs. Travailler dans les fortes pentes des vignes sur une terre qui glisse sous les crampons des bottes, les doigts crispés sur le sécateur, camouflés sous les imperméables, ce n’est pas vraiment la définition d’une partie de plaisir.

Pour les vendangeurs, c’est dur. Et pour les vignerons, ça l’est aussi. Premier constat : «Les raisins ont encore moins de jus que ce qu’on pensait», regrette Jean-Marc Schlink (domaine Schlink, à Machtum). Et puis, on sent bien que les vendanges se jouent en contre-la-montre. «Il faut aller vite parce que l’on voit que certaines parcelles sont touchées par la pourriture et elle se développe rapidement avec toute cette humidité, soupire-t-il. C’est pour cela que j’ai préféré récolter mon pinot gris un peu plus tôt que prévu et, de toute façon, il a déjà 95° Oechsle (NDLR : le taux de sucre), ce qui est très bien !».

Et pourtant, les raisins sont beaux

Les prévisions météo estiment que cette pluie pourrait durer jusqu’au milieu de la semaine prochaine. Si elle pouvait s’arrêter, cela ferait plaisir à tout le monde. «Au moins, nous pourrions faire un premier passage dans les rieslings, couper tout ce qui est abîmé et laisser mûrir tranquillement ce qu’il reste», confie le jeune vigneron. Car, c’est le paradoxe, les raisins qui entrent en cave sont très intéressants. Avec un peu de chance, les rieslings, derniers raisins à être vendangés, pourraient même être particulièrement beaux.

L’autre problème causé par la pluie, c’est qu’en vendangeant les raisins, on ramène de l’eau dans les pressoirs, ce qui dilue les moûts. «Lorsque l’on presse des raisins mouillés, on peut compter environ 3° Oechsle en moins, souligne Max Mannes (domaine Häremillen, à Ehnen). Mais nous vendangeons essentiellement ceux pour les crémants en ce moment, et cela n’a pas beaucoup d’impact sur le résultat final.» Ce qui n’empêche pas, bien sûr, de tout faire pour ne pas noyer les grappes dans les bacs, notamment en les recouvrant d’un couvercle pour protéger la cargaison pendant le transport.

«Cette année aura été compliquée jusqu’au bout, il s’est passé beaucoup de choses imprévisibles…», soufflait Jean-Marc Schink. Avec le gel, la canicule et la pluie pendant les vendanges, il ne manquerait plus qu’une pluie de grenouilles et des nuées de sauterelles pour que la collection soit complète. «Un vieux vigneron du village m’a dit qu’il n’avait jamais vu une année aussi belle qu’en 2018, mais jamais non plus une aussi difficile que 2019 !», souriait Max Mannes. En une phrase, tout est parfaitement résumé.

De notre collaborateur Erwan Nonet

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