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Vélo-voiture : « Il faut inverser le modèle »


La piste cyclable qui va accompagner tout le tracé du tram (jusqu'à la Cloche d'or à terme) est citée en exemple par la LVI. (photo Tania Feller)

La présidente de la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (LVI) revient sur les avancées des dernières années, et les défis à venir en matière de mobilité douce.

Quel bilan tire la LVI de la dernière année de mandat du gouvernement ?

Monique Goldschmit : Il ne nous appartient pas de donner des notes aux politiciens, nous sommes une association indépendante. Toutefois, c’est la règle, nous invitons toujours le ministre en charge des Transports lors de la dernière année de son mandat. François Bausch est venu défendre son bilan fin janvier, devant le public de la LVI. De son intervention, je retiens que « seulement » 27 kilomètres de pistes cyclables ont été réalisés durant le mandat. Mais que, dans le même temps, l’équivalent de plus de 200 kilomètres de projets ont été signés ! Conclusion : même avec un ministre volontaire sur la question (NDLR : déi gréng), les projets de pistes cyclables sont lourds à porter, et mettent du temps à se réaliser. Trop de temps à notre goût…

Des projets phares ont vu le jour ces dernières années : la piste cyclable sous le pont Adolphe, c’était audacieux non ? Idem pour la piste cyclable tout le long du trajet du tram au Kirchberg !

C’est vrai. Et les projets que vous citez correspondent à la mentalité qu’il faut avoir pour prétendre être vraiment moderne dans la multi-mobilité : ne pas hésiter à prendre de la route aux véhicules motorisés, en faveur des piétons et des vélos. Ajoutez à cela l’aspect pratique de la multiplication des moyens de transports connexes (ascenseur du Pfaffenthal, tram, train, etc.), vous obtenez une mobilité alternative efficace.

Mettons les pieds dans le plat : n’avez-vous pas peur, en cette année d’élections législatives, de voir François Bausch partir au profit d’un ministre plus timide sur la place du vélo ?

Nous avons vu des dossiers avancer, c’est certain. Mais ce qui est important, pour répondre franchement, c’est qu’il y ait une transmission des dossiers quel que soit le résultat des urnes. C’est notre rôle d’y contribuer. Avec les changements politiques dans les communes, depuis novembre, nous voyons déjà de nouveaux visages. Nous proposons aux élus des séminaires pratiques, pour leur expliquer clairement les défis de la mobilité en vélo.

Il y a des dossiers qui seront prioritaires ces prochaines années : d’un point de vue travail, la liaison Belval-Esch-Luxembourg (NDLR : projet d’autoroute à vélo sur le modèle allemand de la Ruhr) est une nécessité. D’un point de vue loisir, la prolongation de la liaison Troisvierges-Clervaux jusqu’à Luxembourg est très importante aussi. Notre rôle, c’est d’interpeller les décideurs sur les enjeux de terrain.

Quel est votre message politique en cette année électorale ?

Il faut inverser le modèle vélo-voiture. Ce n’est pas une provocation que de dire ça, mais du pragmatisme. Dans chaque projet d’urbanisme, la mobilité douce (NDLR : piétonne aussi) doit primer. Évidemment que la voiture ne va disparaître demain. Mais nous parlons d’une question de juste place… Même à l’arrêt d’ailleurs ! Tous ces véhicules qui mangent de l’espace urbain parce qu’on veut être stationné juste en bas de chez soi, c’est de l’espace en moins pour les piétons, les vélos et les espaces naturels.

Changer les mentalités n’est pas une utopie : nous avons appris que l’ensemble du trajet du tram, de la Cloche d’or au Kirchberg, sera en fait doublé par une piste cyclable. Voilà un projet ambitieux. Il faut encore étendre cette mentalité en dehors de la capitale : les liaisons en vélo entre les villages du pays sont toutes aussi importantes.

Entretien avec Hubert Gamelon

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