Cette pratique venue du Japon mêle méditation et promenade en pleine nature pour relaxer profondément le corps et l’esprit. Séance découverte près de Manternach.
En déposant symboliquement un long bâton au sol à l’orée du bois, notre guide, l’éducatrice nature Marieke Kremers, prévient : en franchissant ce point, on pénètre dans l’atmosphère de la forêt et notre méditation débute. Le silence se fait au sein du groupe, qui s’enfonce peu à peu dans les feuillages.
Les quatre participantes du jour se sont inscrites auprès du centre nature et forêt A Wiewesch de Manternach pour vivre cette expérience étonnante proposée depuis un an maintenant. Ainsi, Dominique, 59 ans, revient déjà pour la deuxième fois, après un baptême qui l’a conquise : «Pour moi, c’est une façon de profiter de l’instant présent sans être encombrée par mes pensées. Mon travail dans une banque est un peu stressant, donc c’est parfait pour me détendre et aussi voir la nature sous un autre point de vue», confie-t-elle.
Après quelques pas au calme dans les sous-bois, le groupe découvre un endroit qui a spécialement été aménagé pour la séance, avec de grands hamacs tendus entre les arbres. «Chacune peut s’y installer librement pour profiter d’un moment pour soi», explique Marieke Kremers, après une première séquence de relaxation guidée par sa voix. Des instants suspendus, dans le bruissement des feuilles et les gazouillis des oiseaux.
Le bain de forêt, ou «shinrin yoku» en japonais, consiste en effet à s’immerger complètement dans la nature en mobilisant l’ensemble de ses sens. Mise au point par le chef de l’administration forestière du Japon dans les années 1980, cette pratique qui peut sembler insolite offre pourtant une multitude de bienfaits constatés par de nombreuses recherches scientifiques.
De multiples bienfaits pour notre santé
«D’abord, les études montrent que, rien qu’en voyant la nature, le cortisol et l’adrénaline, les hormones du stress, diminuent dans le corps», explique l’éducatrice nature, qui ajoute que ça marche même avec une simple image.
«Ensuite, respirer l’air de la forêt est très bénéfique : les terpènes, ces substances par lesquelles les arbres et d’autres organismes vivants communiquent entre eux, nous affectent et renforcent notre système immunitaire», poursuit-elle. «Et si nous passons plus de deux heures en pleine nature, l’idéal étant une journée, un effet appelé biophilie se produit : nous nous sentons chez nous, avec un effet positif à long terme sur notre santé.»
La clé, selon Marieke Kremers, est de parvenir à ne rien faire et à vider sa tête. Et ce n’est pas si facile! Pour aider les débutants, elle a donc des petites astuces : se concentrer sur sa respiration par exemple, ce qui est essentiel pour le relâchement, ou encore chercher quelque chose de précis, en pensée – sa fleur ou son arbre préféré. Elle conseille aussi de voir les pensées qui nous envahissent avec bienveillance, comme des nuages qui ne font que passer. Enfin, marcher dans la forêt aide beaucoup à atteindre cet état de pleine conscience, le mécanisme de détente le plus puissant dont on dispose.
Au fil des exercices, les visages se décrispent. Les corps tendus s’apaisent. En sortant de ce bain de forêt, les participantes se sentent complètement relâchées et comme revitalisées. Plusieurs ont prévu de revenir : le centre nature et forêt A Wiewesch propose des bains en forêt une fois par mois et des séances spécifiques sont aussi organisées pour recevoir les familles avec enfants.
Prochaines séances les 16 septembre, 15 octobre, 11 novembre et 9 décembre, de 14 h à 16 h. En luxembourgeois et anglais. Participation gratuite. Inscriptions par téléphone au 24 75 65 03.
Comment rencontrer un arbre
Voici un exercice facile à reproduire soi-même en forêt, décrit par Marieke Kremers : «Autour de nous, il y a beaucoup d’êtres vivants, des plantes, des animaux. Engageons-nous dans une rencontre avec un arbre. Regardez d’abord l’arbre de loin et saluez-le, à voix haute ou intérieurement. On peut alors s’approcher, le regarder en détail, poser sa main sur son écorce en se concentrant sur ses sensations. Puis, on peut entourer l’arbre de ses bras, s’y appuyer avec son dos, ou tout simplement s’asseoir devant lui. Il suffit ensuite de se relaxer en décidant de ne penser à rien durant dix à vingt minutes : les personnes sont toujours surprises de l’effet que cela produit!»
Christelle Brucker