Victime en février dernier d’un accident sur l’A6 dû à un automobiliste roulant à contresens, Kaan Tombul (18 ans) raconte.
Kaan Tombul n’est pas près d’oublier cette nuit du samedi 20 au dimanche 21 février dernier. Après une soirée à Luxembourg avec des amis aux Rives de Clausen, le jeune homme de 18 ans, qui « n’a bu qu’un verre (d’alcool) ce soir-là », reprend sa voiture sur le coup de 2h15. Direction Strassen « pour déposer une amie ». Après cette halte, il reprend la route pour rentrer chez lui à Hobscheid.
« Il n’y avait personne sur l’autoroute (l’A6), je roulais tranquillement sur la voie de droite en respectant la limitation de vitesse , raconte Kaan Tombul. À un moment, je réglais mon poste de radio… Et tout à coup, j’ai vu des phares en face de moi… » C’est une voiture qui circule à contresens sur la voie de gauche de l’A6 au niveau de la sortie Mamer. « Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur ni même de freiner. » Les deux voitures s’entrechoquent au niveau des deux côtés conducteur. La voiture de Kaan Tombul fait un tour sur elle-même pour se retrouver dans le bons sens contre le terre-plein central de l’autoroute.
« Je suis tout de suite sorti de ma voiture par la vitre côté conducteur, indique le jeune homme, qui va passer son bac G à l’Athénée en fin d’année scolaire. Je suis allé voir l’autre voiture pour voir si le conducteur était blessé. Il allait bien et m’a dit : « Je me casse, tu te casses »… Une autre voiture est arrivée et s’est arrêtée. C’était un couple. L’homme travaille pour la Protection civile. Il a appelé les secours et la police. Je suis allé m’asseoir derrière la barrière de la bande d’arrêt d’urgence. Il m’a fallu dix-quinze minutes pour réaliser ce qui s’était passé… »
«Le bruit, je l’entends encore»
Entre-temps, deux policiers arrivent sur place. Ils font passer un test d’alcoolémie aux deux conducteurs. « J’avais 0,18 g/l, révèle Kaan Tombul. Pour l’autre conducteur, cela a été compliqué. Il a eu besoin de six ou sept tentatives avant d’arriver à souffler. Il était positif à 1,80 g/l. Après, pour le test de drogue (NDLR : une bandelette sur la langue), il soufflait… Et puis, on ne comprenait pas vraiment ce qu’il racontait. Il était totalement bourré. Tout ça était assez drôle… »
L’autoroute est complètement bloquée pour enlever les innombrables morceaux de verre présents sur le bitume. Entaillé légèrement au visage et à un poignet, Kaan Tombul est examiné, mais n’est pas emmené à l’hôpital. Il discute avec les policiers. « Ils me disent que l’autre automobiliste a réussi à entrer à contresens sur l’autoroute au niveau de la sortie de Mamer, confie le lycéen. C’est vraiment un comportement inexplicable. »
Pendant que le conducteur ivre quitte les lieux dans une voiture de la police grand-ducale direction le commissariat et une cellule de dégrisement, Kaan Tombul monte dans la dépanneuse qui a pris en charge sa voiture. À Foetz, il reprend la route avec une voiture de prêt et arrive chez lui à Hobscheid, vers 5h30. Le dimanche après-midi, sa mère l’accompagne aux urgences du Kirchberg. « J’ai passé une IRM de la tête et du corps, indique-t-il. Elle n’a rien décelé. Mais mes oreilles ont sifflé pendant un certain temps. » Encore aujourd’hui, ce qui l’a le plus marqué dans cet accident et ce dont il se souvient le plus, « c’est le bruit effroyable qu’il y a eu lors du choc. Je n’arrive pas à le décrire, mais je l’entends encore. »
Rien d’autre à signaler. Kaan Tombul a très vite repris le volant. « Un accident comme celui-là ne peut arriver qu’une fois dans une vie », estime-t-il. Mais a-t-il changé son comportement sur la route ? « Je conduis sans appréhension, mais cet accident a eu un impact, répond celui qui a obtenu son permis en août dernier. J’ai toujours été un conducteur prudent, mais je le suis encore plus aujourd’hui. Je fais plus attention aux autres, surtout la nuit et le week-end. Cet accident a aussi marqué mes amis qui font également plus attention sur la route. »
Envers l’autre conducteur, Kaan Tombul n’a aucune animosité ni esprit de vengeance, mais il ira assister au procès de l’individu, parce que cela l’ « intéresse de savoir ce qui s’est passé » avant d’assurer qu’il est aujourd’hui « vraiment passé à autre chose ».
Guillaume Chassaing