Dans la cour de l’ancienne bibliothèque, la mangaka luxembourgeoise Sabrina Kaufmann a séduit le public en réalisant des portraits à la minute façon manga.
Confortablement installée dans un gros fauteuil au milieu d’un décor feutré, style bibliothèque à l’ancienne, Sabrina Kaufmann est dans son élément : crayon en main, la mangaka – c’est ainsi qu’on désigne un auteur de bande dessinée japonaise – s’applique à tirer le portrait de ceux qui viennent à sa rencontre, mais à sa façon.
C’est donc sous les traits d’un personnage qui semble tout droit sorti d’un manga qu’elle dessine Eva, 7 ans, venue de Lorentzweiler avec ses parents pour découvrir l’installation D’Stad liest, événement estival imaginé par la Ville de Luxembourg et la Cité bibliothèque. C’est dans ce cadre que l’autrice de BD japonaise a été invitée à prendre part à une semaine spéciale consacrée à la bande dessinée.
Penchée sur l’imposant bureau, Sabrina noircit les cheveux de son modèle au feutre : «Je trace d’abord une esquisse au crayon pour avoir les traits les plus importants du visage», explique-t-elle, sans lever le nez de sa feuille. «Puis, j’ajoute tous les détails au moment de l’encrage.» La petite Eva repart ravie, son dessin à la main. «C’est une drôle d’expérience de se voir en mode manga! En général, les enfants adorent et les adultes aussi», ajoute la jeune femme, qui propose d’habitude cette prestation lors de conventions ou de festivals.
À 26 ans, cette mangaka prolifique déjà auteure d’une douzaine d’ouvrages, est bien connue du public luxembourgeois et a de nombreux fans. Parmi eux, Mandy, 17 ans, venue de Schifflange avec sa maman et sa sœur pour rencontrer l’illustratrice : «J’ai découvert l’univers manga il y a trois ou quatre ans grâce à une de mes amies. Je me suis mise à lire beaucoup, à regarder des animes et je dessine aussi mes propres personnages. Je suis Sabrina sur les réseaux sociaux et j’adore son travail», confie la jeune fille qui compte maintenant encadrer son joli portrait dédicacé dans sa chambre.
Pour la mangaka, ces rencontres sont très enrichissantes : «Échanger avec les fans et les gens qui ne connaissent pas encore mon travail est un vrai plaisir et j’en retire parfois de nouvelles idées. Ce contact m’a beaucoup manqué ces derniers mois, alors que tous les événements auxquels j’avais prévu de participer ont été supprimés», raconte-t-elle.
Elle lance sa propre marque de vêtements
Cet été, Sabrina n’a pas pris de vacances, bien au contraire : «Ça a été plutôt intensif puisque je viens de lancer ma propre marque de vêtement, Himesama, et ma boutique en ligne! J’ai déjà des commandes, dont certaines pour des clients étrangers. Ça démarre bien», se réjouit la jeune entrepreneuse, qui collabore avec le graphiste Loïc Artieri pour cette nouvelle aventure. Ses illustrations originales en dessin traditionnel s’affichent ainsi sur différentes pièces comme des T-shirts, des sweats à capuche, des tote bags, etc. Et la rentrée s’annonce chargée puisqu’une nouvelle collection sur le thème des signes du zodiaque sera disponible dès septembre.
Un nouveau challenge parmi d’autres pour cette hyperactive qui n’aime pas s’ennuyer : après dix ans à dispenser des cours de dessin, elle prévoit désormais de se tourner exclusivement vers une activité de coaching destinée aux jeunes talents. «Le but est d’accompagner des artistes qui ont un projet artistique, mais qui ne connaissent pas encore les arcanes du métier et le volet business», explique celle qui partage ses conseils sur sa chaîne YouTube.
Enfin, côté manga, les fans attendent impatiemment la suite de sa série Illustrated Fairytales, qui met en scène différents contes des frères Grimm ou d’Andersen et dont le premier tome a été publié en 2019 grâce à une campagne de crowdfunfing. Cette fois, la jeune mangaka s’est concentrée sur l’œuvre d’Andersen : «J’ai beaucoup étudié la façon dont sa propre vie a influencé son œuvre. Il me reste encore une centaine de pages à dessiner», précise Sabrina Kaufmann, ajoutant que cette suite d’Illusfairy devrait paraître en juillet 2022.
La BD à l’honneur vendredi et samedi
Cette semaine spéciale se poursuit demain avec une rencontre avec le scénariste de bande dessinée Lucien Czuga, auteur de la série Superjhemp, le célèbre antihéros luxembourgeois. Lors d’une soirée intimiste, il reviendra sur la genèse de cette fabuleuse aventure qui remonte aux années 1970 et évoquera sa collaboration de longue date avec son partenaire Roger Leiner, dessinateur et caricaturiste. Rendez-vous à 19 h 30 dans la cour de l’ancienne bibliothèque, rue Notre-Dame à Luxembourg. Billets (gratuits) à réserver sur luxembourg-ticket.lu.
Samedi, place au dessinateur et illustrateur luxembourgeois Andy Genen, plus connu sous le pseudo -ND!-, qui animera un atelier de bande dessinée pour les enfants à partir de 10 ans. Il est notamment le créateur de la série Tow & Tank qui se déroule dans un univers postapocalyptique cartoonesque. Rendez-vous de 13 h 30 à 17 h 30, dans la cour de l’ancienne bibliothèque, rue Notre-Dame à Luxembourg. Réservation (gratuite) via la Cité bibliothèque par e-mail à tuffi@vdl.lu.
Christelle Brucker