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Salle de shoot : Esch signe et assume


La salle de consommation de drogue encadrée se trouvera route de Luxembourg, derrière ce bâtiment. (Photo : Alain Rischard)

Le conseil communal a validé, vendredi, le projet de salle de consommation de drogue. Les élus espèrent que d’autres villes, notamment dans le Sud, vont prendre leurs responsabilités.

Esch-sur-Alzette se dotera bien d’une Fixerstuff. Les élus y voient un enjeu de lutte contre la toxicomanie.

Le débat est clos. Tout le conseil communal d’Esch-sur-Alzette a voté oui à l’ouverture d’une salle de consommation de drogue, vendredi. Consommation encadrée bien sûr, par un personnel qualifié : médecins, assistants sociaux, psychologues. Une structure sur le modèle de la salle de Luxembourg, sauf qu’à Esch-sur-Alzette, on ne dira pas Fixerstuff, mais Contact Esch. Ça fait plus propre.

Du CSV à déi Lénk, toute la classe politique a donc accepté le principe d’une salle de shoot. Chacun y est allé de ses justifications. Au LSAP, Taina Bofferding s’est faite la voix des spécialistes. «Le directeur de la Jugend- an Drogenhëllef [fondation qui gèrera la salle] nous l’a dit : les gens qui se piquent dans la rue font ça à la va-vite, multipliant les dangers sanitaires. Certains drogués, complètement égarés, ne savent même plus comment s’injecter leur dose…»

«Certaines villes n’assument pas»

Du côté du CSV, André Zwally a mis en avant une aspiration sociale. «Les toxicomanes rencontrent des problèmes dans leur vie, nous devons les aider. Que l’on soit bien d’accord : il s’agit de résoudre un problème, pas de l’accepter.» L’élu a toutefois émis un bémol sur le taux de fréquentation du futur centre. «Certaines villes du pays n’assument pas leur rôle social. Elles observent ce qui se fait ailleurs et payent des tickets de bus à leur population à problème.

Dans la lutte contre la toxicomanie, chacun doit s’impliquer. Esch n’a pas vocation à devenir le centre d’accueil de tout le sud du Luxembourg.» Petit tacle au passage aux maires «de gauche» des villes voisines,« qui en font moins pour le social que l’opposition CSV d’Esch».

Daniel Codello, l’échevin à l’intégration et à la jeunesse, a salué la décision. «Nous lançons un message fort : Esch prend ses responsabilités.» C’est plutôt vers le nord du pays qu’il regarde, lui, en incitant les élus des zones plus rurales à sortir de leur inertie face à la toxicomanie. «À Esch, cela fait un bout de temps que toute la classe politique a trouvé un consensus.» Le choix de l’emplacement bloquait en revanche.

Aux dires de certains élus, une première esquisse consistait à regrouper la Fixerstuff avec le foyer d’accueil d’urgence Abrisud, non loin de la gare. Une piste finalement abandonnée. Heureusement, a-t-on envie de dire, car rien ne justifie un lien automatique entre toxicomanie et précarité.

Le Contact Esch sera construit route de Luxembourg, entre le supermarché Cactus et la Kulturfabrik. Les travaux s’élèveront à 2,1 millions d’euros avancés par la commune, puis remboursés selon un plan pluriannuel par l’État. Un délai de réalisation «maximum de trois ans» a été fixé.

Hubert Gamelon

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