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Rencontre dans les rues d’Esch-sur-Alzette : « L’accordéon, c’est ma vie »


Merisor vit «au jour le jour», mais toujours avec son accordéon. (photo DR)

Ionel Costache, alias Merisor, sillonne les rues d’Esch-sur-Alzette avec son accordéon. Les raisons de sa venue au Grand-Duché, sa vie de tous les jours, ses déboires, son avenir… L’accordéoniste roumain de 48 ans se confie.

Les notes de la ballade Sous les ponts de Paris résonnent en plein milieu de la rue de l’Alzette de la Métropole du fer. Si la plupart des passants n’y font pas attention, certains s’arrêtent et fredonnent l’air joué par l’accordéoniste Ionel Costache, alias Merisor («la petite pomme»). Parfois, certains spectateurs tentent de discuter avec le musicien. « C’est mon plus grand chagrin , confie Merisor. Comme je ne parle pas luxembourgeois ni français, je n’arrive pas à communiquer avec eux. J’aimerais tellement pouvoir pour me faire des amis ici. »

Originaire de la région d’Ialomita (Roumanie), Ionel Costache a joué ses premières notes au Grand-Duché au courant de l’été 2014. « Je vis à Longwy , raconte le Rom de 48 ans. Je joue parfois en Allemagne et en Belgique. Mais j’aime bien venir à Esch-sur-Alzette parce que les Luxembourgeois sont gentils et généreux. »

Sa musique peut lui rapporter entre 20 et 30 euros par jour. « J’utilise entre 5 et 6 euros pour manger et j’envoie le reste à ma femme malade, mes deux filles et mon garçon qui sont restés en Roumanie , explique-t-il. J’y retourne tous les quatre mois, parce qu’ils me manquent trop. »

«Quel mal faisons-nous?»

Le problème est que Merisor n’a pas d’autorisation pour jouer dans la rue et, en début d’année, il s’est fait confisquer son accordéon par la police à Luxembourg. Grâce à l’aide d’un résident eschois, il a pu le récupérer quelques mois plus tard.

« Mon accordéon, c’est toute ma vie, j’en joue depuis l’âge de 12 ans et je remercie de tout mon cœur l’homme qui m’a aidé , indique l’artiste. Je suis prêt à payer un impôt pour pourvoir jouer dans la rue. » Il poursuit en revenant sur la polémique relative à la mendicité de l’été dernier : « Quel mal faisons-nous? À quel point sommes-nous un problème? S’il y des mendiants qui créent des problèmes, ils doivent être punis. Pour ma part, je veux juste jouer de l’accordéon et faire plaisir à ceux qui aiment la musique. »

Il continue : « Je préférerais rester chez moi auprès de ma famille, mais je suis venu ici parce que je n’avais pas le choix et je ne suis pas le seul dans ce cas. En Roumanie, les gens sont pauvres et nous n’avons que très peu d’espoir que la situation s’arrange .» Aujourd’hui, Merisor « remercie Dieu d’être en bonne santé et de me laisser aider ma famille ».

Et l’avenir comment le voit-il? « Je vis au jour le jour , répond-il. J’espère pouvoir continuer à jouer de la musique dans la rue ou alors dans un restaurant. Je suis ouvert à tous les projets qui permettront de m’intégrer. Mon métier, c’est artiste. » Il reprend son accordéon et se remet à jouer. Des airs de Noël, cette fois.

Guillaume Chassaing

Obligé de se déplacer

Pour jouer dans les rues d’Esch-sur-Alzette, les musiciens doivent obtenir une autorisation auprès de la commune. Contrairement à Luxembourg, où elle coûte 10 euros, elle est gratuite dans la Métropole du fer.

En revanche, les musiciens eschois sont obligés de se déplacer de 50 à 100 mètres toutes les demi-heures.

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