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Réfugiés : la peur gagne du terrain à Steinfort


Steinfort, qui doit accueillir un "village-container" de réfugiés, craint pour sa sécurité. (illustration DR)

Un collectif d’habitants de Steinfort s’est constitué pour empêcher l’installation de containers devant accueillir des réfugiés.

C’est un texte mélangeant peur et raccourcis simplistes qui a été diffusé, jeudi soir, par la nouvelle initiative citoyenne Keen Containerduerf am Duerf (pas de village de containers dans le village) née à Steinfort.

Le gouvernement compte installer 300 réfugiés parmi les centaines de milliers qui sont déjà arrivés dans l’Union européenne dans un «village de containers» à Steinfort. Les communes de Mamer et de Diekirch verront aussi ce type de village construit sur leur territoire en 2016. Chaque village pourra accueillir au maximum 600 réfugiés «en cas d’urgence» d’après les autorités. Il n’en fallait pas plus pour que la nouvelle Biergerinitiativ monte au créneau. Le débat sur l’accueil des réfugiés est légitime… reste à savoir si les arguments sont crédibles.

Ses membres ne sont pas «contre les réfugiés», mais regrettent le nombre trop élevé de personnes qui risquent d’arriver à Steinfort et de se retrouver dans un «ghetto». Évoquant la tradition d’accueil de la commune pour les diverses populations immigrées, les membres de la Biergerinitiativ réclament une installation «à taille humaine» des réfugiés, pour une meilleur intégration. De plus, le site choisi serait un véritable trésor environnemental qui ne mérite pas d’être ainsi outragé.

Bientôt la guerre à Steinfort ?

Problème : dans le document envoyé à la presse, le discours de l’association est rapidement terni, pour ne pas dire plus, par des passages distillant la peur et la stigmatisation des réfugiés qui risquent bien de cohabiter avec les habitants de Steinfort.

Voici quelques morceaux choisis. Tout d’abord, l’association parle de 600 containers installés et de l’arrivée possible de 2 400 personnes. Des chiffres qui ont de quoi attirer le chaland, d’autant plus si on les met en parallèle avec le nombre d’habitants de Steinfort qui est de 3 000. Pour les membres de l’association, les réfugiés installés à Steinfort, sont «des gens représentant des factions souvent ennemies et ayant des sensibilités religieuses et culturelles différentes étant parfois à l’origine de leurs conflits. Or ces populations seront amenées à être clôturées dans un espace extrêmement confiné, ce qui ne manquera pas d’amplifier des tensions déjà existantes. Tous les conflits planétaires sur un peu plus de 100 ares dans une petite localité de frontière !»

Et ce n’est pas fini, selon eux, «cette concentration sur un espace aussi exigu de gens traumatisés, de culture et de langue très différentes ne permettra pas à ces gens de se sentir chez eux. La conséquence sera des risques de désordre, d’émeutes voire de révoltes et en tout cas d’insécurité».

Autre motif d’inquiétude : «Les autorités ont-elles considéré que la frontière belge se trouve à quelques mètres à peine dudit site, et que les personnes dont la procédure d’asile aurait été refusée risquent de se déplacer, même à pied, en Belgique, et ainsi échapper rapidement, dans un contexte européen de frontières ouvertes, au contrôle des autorités ? Il en va de même d’éventuels malfaiteurs, agitateurs ou terroristes en herbe qui peuvent se cacher dans cette foule de gens.»

Les membres de la Biergerinitiativ demandent si le gouvernement a prévu de construire une mosquée pour permettre à ces réfugiés de prier «cinq fois par jour. À Steinfort.» Ils soulignent aussi que les prières en plein air qui auront forcément lieu dans le «camp» et qui seront effectuées par ces centaines de réfugiés provoqueront des nuisances et gêneront les habitants. «En ce qui concerne le port de la burqa, qui n’est qu’un des problèmes, comment entendez-vous légiférer ?», poursuivent les membres de la Biergerinitiativ à destination du gouvernement.

Le débat sur l’accueil des réfugiés mérite-t-il de tomber aussi bas ?

Laurent Duraisin

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