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Réfugié à Luxexpo : Ahmed se sent « en sécurité »


Ahmed n'a "pas envie de reste ren Europe toute (sa) vie". (Photo G.Ch.)

Arrivé mercredi matin au hall 6 de Luxexpo, Ahmed raconte son périple de 28 jours depuis la Syrie.

Tente numéro 3, Ahmed se réveille doucement. Encore un peu perdu et incontestablement épuisé, le Syrien de 30 ans se sent néanmoins «soulagé» d’être arrivé dans le hall 6 de Luxexpo. Hormis le fait qu’il était « accusé par le régime de Damas d’être un rebelle», Ahmed ne veut pas s’étendre sur les raisons de son départ de Syrie et ce qu’il a vécu ces dernières années là-bas.

Il raconte son périple jusqu’en Europe. L’ingénieur chimiste est parti de Alep avec sa mère Huda (58 ans) et un couple d’amis, le 1er octobre. «On a payé des passeurs 10 000 dollars pour nous quatre, indique Ahmed. On a tout d’abord rejoint la côte ouest du pays et le port de Lattakié. Là-bas, nous sommes montés sur un bateau en pleine nuit. Nous étions entre 35 et 40 personnes alors que l’embarcation était faite pour dix personnes au maximum.»

Le bateau navigue pendant deux heures dans les eaux de la mer Méditerranée pour rejoindre «un énorme navire pétrolier qui était vide». «Nous sommes restés pendant une semaine, poursuit le Syrien. Nous n’avons reçu qu’un seul repas en huit jours et nous n’avions pas trop le droit de sortir sur le pont.»

Bateau, pétrolier, camion, taxi…

Nouveau changement d’embarcation. «En pleine nuit encore une fois, on nous a fait monter sur trois autres bateaux, explique Ahmed. Là, nous avons navigué entre huit et dix jours. Je ne sais plus. J’ai commencé à perdre la notion du temps.» Et enfin, la terre ferme et l’Europe. Laquelle ? Ahmed ne sait pas : «On ne nous a rien dit. C’était peut-être l’Albanie, l’Italie ou la Croatie.» Mais le voyage ne s’arrête pas là. Avec ses amis, sa mère et d’autres Syriens, Ahmed poursuit sa route «dans la remorque d’un gros camion, dans lequel on était cachés par de la marchandise».

Arrêt dans une forêt. Changement de véhicule. Ils embarquent dans des taxis (sept personnes avec le chauffeur). Direction «une gare dans un petit village». Dans quel pays ? «Je ne sais pas, répond Ahmed. On nous a donné des billets de train pour Bruxelles. Quand on est arrivés dans la capitale belge, tous les quatre, nous avons décidé de rallier le Luxembourg. À la gare, nous nous sommes présentés à la police qui nous emmenait ici.»

Pourquoi le Grand-Duché ? «On connaissait le pays depuis nos cours de géographie quand nous étions enfants, confie le Syrien. Le Luxembourg n’est pas surpeuplé, tout est propre et on se sent en sécurité.»

Ahmed et ses compagnons de route ont déjà rempli le premier formulaire auprès de la direction de l’Immigration du ministère des Affaires étrangères et ont «rendez-vous la semaine prochaine» pour entamer les démarches pour leurs demandes de protection internationale.

Comment voit-il son avenir ? «On veut trouver du travail ici ou en Allemagne, indique Ahmed. Mais nous n’avons pas envie de rester tout notre vie en Europe. On a notre maison en Syrie et nous voulons y retourner. Mais pour le moment, nous souffrons trop de la violence dans notre pays.»

Guillaume Chassaing