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Récit d’une luxembourgeoise présente au Stade de France


Michel Clemen (au centre) avec deux de ses amies, vendredi soir au Stade de France. (Photo: DR)

Michelle Clemen, volleyeuse à Steinfort et étudiante à Paris, était dans les gradins du Stade de France, vendredi, lors du match France – Allemagne, au moment où les attentats ont eu lieu.

La Luxembourgeoise de 22 ans raconte comment elle a vécu la soirée, marquée notamment par les attentats suicides aux abords du Stade de France.

Elle n’a jamais paniqué et même deux jours après avoir pris conscience du drame, elle en parle d’une voix posée, presque détachée. Michelle Clemen a pourtant échappé à l’horreur. Vendredi soir, la jeune volleyeuse luxembourgeoise faisait partie des 80 000 spectateurs du Stade de France.

Venue assister au match de football entre la France et l’Allemagne avec des amis allemands, qui comme elle suivent un cursus Erasmus à l’université Paris 2 Panthéon-Assas dans le VIe arrondissement, la centrale de Steinfort a entendu la première explosion au bout d’un gros quart d’heure de jeu, venue de la droite, côté est. Celle qui amorçait le début des attentats revendiqués par l’État islamique contre la plus grosse enceinte sportive française et le Bataclan, dans le XIe arrondissement.

«On croyait que c’était un pétard, quelque chose comme ça. Tout le monde est resté calme dans le stade. Comme il y a quelques quartiers « chauds » à Saint-Denis, ça ne nous a pas plus interpellés que ça», raconte Michelle Clemen qui avait pris place derrière les buts de l’Allemagne en première mi-temps, en tribune haute sud, dans le secteur Y, dernière rangée. «On a entendu une deuxième détonation très vite après, puis la troisième, une dizaine de minutes plus tard. Comme on était placés en hauteur, on avait une vue sur l’extérieur. On voyait un énorme rassemblement de voitures de polices, des gens évacués, les rues en passe d’être bouclées. Des ambulances sont arrivées. On recevait des appels de nos amis, de notre famille, qui voulaient savoir si on allait bien.»

«Tout le monde était sur son téléphone»

Malgré tout, Michelle Clemen et ses amis restent calmes. Dans leur bulle. Mais «en deuxième mi-temps, on sentait que l’ambiance n’était plus la même. Le stade était comme éteint», continue la volleyeuse de Steinfort. «Tout le monde était sur son téléphone. Personnellement, je ne me rendais pas compte de l’envergure de ce qui était en train de se passer. On lisait sur nos iPhone qu’il y avait une dizaine de morts, mais encore une fois, comme on est à Paris, on a cru à un règlement de comptes, une fusillade, un truc comme ça. Mais pas à un attentat d’un groupe islamique.»

La prise de conscience s’est faite progressivement. D’abord, via un message diffusé sur les écrans du Stade de France, à la fin de la rencontre. «On nous expliquait que les portes du secteur est étaient fermées en raison d’un incendie et qu’il fallait se diriger vers les autres sorties», témoigne Clemen, qui a dans un premier temps préféré rester dans les gradins avec ses amis, vu les premiers signes d’affolement. «Quand on est finalement descendus, les gens revenaient des couloirs en courant. Pendant 20 minutes, ils sont restés sur la pelouse. Nous, on est retournés s’asseoir.» Jusqu’au moment où le mouvement de foule, provoqué par l’explosion d’un pétard, s’est dissipé et que les spectateurs tentent à nouveau de quitter l’enceinte. Cette fois, Michelle Clemen et ses amis suivent le mouvement.

«Dehors, il y avait des policiers partout. On se sentait toujours en sécurité. On a essayé de prendre le RER B, mais la ligne était coupée. Une annonce faisait état d’un colis suspect en gare du Nord. Il y avait des femmes en larmes, on sentait que les gens avaient peur.» La jeune femme tente alors de rebrousser chemin, en direction du Stade de France, «mais il y avait trop de policiers». Des cadavres, elle n’en a vu aucun. Aucune trace de sang. «On savait qu’à l’ouest de Paris, les métros étaient en service. On est donc rentrés comme ça dans nos chambres universitaires, traversant Paris du nord au sud.»

Dans une salle commune du campus, situé dans le 14e arrondissement de la capitale française, Michelle Clemen et d’autres étudiants se postent alors devant l’écran de télévision. Il est 2 h. «C’est là que j’ai appris que le bilan s’élevait à 110 morts. C’était choquant car en chemin, le seul chiffre qui circulait faisait état d’une dizaine de morts.»

Le lendemain, elle tente une sortie dans le Marais. «Pour un samedi, il n’y avait presque personne dans les rues, 80 % des restaurants étaient fermés, les cinémas aussi… J’ai passé la soirée de samedi chez des amis. On n’avait pas envie de sortir.»

Il le faudra aujourd’hui, pour regagner les bancs de la fac qu’elle quittera en janvier pour revenir au Luxembourg. «Après Charlie Hebdo, il y a eu beaucoup de contrôles à l’université. On fouillait nos sacs. Je pense que demain (aujourd’hui), ce sera beaucoup plus strict. Je m’attends à ce que l’ambiance soit pesante. Les Xe et XIe arrondissement (où les attentats ont débuté en même temps qu’au Stade de France) sont très appréciés des jeunes. J’espère qu’aucun de mes camarades ne fait partie des victimes.»

Raphaël Ferber

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