La vente par correspondance et un service de livraison efficace : voilà ce qui permet aux domaines Krier-Welbes et Schumacher-Knepper de ne pas trop souffrir du confinement.
Sur la Moselle, la crise du coronavirus a un effet sacrément pervers pour les vignerons : elle a coupé le lien entre les producteurs et les consommateurs. La perte de l’Horeca, qui promet de durer encore de longues semaines, est un coup très dur pour les maisons qui livraient beaucoup de bars et restaurants.
Pour compenser et continuer à faire rentrer un peu d’argent frais, les producteurs doivent donc développer le créneau de la livraison à domicile. À ce jeu-là, les vignerons indépendants ne sont pas les plus mal lotis. À l’heure actuelle, compter sur une large clientèle privée est effectivement une excellente nouvelle. Si les commandes ne sont pas nécessairement pléthoriques, au moins elles existent et permettent de maintenir une activité commerciale satisfaisante.
«J’ai la chance d’avoir des clients fidèles, se félicite Guy Krier (domaine Krier-Welbes). Quand ils souhaitent se réapprovisionner, je leur livre – s’il en reste – les vins qu’ils avaient déjà en cave et quand il s’agit d’un nouveau vin, comme le rosé 2019 que je viens de mettre en bouteille par exemple, ils me font confiance et achètent sans déguster.»
«La possibilité de goûter à la maison»
Finalement, le vigneron avoue «ne pas avoir à se plaindre» et recevoir des commandes tous les jours. «Le mois de mars ne sera pas équivalent à celui des années précédentes puisqu’il manquera toujours la restauration mais enfin, ce n’est pas catastrophique non plus.»
Pour stimuler les ventes, certains jouent la carte de la vente par correspondance à fond. Au domaine Schumacher-Knepper, la boutique en ligne n’est pas nouvelle, «nous l’avons depuis dix ans au moins», avance Frank Schumacher. La nouveauté, par contre, ce sont ces cartons de dégustation qui panachent différentes bouteilles. Jusqu’à présent, il y en a avait un seul, désormais, ils sont trois. «Puisque les clients ne peuvent pas venir déguster dans notre bar à vin, nous leur donnons la possibilité de goûter à la maison», ajoute-t-il.
Le domaine propose le carton «Basic» avec pratiquement tous les cépages du millésime 2018 (1 elbling 2018, 1 rivaner 2018, 1 pinot blanc 2018, 1 riesling 2016, 1 pinot gris 2018 et 1 crémant, pour 35 euros livraison comprise), le carton «Riesling» (avec une verticale de crus allant de 2014 à 2018 et un crémant, pour 45 euros) et le carton «Home Tasting» avec 12 bouteilles reprenant toutes les gammes de la maison (1 elbling 2018, 1 auxerrois 2018, 1 rivaner 20118, 1 pinot blanc 2018, 1 riesling 2018, 1 pinot gris 2018, 1 gewurztraminer 2018, 1 rouge Lyra 2018, 1 riesling Constant Knepper 2018, 1 pinot gris Constant Knepper 2018, 2 crémants pour 99 euros).
«Et en plus, comme on ne prend pas la voiture !»
Et cela marche ! «Honnêtement, lors de la première semaine de confinement, c’était vraiment très calme, explique le vigneron. Mais ces deux dernières, ça va beaucoup mieux : nous livrons même plus qu’en temps normal !» Les cartons de dégustation sont clairement les moteurs de ce dynamisme, il faut dire qu’ils sont vendus à des tarifs avantageux avec une remise qui tourne autour de 15%. «Après avoir goûté les vins du carton de dégustation, les clients peuvent commander ensuite six ou douze bouteilles de celui qu’ils préfèrent, glisse la sœur de Frank, Martine, qui gère le volet administratif et commercial du domaine. Certains l’ont déjà fait, nous sommes contents !»
Les producteurs espèrent tous que le confinement ne soit pas trop nocif pour leurs chiffres de vente. «J’ai des clients qui me disent qu’ils n’arrêteront pas de boire de vin à cause du confinement, que c’est leur petit plaisir quotidien dans un temps triste où ils ne peuvent pas voir la famille et les amis, glisse Martine Schumacher. Et en plus, comme on ne prend pas la voiture !»
Dans ces conditions inédites, il apparaît en tout cas que ceux qui ont joué la carte du numérique sont avantagés. «En plus d’avoir une boutique en ligne sur notre site, nous sommes aussi référencés sur le site Letzshop.lu, précise Guy Krier. Là aussi, nous observons une hausse des commandes et pas mal de nouveaux clients, ce qui est très intéressant.»
Le vigneron bio verrait d’un très bon œil que les nouveaux modes d’achat imposés par les restrictions de déplacement perdurent, même après le coronavirus. «En 2008, après la crise financière, il y a eu un retour vers les produits régionaux, se souvient-il. Grâce à cela, à l’époque, je n’avais quasiment rien perdu. Je pense que, là aussi, le confinement va renforcer le lien entre les clients et les producteurs locaux. Les amateurs se disent à raison qu’il faut soutenir le commerce et l’économie de leur région.» Sans compter que, finalement, commander et se faire livrer est sûrement le moyen le plus facile de remplir sa cave.
Quant à savoir quels effets aura cette période sur le bilan annuel, il est encore trop tôt pour le dire. Martine Schumacher juge qu’«on le saura le 31 décembre, pas avant». La vente de vin pouvant être très volatile d’une saison à l’autre, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. Dans les vignes, il peut encore se passer beaucoup de choses. Les bourgeons ne sont pas encore sortis…
De notre collaborateur Erwan Nonet
Domaine Schumacher-Knepper, 28, Wäistrooss à Wintrange. Courriel : contact@schumacher-knepper.lu. www.schumacher-knepper.lu. Tél. : 23 60 45.
Les domaines Schlink, Frank Kayl, L&R Kox et Pundel Vins purs se distinguent aussi
Beaucoup de vignerons cherchent en ce moment à développer leur offre dans le cadre des livraisons. Le domaine Schlink propose lui aussi des cartons de dégustation. Il y a celui avec les crus du millésime 2019 tout juste embouteillé (1 pinot blanc, 2 pinots gris, 2 rieslings et 1 rosé pour 60 euros livraison comprise), le carton «Sélection» (1 auxerrois 2016, 1 pinot blanc 2016, 1 pinot 2018, 1 riesling 2018, 1 pinot noir rouge 2016 et 1 crémant 2017, pour 75 euros), le carton «Crémants» (2 bouteilles de trois crémants différents, dont 1 rosé, pour 75 euros) et le carton «Charta» (1 riesling 2015, 1 riesling 2016, 1 pinot noir 2015, 1 pinot noir 2016, 1 crémant 2017 et 1 crémant 2014, pour 112 euros).
Compte tenu des circonstances, Fränk Kayl (domaine Frank Kayl) propose quant à lui de composer son propre carton de dégustation avec six bouteilles de son choix. Il octroie dans ce cadre 10% de réduction sur le montant (tél. : 661 18 11 83, courriel : info@frankkayl.lu et Facebook).
À l’achat de six bouteilles, le domaine Laurent & Rita Kox offre une bouteille de la nouvelle création qu’il vient de concocter avec la Brasserie Simon : le Grape Ale, une bière artisanale brassée avec 20% de moût de raisin de rivaner.
Le domaine Pundel Vins Purs (Wormeldange-Haut), vient également de lancer deux cartons de dégustation. Le premier propose six bouteilles (1 crémant, 1 auxerrois, 1 pinot gris et 3 différents rieslings, pour 60 euros). Le second est très original puisqu’on y trouve six morceaux de fromage de la fromagerie Berdorfer Kéis qui s’accordent particulièrement avec l’un des flacons contenus dans le carton (75 euros).
Domaine L&R Kox, 6A rue des Prés à Remich. Courriel : kox@pt.lu. www.domainekox.lu. Tél. : 23 69 84 94.
Pundel Vins purs, 55 Wengertswee à Wormeldange-Haut. Courriel : pundel@internet.lu. www.pundel-vinspurs.lu. Tél. : 76 00 59.