Poursuivons nos «pots virtuels» de début d’année avec Marc Desom (caves et domaine Desom, à Remich). Le vigneron n’a pas passé une si mauvaise année 2020. Il se félicite d’avoir pu compter sur son pavillon, très prisé cet été, qui lui a permis de toucher une nouvelle clientèle locale.
Le bilan de 2020
Marc Desom : «Bien sûr, à un moment, on a eu peur. Cette pandémie, ce confinement : c’était du jamais vu. Mais malgré tout, nous nous sommes bien rattrapés et nous avons vraiment bien travaillé. Au Pavillon (NDLR : la salle de dégustation et restaurant du domaine, le long de la Moselle à Remich), l’été a été fantastique. Les gens ne sont pas beaucoup partis à l’étranger et ils se sont fait plaisir en découvrant le pays. Nous n’avions jamais reçu autant de personnes venant de la capitale, par exemple. Beaucoup sont venus chez nous pour la première fois, ils ont apprécié et nous constatons aujourd’hui que pas mal d’entre eux sont devenus des clients réguliers chez qui nous livrons nos vins. Le Pavillon a été vraiment très utile cette année! Sans lui, c’est une certitude, nous n’aurions jamais gagné cette nouvelle clientèle.
Et puis, je dois dire que nous avons été surpris par le niveau des ventes de crémant avant Noël. Nous avons pratiquement réalisé des ventes record dans les Cactus, qui ont l’exclusivité de nos vins en grandes surfaces. Grâce à elles, nous avons pu compenser le creux du premier confinement.»
Des projets pour l’avenir
«Il y a beaucoup de travail en ce moment, puisque nous venons de lancer des travaux d’agrandissement de la cave. Ce nouvel espace va permettre de doubler notre capacité de stockage des crémants. Jusque-là, je me débrouillais pour mettre 400 000 bouteilles au grand maximum et nous allons pouvoir en entreposer 700 000 dans de très bonnes conditions. Le but est d’augmenter un peu la production, à terme, mais surtout d’avoir plus de possibilités pour laisser mûrir les crémants sur lattes. Ce temps est très important, il augmente considérablement la qualité. La législation luxembourgeoise impose neuf mois minimum, mais ce n’est pas assez. Grâce au nouveau hall, nous pourrons garantir que toutes nos cuvées seront mises en vente avec un passage d’au moins douze mois sur lattes. Cela pourra aussi aller bien au-delà. Plus les élevages sont longs et plus on peut limiter le dosage (NDLR : la liqueur de dosage sucrée afin de lancer la deuxième fermentation, qui provoque la prise de mousse). Sortir des cuvées extra-brut de plus de cinq ans d’âge, ça peut être intéressant…
À cause de la crise, les travaux ont pris un peu de retard. Ils auraient dû commencer juste après les vendanges et les ouvriers ne sont arrivés qu’avant Noël. Si tout va bien, le hall sera prêt pour fin 2022. On verra bien. Quoi qu’il en soit, il n’a pas été question de geler le projet en attendant que la situation s’améliore. Au contraire, c’est lorsque les temps ne sont pas faciles qu’il faut investir. Quand on le peut, bien sûr.
Dans un autre domaine, nous allons également bientôt lancer une chouette boutique en ligne, conçue totalement sur mesure. Nous avons un peu de retard (il sourit), mais nous avons préféré prendre le temps de bien faire les choses plutôt que de monter un e-shop à la va-vite. Le site devrait être opérationnel courant février. La digitalisation est devenue incontournable désormais, mais elle a quand même un gros défaut : on ne peut pas déguster avec les clients et leurs retours sont précieux. La boutique en ligne sera complémentaire au Pavillon. Avec les deux, nous aurons tout ce qu’il faut!»
Un souhait pour 2021
«Il n’est pas différent de celui de mes collègues : retrouver le contact avec les clients. Les dégustations sont toujours des moments importants pour nous. Parfois, on fait des petites modifications dans les vinifications, des ajustements, et il est toujours intéressant de voir comment ceux qui aiment nos vins les perçoivent. L’évolution des ventes est aussi un bon indicateur, bien sûr, mais on la remarque plus tard. Lors des dégustations, nous avons tous ces retours en direct.
J’espère que la situation sanitaire va suffisamment s’améliorer pour que nous puissions rouvrir le Pavillon bientôt. Nous sommes impatients… mais il faut être réaliste, ce ne sera pas pour tout de suite.»
Erwan Nonet
Cet été, nous n’avions jamais reçu autant de personnes venant de la capitale
Le nouveau hall va permettre de doubler notre capacité de stockage des crémants
La boutique en ligne sera complémentaire au pavillon