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Les mystères de Pékin

Ceux d’entre nous adolescents au milieu des années 90 se souviennent sans doute de ces heures passées à tenter de percer «Les mystères de Pékin». Un jeu de société dans lequel il s’agissait de résoudre des énigmes agitant la ville au parfum de Cité interdite. L’enquête consistait à sonder habitants et commerçants, dont certains se plaisaient à livrer de fausses informations et ainsi mettre les détectives sur de mauvaises pistes. Seul le Sage avait le pouvoir de démasquer les menteurs.

Voici une idée du scénario qui attend l’équipe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), arrivée mi-janvier au pays de la Grande Muraille dans l’espoir d’y découvrir l’origine du Covid-19. Pour le moment, les experts sont encore à l’isolement comme l’exigent les mesures sanitaires. Mais après ? Ils se rendront à Wuhan, où tout a commencé. Sauf que Pékin ne semble pas franchement disposé à laisser ses secrets être révélés au grand jour. La propagande tourne à plein régime, quitte à réécrire l’histoire, expliquant que la Chine a largement éradiqué une épidémie qui a causé officiellement 4 635 morts parmi une population de 1,4 milliard d’individus. Quand la plupart des pays touchés en déplorent des dizaines, des centaines de milliers. D’ailleurs, cet étrange virus a plutôt émergé d’autres contrées, chez quelque ennemi étranger, selon le storytelling des autorités.

Pékin ne dit en revanche pas pourquoi nombre de voix dissonantes, entre autres médecins, journalistes ou avocats, deviennent subitement muettes. Des silences qui font souvent place à l’absence. Le très médiatique fondateur d’Alibaba, Jack Ma, avait tout bonnement disparu depuis octobre dernier et un discours très critique de la politique de Xi Jinping. Il vient de refaire surface, le ton nettement plus flatteur. Pékin ne dit pas non plus pour quelle raison avoir été si prompt à dégainer cinq vaccins contre un virus qui fait donc si peu de ravages en Chine. Vaccins qui se vendent déjà bien à l’international, au passage.

Remonter aux origines du mal relève d’une mission qui s’annonce plus que délicate, sinon impossible. À moins que les détectives de l’OMS parviennent à trouver leur Sage.

Alexandra Parachini

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