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[Made in Lux] Les fragrances bien senties de Clémence Besse


Clémence Besse travaille, entre autres, pour des hôtels de luxe, des marques, des institutions culturelles, ou des particuliers. (photo Didier Sylvestre)

Comment trouve-t-on l’accord parfait d’un parfum ? Rencontre avec Clémence Besse, parfumeuse installée à Differdange, qui nous parle d’un métier qu’elle exerce comme un art.

Lorsqu’on entre dans l’atelier de Clémence Besse au 1535°, le hub créatif de la Cité du fer, on sent un mélange de fragrances. Pas de doute, nous sommes dans l’antre d’une parfumeuse. À droite en arrivant, on trouve un meuble où sont posés des bougies, des flacons de parfum, un alambic. Et de l’autre côté, on voit son orgue à parfum qui contient des petites bouteilles remplies de fragrances. Patchouli, ylang-ylang, coco, gingembre… autant de matières premières qui, accordées ensemble, donneront la vie à un parfum.

La trentenaire née à Paris qui a fait «beaucoup de virées partout dans le monde et en France», nous dit être «très attachée à la nature» sous toutes ses formes (mer, montagne, jardins en Bourgogne et dans le Limousin), malgré son attachement parisien. «Depuis que je suis toute petite, je pense avoir les sens de manière générale assez sensibles, particulièrement l’odorat», souligne-t-elle.

Elle a eu du nez depuis toute petite

À l’âge de 8-9 ans, la jeune Clémence ne pensait pas devenir créatrice de parfum. Non, elle voulait être danseuse étoile. «Je ne savais pas que ce métier existait, j’aimais énormément sentir, mélanger les fleurs du jardin. Dans la cuisine, je savais ce qu’il y avait dans les plats. J’avais beaucoup de contacts avec les ingrédients en cuisine comme les épices et les plantes aromatiques bien avant 8 ans. Je me sentais vivante avec ces odeurs qui me traversaient au quotidien», assure-t-elle. Vers 10-11 ans, sa mère lui dit qu’elle pourrait «travailler plus tard dans la parfumerie», grâce à son odorat très développé.

Pour le stage de trois jours qu’elle devait effectuer lors de la dernière année de collège, «j’ai été voir la boutique Marionnaud du coin pour demander s’ils avaient des stagiaires pour créer du parfum, je ne savais pas comment ça marchait», se souvient-elle. Une vendeuse du magasin a contacté le service marketing et chemin faisant, elle a décroché un stage dans un laboratoire de parfumeur. «Lors de ce stage de trois jours, j’ai adoré peser des parfums toute la journée.»

On lui conseille de passer par l’Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire (ISIPCA), installé à Versailles. Après son bac scientifique, elle a suivi des études de sciences et de chimie. Lors de son master à l’école, elle travaille en alternance pour le groupe L’Oréal Luxe pendant deux ans. En tout, elle y restera sept ans. «Je m’occupais des parfums pour les cosmétiques, les maquillages et aussi la parfumerie fine.»

À la recherche d’une identité

Suivant son compagnon qui a un poste au Grand-Duché, elle trouve le 1535° «en faisant des recherches. Je me suis projetée ici plus agréablement que si j’avais un atelier au Kirchberg», dit-elle car elle est entourée de créatifs qui ont les mêmes préoccupations. Clémence Besse travaille, entre autres, pour des hôtels de luxe, des marques, des institutions culturelles, des particuliers «à la recherche d’une identité olfactive». Le parfum permet de caractériser un lieu.

Ce n’est pas tout, la créatrice collabore pour le musée de l’Impressionnisme à Auvers-sur-Oise. «J’ai créé un parfum pour plonger les visiteurs dans l’ambiance des gares du temps de l’impressionnisme.» Son parfum reconstituant l’odeur des champs de blé est diffusé pendant que les visiteurs admirent les toiles de Van Gogh. «Créer un parfum dans une démarche artistique, pour moi, c’est passionnant», pointe-t-elle.

Fabriquer un parfum, c’est plus qu’un mélange de matières naturelles et synthétiques. C’est un art combiné à la chimie. Lorsqu’un client lui commande un parfum, elle discute avec lui afin de comprendre sa demande. Elle revient vers lui avec un échantillon. Elle créé le parfum une fois que l’échantillon a été validé.

Aude Forestier