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Souriez, vous êtes filmé

Les quartiers autour de la gare de Luxembourg vont connaître un nouvel et très discret aménagement urbain cet automne et courant 2019 : un système de vidéosurveillance. Le but de ce futur dispositif étant de faire diminuer la criminalité du quartier.

Le projet, émanant du ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, doit répondre au ras-le-bol des riverains, qui, depuis des années, doivent faire avec la petite délinquance de la zone, repaire des originaux, des marginaux et des toxicomanes en tout genre mais également des fêtards, qui tard dans la nuit convergent vers les établissements du quartier pouvant fermer à l’aube, pour poursuivre la fête commencée un peu plus tôt ailleurs en Ville.

Résultat, même si la criminalité tend à baisser dans la capitale, les habitants du quartier Gare et de Bonnevoie ont demandé aux élus de (re)prendre en main la zone, arguant que les 4 000 infractions constatées chaque année dans le quartier Gare et 1 800 infractions relevées à Bonnevoie étaient de trop. Pour les autorités, la solution passera par la vidéosurveillance.

Le Luxembourg est loin d’être pionnier sur le sujet. La vidéosurveillance est reine au Royaume-Uni et notamment à Londres. Idem aux États-Unis et dans de nombreux pays anglo-saxons. Certaines villes françaises comme Nice ont également largement recours à la vidéosurveillance. Le problème, c’est que la plupart des études sur le sujet sont incapables de démontrer l’efficacité globale de la vidéosurveillance sur la voie publique.

Dès lors, se pose la question de l’utilité du projet luxembourgeois. Tout comme il serait intéressant de connaître l’étendue du projet, le nombre de caméras, la validité d’une image face à la justice, le coût financier en termes d’installation, de fonctionnement et de maintenance. Car n’est-ce pas ce que demandaient les riverains de la zone, du concret face à la criminalité et non pas un projet dont on ne connaît rien ? De plus, il serait intéressant d’avoir le détail des 4 000 infractions en question, histoire de pouvoir agir spécifiquement sur la délinquance, qui va d’uriner sur une porte d’entrée au trafic de drogue, au lieu de dépenser de l’argent pour des caméras dont on ignore l’efficacité et de réduire les espaces de liberté sur la voie publique.

Jeremy Zabatta

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