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Lycée Athénée : du slam pour jouer avec la langue française


Entre haïku et slam, les élèves du lycée Athénée se sont lancés dans la poésie en jouant avec la langue française. (photo Alain Rischard)

Mardi, dans le cadre de la journée internationale de la Francophonie, des élèves du lycée Athénée ont fait leurs premiers pas de slam.

Les mots, Hugo, alias Ayun (23 ans), et Cyril, alias Ozarm (32 ans), les manient avec un brio certain. Lundi, les deux slameurs de l’association La Ruche de Cergy-Pontoise (région parisienne) sont venus à la rencontre de jeunes élèves du lycée Athénée dans le cadre d’un atelier slam, organisé par l’Institut français du Luxembourg. «Le slam permet aux élèves d’être actifs et de jouer avec la langue française, indique Christelle Creff, la directrice de l’Institut français du Luxembourg. L’idée est aussi de leur montrer que le français est une langue très vivante et communicative.»

Commencé avec un peu de retard («la faute au train», soulignent les deux slameurs), le jeu avec la langue française débute avec un échauffement ou plutôt «une mise en bouche textuelle», dixit Ozarm : un haïku. «C’est un poème japonais, qui obéit à certaines règles, indique Ayun. Les trois phrases doivent faire respectivement 5, 7 et 5 syllabes. Le thème est le compliment.»

Munis d’un stylo et d’un papier, la cinquantaine d’élèves de 5e et de 2e internationale se mettent au boulot. Et au bout de quelques minutes, tous se lancent l’un après l’autre. Exemple : «Ton joli cœur en or, tes yeux plus bleus que la mer, je t’aime mon petit frère.»

«Redonner goût au français et à la poésie»

Après la mise en bouche, place aux choses sérieuses : le slam. La figure imposée : les termes de l’opération «Dis-moi dix mots de la toile» (avatar, canular, fureteur, favori, héberger, nomade, nuage, pirate, émoticône et télésnober). «Au moins trois mots de cette liste», tempère Ozarm. Ensuite, les deux slameurs effectuent un tirage au sort pour faire travailler les élèves en binôme et «dans chaque duo, chacun doit faire un slam avec les mots précités en faisant des compliments sur l’autre», explique Ayun. Certains binômes ne se connaissent pas. Peu importe. Tous se lancent dans une demi-heure d’écriture.

«C’est la quatrième année que je viens au Luxembourg et à chaque fois, je suis impressionné par les élèves, note Ozarm. Ils parlent déjà au moins trois langues et très bien le français. Encore aujourd’hui, certains ont fait de très jolis haïkus. L’objectif de cet atelier est de redonner goût aux jeunes à la langue française et à la poésie.»

Dans la salle des fêtes du lycée Athénée, les élèves bûchent. Céline et Line, toutes les deux âgées de 15 ans, se marrent : «On est amies, on se connaît bien, donc pour trouver des idées c’est plus facile. Mais c’est la première fois qu’on fait un slam. Mais ça va. Il y a plus de mots en français pour exprimer des sentiments qu’en allemand ou luxembourgeois.» Clothilde (15 ans) et Youhan (18 ans) ne se connaissaient pas avant de travailler ensemble : «On est partis sur des compliments physiques. C’est amusant et puis écrire en slam c’est moins strict, plus fluide.»

C’est le but recherché. «Le slam est un travail créatif, rappelle la professeur de français Joanne Goebbels. On joue avec les mots, cela permet aux élèves d’avoir moins peur et de se lâcher.»

Chaque duo est ensuite monté à tour de rôle sur la scène. Parsemé de rires et d’applaudissements, chaque slam de compliments a connu un vif succès.

Guillaume Chassaing