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LVI : «Le vélo est le moyen de transport le plus efficace pour les trajets entre 5 et 10 kilomètres»


Les obstacles sont nombreux pour les cyclistes sur la voie publique. La LVI aimerait que leurs parcours soient simplifiés. (Photo : archives lq/Fabrizio Pizzolante)

La semaine de la Mobilité débute mercredi. Elle fait la place belle au vélo. La Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (LVI) explique les forces et les faiblesses de ce véhicule sur les routes luxembourgeoises.

Longtemps, les voitures, bijoux de technologie et symboles d’un certain statut social, ont eu la priorité. Aujourd’hui, le vélo s’impose à nouveau comme le moyen de transport idéal pour les courtes distances et un atout dans la lutte contre le changement climatique. Reste à motiver les citoyens à l’enfourcher autrement que pour des balades le long de la Moselle. Jo Klein et Philippe Herkrath de la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ avancent des pistes pour y parvenir. Les communes ont notamment un rôle important à jouer rapidement.

La petite reine a confirmé ses lettres de noblesse durant la crise. Va-t-elle les conserver?

Jo Klein : Les gens ont redécouvert le vélo durant la phase de confinement. L’effet semble perdurer. À nous de profiter de cette tendance, comme de nombreuses villes européennes l’ont fait. Certaines personnes ont découvert le vélo en tant que moyen de transport leur permettant d’éviter les transports en commun, d’autres ont osé se lancer sur des routes moins fréquentées par la circulation.

Quelles pistes suivre pour entériner cette tendance?

J. K. : Il faut miser sur la multimodalité. La population doit comprendre qu’il y a moyen de se déplacer autrement qu’en voiture et que le vélo est une excellente alternative.

Philippe Herkrath: Des études montrent que la majorité des trajets effectués en voiture au Luxembourg sont de courte distance et on sait que le vélo est le moyen de transport le plus efficace pour les trajets entre 5 et 10 kilomètres. Or 60 % de ces trajets au Luxembourg sont effectués en voiture. Le potentiel est là. La rentrée scolaire sera un bon indicateur pour constater quel moyen de transport la population choisira au quotidien. Durant le confinement, l’utilisation du vélo était davantage récréative. Quitter les pistes cyclables pour se lancer sur la voie publique est une autre paire de manche.

Que pensez-vous de l’offre en infrastructures cyclables de Luxembourg ?

P. H. : La Ville de Luxembourg devrait faire plus et différemment. Il faudrait des voies cyclables séparées du trafic automobile et des piétons. Sur le boulevard Roosevelt, piétons et cyclistes se partagent le trottoir. Seul un trait de peinture les sépare. La Ville manque de courage politique. Il faudrait rogner davantage d’espace aux voitures pour créer des solutions plus sûres pour les cyclistes.

J. K. : La Ville fait beaucoup pour le vélo. Mais pour nous, ces mesures font figure d’alibi. L’automobile garde la priorité. À Munich, une voie entière de circulation a été supprimée au profit des vélos sur un grand axe. Cela n’a pourtant pas occasionné plus d’embouteillages. Au contraire, il y a encore plus de cyclistes. Autre exemple : pendant la crise, des grandes villes européennes ont mis en place des pop-up lanes pour les cyclistes sur les routes désertées par les automobilistes. La Ville n’a pas profité de cette opportunité pour suivre l’exemple. Si elle ne le fait pas maintenant, quand le fera-t-elle?

À votre avis?

J. K. : Notre système de mobilité actuel ne fonctionnera plus longtemps si nous ne le changeons pas et si nous conservons nos habitudes. Nous ne pouvons plus uniquement le faire reposer sur la voiture seule. Il faudra la laisser au garage et investir dans une mobilité alternative. Nous n’y couperons pas! Les gens se sont interrogés sur la nécessité du tram, pourtant, aujourd’hui, ils l’utilisent. On finit par s’adapter aux nouveautés. Même si la situation du Luxembourg est particulière, il faut donner aux habitants des communes aux alentours de la capitale, la possibilité de s’y rendre à vélo en toute sécurité pour que les gens choisissent le vélo.

P. H. : Le fait d’avoir énormément de trafic qui entre en ville tous les matins devrait davantage faire réfléchir quant à la manière de planifier les zones urbaines. Au lieu de construire des parkings dans le centre-ville, pourquoi ne pas les construire en périphérie et récupérer ces espaces pour la mobilité douce.

J. K. : Une ville sans voitures renforcerait la qualité de vie. En construisant, le parking du Royal Hamilius, ils n’ont fait qu’inciter les gens à utiliser leur voiture. La Ville a cependant répondu favorablement à certaines de nos revendications et les a transposées.

P. H. : Les responsables politiques de la Ville commencent à développer des affinités avec le vélo et essayent d’améliorer les infrastructures. S’ils n’osent pas encore enlever de l’espace aux voitures là où elles en ont peu pour le donner aux cyclistes, ils essayent, malgré tout, là où c’est possible, de réserver de l’espace aux cyclistes.

Quelle est la situation dans les autres grandes villes luxembourgeoises?

P. H. : La situation est plus ou moins la même partout. Sauf peut-être dans les zones plus touristiques au nord du pays. De nombreuses communes de cette région nous consultent pour mettre en place un réseau de pistes ou rejoindre le réseau national pour les touristes et leurs administrés.

En ce qui concerne les plus grandes communes, le ministère de la Mobilité et des Transports a élaboré un instrument qui doit les aider à planifier des infrastructures. Ce document a pour but de leur rappeler de penser à ajouter des infrastructures cyclables aux nouveaux tronçons routiers ou à ceux qu’elles ont modifiés. À Esch-sur-Alzette, il serait difficile de circuler à vélo. La construction d’infrastructures est prévue en vue d’Esch 2022. Il serait judicieux de la part des communes voisines de raccorder leurs infrastructures à celles d’Esch-sur-Alzette. Même si la place disponible est limitée, il existe de nombreux exemples à l’étranger qui montrent comment l’utiliser.

Quels sont ces exemples?

J. K. : Je pense aux routes dédiées aux vélos. Ils y sont prioritaires sur les voitures et ne peuvent pas être dépassés. Les quartiers ouverts entièrement aux transports publics et aux vélos et partiellement aux voitures. Fermer des routes aux voitures certains jour du mois pour montrer les gains de qualité de vie. Créer des parkings à vélo, des stations de chargement d’e-bike, des ateliers de réparation de vélo dans les communes, améliorer la signalisation des pistes cyclables pour les touristes par exemple, entre autres.

P. H. : Nous avons longtemps insisté pour que le Luxembourg se dote d’un responsable lié aux questions concernant le vélo. C’est le cas à présent. Il veille à ce que le point de vue des cyclistes ne soit pas oublié lors de la réalisation de projets d’infrastructures routières. Les communes devraient également avoir une personne de ce type au sein de leurs administrations. Cela éviterait des conflits.

Sommes-nous en retard par rapport aux autres pays?

J. K. : En tant qu’association, nous sommes critiques, mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas vraiment à la traîne, même si nous aimerions que le pays aille plus loin et le plus rapidement possible. Un jour, il sera trop tard. Un changement de mentalités doit intervenir rapidement.

P. H. : Nous nous réjouissons pour toute petite amélioration, même si nous n’applaudissons pas toujours des deux mains et pointons aussi du doigt les erreurs, les incohérences ou les améliorations possibles.

Vous proposez des cours pour apprendre à rouler à vélo. Il existe donc des personnes qui ne savent pas rouler à vélo?

P. H. : Oui. La demande pour ces cours est grande. Les communes nous alertent de leurs difficultés d’organiser des coupes scolaires car de plus en plus d’enfants auraient dû mal à rouler à vélo. Il s’agit du résultat de l’évolution de notre société. Le Script (Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques) travaillerait à un projet pour mettre le vélo en avant dans les écoles et réapprendre aux enfants à rouler à vélo. C’est important si nous voulons un changement de mentalité. Les écoliers doivent être animés à utiliser le vélo comme moyen de transport. Ils continueront à l’âge adulte.

Propos recueillis par Sophie Kieffer

Semaine de la Mobilité : la LVI se mobilise

(Photo : archives lq/Julien Garroy)

(Photo : archives lq/Julien Garroy)

La semaine de la Mobilité est un instrument pour inciter la population à choisir la mobilité douce. Elle aura lieu du 16 au 22 septembre, cette année. La LVI participera à certaines manifestations organisées à cette occasion. La première d’entre elles est le «Tour vum Duerf», du 10 au 30 septembre. Il s’agit de collecter des kilomètres à vélo pour son village et lui permettre de remporter des prix. Mercredi débutera le «Kado fir de Vëlo» à Luxembourg, qui récompense les personnes qui se rendent à vélo au travail. Un sac avec des gadgets leur sera distribué au rond-point Schuman et au pont Adolphe. Jeudi, la LVI organisera «Mam Vëlo op d’Schaff». Il s’agira de rejoindre la capitale à vélo depuis Mersch. Les participants seront reçus au Knuedler avec du café des croissants par les édiles. Le samedi, la LVI participera à la Nuit de la culture qui met le vélo en avant cette année. Dimanche, la route entre Erpeldange et Michelau sera fermée aux voitures et réservée uniquement aux cyclistes. Idem dans la vallée de Warken.

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