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Luxembourg : un sacrifice pour notre liberté


La croix du monument national de la Résistance et de la Déportation a été fabriquée avec les poutres provenant de baraques du camp de Hinzert. (Photo : andré feller)

La journée nationale de la Résistance a été commémorée dimanche. Une cérémonie s’est tenue devant la croix de Hinzert.

L’émotion est toujours vive et le devoir de mémoire demeure très important alors que l’Europe traverse aujourd’hui une nouvelle crise. La Fondation nationale de la Résistance et le Comité pour la mémoire de la Deuxième Guerre mondiale ont organisé les cérémonies de la journée nationale de la Résistance, dimanche à Luxembourg. Après une messe à la chapelle du Glacis, recueillement et prises de parole ont eu lieu devant la croix de Hinzert au cimetière Notre-Dame. Cette journée commémore chaque année l’exécution de 23 résistants à Hinzert, le 25 février 1944, et, au-delà de ces 23 résistants, le rôle joué par la Résistance au cours des années de guerre 1940/1945 et les affres subis par les résistants. La ministre Corinne Cahen était présente lors de cette commémoration.

Au Grand-Duché, les premières organisations de résistance contre les Allemands naissent rapidement après l’invasion en août-septembre 1940, a tenu à rappeler la Fondation nationale de la Résistance dans son texte annonçant le rendez-vous de ce dimanche. Le courage de ces résistants est immense : ils sont traqués, craignent en permanence d’être dénoncés et envoyés en camp de concentration, notamment celui de Hinzert. Les barbares nazis n’épargnent pas non plus leur famille.

Selon la Fondation, les résistants sont jeunes : en 1940, la moitié d’entre eux ont moins de 26 ans, 5 % ont même moins de 16 ans. L’enrôlement forcé transforme la Résistance. Elle cache et nourrit près de 3 600 déserteurs et réfractaires, ou bien les fait passer au-delà des frontières. La Fondation a aussi tenu à souligner le rôle des femmes dans cette Résistance luxembourgeoise active. Elle rappelle que 3 614 femmes ont dû se plier, contre leur gré, au Reichsarbeitsdienst (RAD) et au Kriegshilfsdienst (KHD). Parmi elles, 58 n’ont pas survécu.

En tout, 1 560 Luxembourgeois ont été déportés au seul camp de Hinzert, précise la Fondation nationale de la Résistance : 82 y sont morts et un nombre important ont été déportés de Hinzert dans d’autres camps de concentration nazis en Allemagne, en France, en Autriche…

Ne pas oublier l’horreur de la barbarie nazie

La Fondation s’est penchée sur la férocité de cette période dans un pays comme le Grand-Duché. Les chiffres donnent le vertige. Les recherches historiques se poursuivent, mais elle considère que, sur une population de 290 000 habitants au début de la guerre, près de 3 500 hommes et environ 500 femmes du Luxembourg sont déportés. Huit cents d’entre eux ne survivent pas. Près de 1 400 familles, qui réunissent 4 200 personnes, sont réinstallées de force dans l’est du Reich. Leurs biens sont confisqués et elles sont forcées de travailler pour l’industrie de guerre allemande.

Près de 4 000 juifs vivent au Luxembourg en 1940. Parmi eux, 980 sont des Luxembourgeois. Parmi les juifs étrangers, un millier est arrivé avant 1933. Les autres sont des réfugiés ayant fui la terreur nazie, surtout allemands et autrichiens, arrivés après 1933, explique la Fondation. Le jour de l’invasion, plus de 2 000 juifs fuient en France et en Belgique. Environ 900 autres réussissent à quitter le pays jusqu’à la mi-octobre 1941. À ce moment, les Allemands stoppent l’émigration. Leur but n’est plus de chasser les juifs, mais de les tuer tous. Au final, près de 700 juifs du Luxembourg sont déportés vers les ghettos et les camps d’extermination dans l’indifférence quasi générale, ajoute le texte de la Fondation. Presque 600 autres, réfugiés en France ou en Belgique, subissent le même sort.

Lors de la politique de germanisation des nazis, 10 200 jeunes Luxembourgeois, entre 18 et 24 ans, sont enrôlés de force, plus de 2 800 meurent ou sont portés disparus. Il faut aussi relever ceux qui s’engagent comme volontaires pour défendre leur patrie dans les armées des Alliés : sur 584 engagés, 57 payent de leur vie leur combat.

Après la guerre, l’épuration administrative concerne quelque 18 000 fonctionnaires et représentants des différents métiers. 360 écopent de sanctions graves. L’épuration politique touche quelque 10 000 individus accusés d’avoir été pro-allemands : 12 sont condamnés à mort. 1 300 sont condamnés à des peines de prison de plus de deux ans et déchus de la nationalité luxembourgeoise.

Il faut souligner que la journée nationale de la Résistance remonte à une initiative des survivants. Elle continue d’avoir pour mission de garder vivante la mémoire de celles et ceux qui n’ont pas survécu. Elle continue de nous rappeler ce qu’il peut en coûter d’affirmer sous un régime totalitaire ce droit à la liberté. Des principes qui résonnent fortement. Encore plus aujourd’hui.

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