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Luxembourg : les ASBL, garantes de cohésion sociale


«Les associations ont besoin d’aide», a alerté Nicole Ikuku, présidente du Cercle de coopération. (photo Fabrizio Pizzolante)

La crise sanitaire n’aura pas épargné les associations luxembourgeoises et certaines d’entre elles se trouvent aujourd’hui en grande difficulté financière. Les fédérations en appellent au gouvernement.

Il faut soutenir le secteur associatif luxembourgeois. C’est là le cri d’alerte lancé par le Comité de liaison des associations d’étrangers (CLAE), le Cercle de coopération des ONGD et l’Agence du bénévolat, lors d’une conférence de presse conjointe qui s’est tenue lundi à Luxembourg. À l’instar de nombreux secteurs d’activité, le monde associatif s’est en effet vu lui aussi frappé de plein fouet par la crise du coronavirus.

Suspension des activités, annulation d’événements, report de projets… Si certaines ont eu la possibilité de s’adapter à la situation en se tournant vers le numérique (qui a toutefois ses limites lorsque l’on s’occupe de l’humain), la très grande majorité des 258 associations représentées par le CLAE et le Cercle de coopération a souffert de la crise sanitaire et voit encore son avenir incertain, tant les inconnues sont nombreuses concernant la reprise des activités et l’impact de la crise économique qui s’annonce.

Selon une enquête menée par le CLAE en mai dernier auprès de 125 associations œuvrant dans des domaines aussi variés que la culture, la citoyenneté, les droits de l’homme, la jeunesse, l’environnement, etc., pour 90 % d’entre elles, il est ainsi indéniable que la crise a eu des répercussions. Pour 25 %, essentiellement dans les secteurs non conventionnés, c’est leur existence même qui risque d’être remise en cause, du fait de la baisse des dons, du sponsoring, de la remise en question de certains subsides et, bien sûr, de la baisse de l’autofinancement induite par l’interruption des activités.

«Ce ne sont pas tant les toutes petites associations qui souffrent le plus de la crise, mais les associations de taille moyenne, qui emploient un ou deux salariés et qui ont des charges fixes, comme le loyer d’un local à payer par exemple. Les associations à but non lucratif n’ont pas pour but de faire de l’argent, mais il y a une réalité économique derrière», souligne Anita Helpiquet, directrice du CLAE.

À l’instar de Passerell par exemple, association très active au niveau de l’intégration des réfugiés, et qui devra peut-être se séparer de l’une de ses salariés à l’automne. Ou encore de l’association cap-verdienne Veteranos do Norte, dont le président Roberto Lima confiait il y a deux semaines dans nos colonnes : «Nous devions organiser notre festival cap-verdien à Ettelbruck du 17 au 19 juillet et d’autres évènements, on a dû tout annuler. Pour respecter les mesures sanitaires et pour participer à la lutte contre le coronavirus, nous avons aussi fermé notre local dès la mi-mars. Mais on doit continuer de payer les loyers et nous n’y arrivons plus. Notre association n’a pas beaucoup de moyens, et aujourd’hui on n’en a plus. Nous sommes vraiment en danger.»

Soutien financier et reconnaissance

Des répercussions qui vont bien au-delà des seules structures luxembourgeoises, comme le rappelle Nicole Ikuku, la présidente du Cercle de coopération : «En dehors des effets directs de la crise sanitaire, la crise socio-économique liée aux mesures de confinement et au ralentissement de l’économie signifie un énorme appauvrissement pour les groupes de population les plus vulnérables. Dans beaucoup de pays, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, où il existe déjà des crises alimentaires, sanitaires et sécuritaires, les problèmes se sont amplifiés. Or les ONG luxembourgeoises et leurs partenaires sont dans l’incertitude de pouvoir combler les fonds propres nécessaires, tandis que les organisations partenaires du Sud ont davantage de difficultés à récolter des fonds. La crise économique aura aussi des répercussion sur la situation de l’emploi et certaines communautés au Luxembourg.»

Les plateformes demandent donc à l’État d’apporter son soutien. Sur le plan financier d’abord, en se gardant de toute coupe budgétaire telle que celles annoncées pour 2021 et en ne réaffectant pas des fonds déjà prévus pour certaines actions, mais aussi en allouant une ligne budgétaire spécifique pour venir en aide aux associations en difficulté. Les fédérations demandent par ailleurs à être systématiquement consultées avant l’adoption de mesures les concernant.

Mais au-delà de l’aspect financier, c’est un soutien politique fort qu’attendent les associations, avec la reconnaissance de l’importance du secteur associatif dans la cohésion sociale et de l’engagement bénévole pour maintenir le tissu associatif : «Lorsque les gens disposent de temps et de moyens, ils s’engagent. Et en tant qu’émanations directes de la population, les associations favorisent la participation et la représentation citoyennes. Elles rendent possible l’engagement citoyen pour leur propre devenir et l’intérêt collectif, pour la défense de causes communes et pour la construction d’une société plus juste, équitable et durable. Elles sont un bien commun précieux dans notre société globalisée», ont déclaré les représentantes du CLAE, du Cercle de coopération et de l’Agence du bénévolat.

Tatiana Salvan
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