Les commerces de la Ville-Haute ont en majorité très bien fonctionné durant le week-end, grâce notamment aux visiteurs belges, mais aussi français et allemands.
Qu’ils viennent de la proche frontière, de Bruxelles ou même des Flandres, bon nombre de nos voisins belges se sont rendus à Luxembourg en vue de passer un week-end, se restaurer et faire des emplettes. En effet, les restrictions sanitaires les ont incités, pour le troisième week-end d’affilée, à prendre la direction du Grand-Duché. Et les voitures disposant de plaques minéralogiques de couleurs rouge et blanche, largement majoritaires dans les parkings souterrains et dans les rues de la capitale, de même que les Vlaamse dialecten (dialectes flamands) entendus à chaque coin de rue et dans les cafés et restaurants bien garnis, ne laissent planer aucun doute : les Belges étaient les plus nombreux.
À l’image de ce couple originaire de Bruxelles qui s’est rendu dès samedi à Luxembourg : «Un ami nous a dit que tout était ouvert ici. Nous avons passé la nuit de samedi à dimanche en ville et continuons nos achats ce dimanche après-midi. C’est une très belle ville !» Mais la donne pourrait changer dès mercredi, en fonction des décisions qu’annoncera le gouvernement ce lundi, notamment en ce qui concerne les commerces de l’Horeca…
Café et restaurants : «L’espoir fait vivre»
Ainsi, du côté de la Maison Kaempff-Kohler, le patron Guill Kaempff souligne que son établissement a «connu beaucoup d’affluence lors des deux ou trois derniers week-ends et l’on a bien remarqué qu’il s’agit de touristes de la Grande Région, venus faire des achats et profiter de la gastronomie ouverte au Luxembourg. Certes, les Belges sont majoritaires, mais il y a également des Français et des Allemands. Quant aux Luxembourgeois, ils sont moins nombreux à cause des chantiers au centre-ville, mais je dois dire qu’il y en a de moins en moins et que la situation s’améliore. Cela dit, si nous avons eu beaucoup de clients les samedis, leur nombre a baissé d’un tiers, voire de moitié, les dimanches, entre autres à cause du climat.»
Concernant les annonces que fera le Premier ministre ce lundi, Guill Kaempff est d’avis que «rien de bon ne sera peut-être annoncé pour les restaurants, mais il ne faut pas oublier que les clients de la gastronomie sont très respectueux des consignes sanitaires, bien qu’il subsiste des gens qui, eux, ne les respectent pas. Cela étant, j’espère qu’ils ne fermeront pas… L’espoir fait vivre!»
Pour sa part, le directeur de la Brasserie Guillaume explique que son établissement a «très bien travaillé au cours des trois derniers week-ends, et même en terrasse, malgré le froid. Tout le monde voulait avoir une place pour le dernier week-end au restaurant», indique David Monaco. Au niveau de l’origine de sa clientèle, le patron confirme que «beaucoup de clients sont venus de Belgique, mais aussi quelques Français et quelques Allemands. Jeudi dernier, par exemple, 80 % des clients en terrasse venaient de Belgique. Cela dit, nous avons 30 % de clients en moins, car nous avons perdu des tables et des places au comptoir.» Enfin, pour ce qui est des annonces gouvernementales de ce lundi, David Monaco se montre réaliste : «Nous attendons, car nous n’avons pas le choix… Cela dit, nous souhaitons bien sûr continuer à travailler et s’il faut le faire via la vente à emporter, nous le ferons!»
«Envie de respirer un coup»
De manière générale, la situation avait de quoi faire le bonheur des commerçants, du moins ceux qui avaient décidé d’ouvrir hier après-midi (NDLR : une boutique sur trois, voire sur quatre, était fermée, à l’instar de tous les commerces de la galerie Beaumont, du Centre Neuberg et du Centre Brasseur), après un samedi ensoleillé qui les a enchantés et a permis de faire (beaucoup) d’affaires. À l’image de la responsable du magasin de cosmétiques frais Lush, Murielle Graas, qui témoigne : «Pour l’instant, les affaires tournent très bien au niveau du passage des clients. La situation équivaut à celle de novembre 2019, ce qui n’était pas le cas les mois précédents. Nous faisons un sondage au sein de la boutique et nous constatons qu’outre 60 % de clientèle luxembourgeoise, le reste vient de France, mais surtout de Belgique. Et certains viennent de très loin, à savoir des Flandres pour passer le week-end ici. Concernant les Français, ils ne viennent pas que des départements frontaliers de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, mais aussi de plus loin. Ils nous disent qu’ils ont envie de respirer un coup ! Et en même temps, ils font des emplettes. Bref, ce week-end est encore plus avantageux pour nous que les deux précédents. Surtout ce samedi qui a été meilleur que les autres.»
À croire que nos voisins belges et français se sont donné le mot malgré les contrôles de police, dont celui effectué à la frontière franco-luxembourgeoise samedi. Quels sont, dès lors, les produits les plus prisés dans cette boutique de la Grand-Rue? «Certains ont commencé à faire des cadeaux de Noël. Sinon, les boules de bain marchent très bien, car je pense que les gens ont envie de se relaxer! Nous en vendons plus de 400 pièces par semaine, ce qui a impacté notre stock. Cela est vraiment inhabituel chez nous», souligne encore Murielle Graas, qui avoue tout de même «avoir peur de devoir refermer cette semaine».
Force est de constater que le son de cloche est sensiblement identique du côté de cette parfumerie du centre-ville où une vendeuse explique que «nous avons cartonné samedi, bien qu’aujourd’hui (dimanche) ce soit un peu plus calme. Les samedis, c’est shopping, mais les dimanches, c’est davantage promenade», raconte-t-elle. Sur la place d’Armes, au K Kiosk, on indique que «samedi, on n’arrivait presque pas à respirer tellement il y avait de monde». S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour l’économie en général, il est évident que la remarque peut être considérée à double tranchant…
Cela dit, non loin de là, dans une boutique de prêt-à-porter qui dit avoir bien fonctionné samedi, «notamment grâce aux Belges», l’on estime qu’«il faut jouer le jeu et ouvrir également ce dimanche après-midi (hier) et tous les dimanches d’après pour faire des affaires»…
Claude Damiani