Luxembourg : la nature sera de retour à la Pétrusse

Après des années de débats et après avoir surpassé une multitude d’obstacles, comme l’a souligné la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, voilà enfin du concret. En effet, la première phase des travaux relatifs à la renaturation de la Pétrusse a été détaillée jeudi.

Des écosystèmes à restaurer

Le projet a pour ambition première de procéder à la restauration des écosystèmes dégradés et artificialisés, notamment en se débarrassant du lit en béton de la Pétrusse et en récréant un cours naturel, ce qui améliorera l’équilibre de la faune et de la flore, des nutriments et de l’eau.
«Pour ce faire, il sera entre autres nécessaire de planter des végétaux locaux, mais aussi d’abattre 116 arbres» au cours de la première phase des travaux (168 le seront au total), a souligné la député-maire de Luxembourg. «Par ailleurs, cette mesure permettra l’expansion des biotopes dans le milieu urbain et offrira par conséquent un habitat pérenne à la faune et à la flore», a-t-elle ajouté.
Que les âmes sensibles se rassurent à propos des arbres : «Si un certain nombre d’arbres sera enlevé, la plantation de nouveaux arbres à des endroits stratégiques, tout comme la protection des arbres remarquables à proximité des interventions, est prévue.»

Un projet en deux phases distinctes

Comme à l’annonce de tout nouveau chantier, la bourgmestre a tenu à souligner que la communication à destination de la population constitue une garantie «afin de ne pas effrayer les gens». Selon cet objectif, les tenants et les aboutissants du projet, qui sera exécuté en plusieurs sections, ont précisément été dévoilés jeudi.
La première phase du chantier couvrira la zone de la vallée de la Pétrusse située entre l’embouchure de l’Alzette et l’écluse Bourbon. Le projet de construction s’achèvera au printemps 2023 avec l’exposition horticole Luxembourg Urban Garden (LUGA 2023) pour laquelle ce réaménagement écologique représente un élément important, a souligné la bourgmestre.
Cette phase comprend quatre volets. Tout d’abord, des travaux préparatoires auront lieu : ils comprennent des fouilles archéologiques réalisées par le Centre national de recherche archéologique (CNRA) sur la place Saint-Ulric. Elles auront lieu «le plus tôt possible», selon Lydie Polfer, «afin que les infrastructures souterraines telles que les conduites de gaz puissent être ensuite posées. Ces fouilles dureront environ six mois.» Un parking provisoire sera mis en place.
Concernant la renaturation proprement dite du cours d’eau de la Pétrusse, son «lit en béton sera enlevé de manière à recréer une morphologie naturelle du cours d’eau. Le fond du cours d’eau sera aménagé avec des pierres naturelles et les berges seront aménagées afin de créer des habitats naturels pour la faune et la flore. Un corridor écologique sera également créé.» Cette renaturation, ont indiqué à l’unisson la bourgmestre et la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, présentera un bénéfice certain : «L’écoulement de l’eau sera plus naturel et la vitesse d’écoulement sera ralentie, ce qui entraînera une baisse du risque d’inondation.»

Phase 2 : de l’écluse Bourbon à la rue d’Anvers

Un ouvrage de captage, dénommé «First Flush», sera construit au niveau du raccordement à la Pétrusse du réseau de canalisations d’eaux pluviales de la ville à hauteur du pont Adolphe. Ce projet sera indépendant des autres phases de construction. La construction de cet ouvrage permettra une amélioration de la qualité des eaux, surtout lors de périodes sèches suivies d’averses intenses, en évitant qu’une pollution considérable liée principalement aux rejets du trafic routier et aux dépôts atmosphériques soit dirigée vers les canalisations d’eaux pluviales et par la suite dans la Pétrusse elle-même.
Enfin, cette phase de construction comprendra entre autres le démantèlement des murs de berge en place, le démontage de la protection de berge existante, la mise en œuvre du nouveau mur de berge dans le sens de l’écoulement à gauche, la renaturation et les terrassements associés, les ajustements de surface et les plantations. Afin de conserver un aspect visuel en accord avec le classement Unesco des fortifications de la ville de Luxembourg, des matériaux en pierres naturelles seront utilisés pour aménager certains nouveaux éléments muraux.
Ces travaux seront suivis par la mise en œuvre de l’échelle à poissons, de la zone récréative «Liegewiese» et du skatepark (côté eaux et côté naturel).
À partir de printemps 2024, la phase 2 du projet consistera en la renaturation de la vallée de la Pétrusse et en la refonte du parc attenant, entre l’ancienne écluse Bourbon enlevée lors de la phase 1 et la rue d’Anvers.

Claude Damiani