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Luxembourg : Hollerich, un futur à écrire


Hollerich est fier de son passé industriel et de son cosmopolitisme actuel, qui en fait un quartier très vivant. (Photo : Archives LQ)

Le Syndicat d’intérêts locaux de Hollerich fête ses dix ans. Tom Krieps, son vice-président, revient sur l’identité du quartier et les espoirs pour son futur.

Aujourd’hui, Hollerich est un quartier populaire où l’on vient boire des chopes et écouter de la musique. Mais il y a quelques décennies, c’étaient les ouvriers qui enfilaient ici leur bleu de travail, que ce soit dans les caves Mercier ou les usines de Heintz van Landewyck. Et demain? C’est toute la question, d’autant que le quartier offre de belles perspectives de développement.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Syndicat d’intérêts locaux de ce quartier de la capitale aux origines pourtant anciennes ne célèbre que sa première décennie d’existence. «Pour une raison qui m’échappe, nous sommes le dernier quartier à avoir créé son syndicat, sourit Tom Krieps, vice-président de l’association. Notre objectif est donc de pallier quelque chose qui n’existait pas encore.» L’avocat, également conseiller communal socialiste, apporte néanmoins un élément de réponse à ce relatif retard à l’allumage : Hollerich n’est pas un quartier spécialement facile à appréhender, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il n’est pas homogène, ce qui constitue aussi sa richesse. Du côté de la gare et de la rue de l’Industrie, le secteur a connu une industrialisation spectaculaire dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Hollerich, qui était alors une commune à part entière, a profité de l’union douanière allemande (le Zollverein) en accueillant les caves de Champagne Mercier et le cigarettier Heintz van Landewyck qui, en s’installant à Luxembourg, permettaient à leurs produits d’éviter les taxes réservées aux produits importés. En conséquence, les ouvriers étaient nombreux à habiter là, «ce qui, en tant que socialiste, me réjouit!», lance Tom Krieps. Populaire, cette partie est restée bien vivante. C’est ici que l’on trouve la majorité des bistros, par exemple.

De l’autre côté, en direction de Merl-Belair, le secteur est nettement plus résidentiel et bourgeois. «Autour de l’église et du centre culturel, c’est plus chic, souligne-t-il. À l’image des quartiers voisins, l’urbanisation a été plus tardive et les maisons sont plus huppées.»

Transformer sans trahir

Mais ce qui a donné le coup de grâce à l’identité des lieux, selon l’élu, c’est la construction de l’autoroute qui a saigné Hollerich en deux dans les années 1960, 1970. «On a rasé toute une partie du quartier pour ça, regrette-t-il aujourd’hui. Maintenant, on ne ferait plus ainsi, mais en attendant, il y a ce mur de Berlin qui divise complètement Hollerich et lui a volé son âme.» L’idée de reprendre le concept utilisé au Kirchberg est posée. «Transformer cette autoroute en boulevard urbain permettrait de remettre de l’ordre, mais alors il ne faudrait pas le border de grands immeubles de bureaux», avance Tom Krieps.

Le vice-président du syndicat souligne aussi les évolutions positives que le quartier a vécues ces dernières années. «Avoir avancé les heures de fermeture des bars le soir, voire annuler des autorisations de nuit blanche, n’a pas été une mauvaise chose, il faut le reconnaître» reconnaît-il. Les week-ends difficiles semblent en effet appartenir au passé. Si le problème de la prostitution à côté de la gare existe toujours, au moins «les nouveaux règlements de circulation l’ont déplacé à des endroits moins gênants», assure-t-il.

En somme, Hollerich et ses habitants sont prêts pour le développement du quartier, mais ils ne veulent pas que son souffle particulier en pâtisse. «Hollerich est très intéressant, que ce soit sur le plan social ou patrimonial. Beaucoup plus que d’autres quartiers sans doute plus cossus, mais beaucoup plus ennuyeux. Nous devons réussir sa transformation en gardant en tête ses caractéristiques et ne pas les trahir.» Un vrai cri d’amour!

Erwan Nonet