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Luxembourg : «Avec notre argent et malgré nous !»


Outre la problématique climatique, investir l'argent public dans les énergies fossiles représente un risque financier (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Des militants de Greenpeace Luxembourg ont manifesté mercredi place d’Armes pour appeler les députés à se positionner contre les investissements du Fonds de compensation dans les énergies fossiles.

Tyrannosaurus rex aux yeux siglés d’un dollar, barils de (faux) pétrole renversés et banderoles réclamant la fin des investissements climaticides : mercredi après-midi, des militants de Greenpeace ont investi la place d’Armes de la capitale, devant le bâtiment du Cercle Cité, afin d’interpeller les parlementaires sur les investissements dans les énergies fossiles du Fonds de compensation commun au régime général de pension (FDC).
«Ce fonds de pension pour les employés du secteur privé prétend avoir une approche durable concernant ses investissements. Or il ne cesse d’investir d’année en année dans les énergies fossiles. On constate par exemple une augmentation de 60 % des investissements du FDC dans les entreprises du secteur du charbon depuis 2015. C’est tout simplement du greenwashing», dénonce Myrna Koster, chargée de campagne «Justice climatique» au sein de Greenpeace Luxembourg. Le greenwashing, ou écoblanchiment, est une méthode de communication très répandue qui consiste à faire croire à de bonnes pratiques écologiques à des fins marketing.

Un double discours qui est «très choquant» : «Certes, le FDC a établi une liste d’entreprises exclues. Mais nous estimons qu’il n’y en a pas assez au niveau environnemental. Ces gens accélèrent la crise climatique avec notre argent et malgré nous!», poursuit Myrna Koster.

Les pensions menacées

Pour Greenpeace Luxembourg, continuer d’investir dans les énergies fossiles s’avère non seulement climaticide, mais présente en plus un risque non négligeable pour les pensions des salariés du Luxembourg. «D’une part, de récentes études montrent que pour avoir un certain rendement, il vaut mieux investir dans les énergies renouvelables, en pleine expansion. D’autre part, les énergies fossiles n’existent qu’en quantités limitées – les investissements peuvent donc être perdus», explique la jeune femme. «Nos pensions dépendent de ces investissements. S’ils sont perdus, ils le sont pour nous aussi. Pour éviter cela, on veut vraiment que le FDC change sa politique.»

Un rapport d’expertise rédigé par l’économiste allemand Martin Granzow au sujet de la stratégie d’investissement du FDC a à cet égard été présenté il y a deux semaines par Greenpeace aux membres du Parlement. Ce rapport montre de quelle manière le FDC peut modifier cette stratégie, notamment en excluant les investissements dans des entreprises qui nient le changement climatique ou qui contrecarrent les mesures favorisant la transformation. «Le FDC doit également bannir des investissements dans les entreprises qui sont associées à des activités commerciales particulièrement problématiques (par exemple, le forage dans l’Arctique ou l’exploitation des sables bitumineux)», écrit Martin Granzow.

En attendant la session parlementaire de novembre au cours de laquelle les députés devront débattre de ce sujet, l’ONG escompte bien rencontrer les partis avec lesquels elle n’a encore pu s’entretenir à ce sujet, notamment le LSAP, le parti du ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider.

Greenpeace Luxembourg poursuit par ailleurs son action mise en place en juillet dernier qui consiste à envoyer via son site internet un e-mail préécrit aux membres du gouvernement et du Parlement pour mettre fin aux investissements du FDC dans les énergies fossiles (page d’accueil Greenpeace.lu, onglet «écrire aux ministres»). À l’heure actuelle, plus de 650 personnes se sont mobilisées, ce qui a permis d’envoyer quelque 50 000 e-mails aux responsables politiques.
«L’heure d’agir est venue! Nous exigeons de nos politiciens et politiciennes des mesures immédiates pour que le FDC retire nos réserves de retraite des sociétés gazières, charbonnières et pétrolières», conclut Myrna Koster.

Tatiana Salvan

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