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«L’incroyable temps perdu dans les déplacements» : au Luxembourg aussi


Photo d'un bouchon au Luxembourg prise en décembre 2018. Une vue bien trop connue... (Photo Julien Garroy).

Un article du Washington Post publié en 2016 a refait surface ce week-end sur les réseaux sociaux, parmi les communautés de « vélotafeurs » luxembourgeois. Dans «L’incroyable potentiel humain perdu lors des déplacements», le journaliste estimait que les trajets maison-boulot n’ont jamais été aussi longs aux États-Unis, atteignant une moyenne de 26 minutes (aller simple). Et que la tranche 90 minutes (aller simple) grandissait aussi. On ne peut s’empêcher de penser à la situation actuelle du Grand-Duché.

En 2016, selon l’US Census Bureau, il fallait compter une moyenne de 26 minutes pour se rendre au travail aux États-Unis, contre 21,7 minutes au début des années 1980. L’étude portait elle-même sur des chiffres de 2014, on peut donc supposer que l’écart s’est encore accru depuis. Le journaliste du Washington Post en déduisait, non sans humour, que ces 29,6 milliards d’heures perdues par an en voiture, auraient permis de bâtir 26 fois la pyramide égyptienne de Gizeh en une année ! Une illustration comme une autre des pertes économiques du temps de trajet pour une société.

Par ailleurs, le journaliste notait que les « méga-navetteurs », qui effectuent 90 minutes de trajet (aller) par jour, existaient à peine dans les années 80. Alors qu’en 2014, ils étaient 3,6 millions soit 2,62% des travailleurs américains ! Basé sur un rythme de travail américain de cinq jours par semaine 50 semaines par an, cela représente une perte de 31,3 jours passés au volant. «Comme si vous passiez tout votre mois d’août dans une voiture !»

L’article expliquait enfin que ces temps de trajets ont non seulement un impact négatif sur l’employé lui-même (perte d’appétit social et d’investissement civique, problème d’obésité ou de santé divers), mais aussi sur l’économie. L’absentéisme serait plus fort chez les employés qui ont un long temps de trajet par exemple.

Et depuis le Grand-Duché ?

Immanquablement, à la lecture de l’article, nous avons pensé à la situation actuelle au Grand-Duché. Comparaison n’est pas raison, encore moins avec les États-Unis. Donnons quelques chiffres actualisés toutefois :

• Selon l’enquête Luxmobil menée en 2017, les résidents mettent en moyenne 34 minutes (aller) pour se rendre au travail. Cela vaut si vous vivez à une moyenne de 13 km du travail, ce qui n’est pas le cas de tous les résidents luxembourgeois.

• Selon une étude réalisée par le Liser en 2018, la moyenne des déplacements des frontaliers est de 2 heures par jour (en aller-retour). On peut supposer que les frontaliers les moins bien lotis, sur les axes qui sont les plus congestionnés (A31), tendent en réalité vers les 3 heures de trajet par jour. Un Metz-Kirchberg en voiture à 8 h du matin, c’est 1 h 45 aller.

Basé sur un rythme de travail de 224 jours en 2019 (déduction faite des jours fériés, des week-end, et du plancher de congés de 26 jours minimum), on obtient donc que :

• Les résidents perdent 238,9 heures dans les trajets vers le travail chaque année = 9,9 jours perdus par an (contre 9 pour un Américain moyen de l’étude en question).

• Les frontaliers perdent en moyenne 448 heures dans les trajets vers le travail chaque année = 18,6 jours perdus par an (contre 20,8 pour un Américain).

• Un frontalier qui passe trois heures dans sa voiture par jour perd 672 heures par an = 28 jours perdus par an (ce n’est plus le mois d’août de l’Américain, c’est le mois de février !)

Expliquons enfin que, résidents et frontaliers mêlés, la part de mobilité en voiture occupe 69% des trajets (pas uniquement vers le travail) au Luxembourg, selon les derniers chiffres clés communiqués par le gouvernement. Ça en fait des jours perdus derrière un volant.

Hubert Gamelon

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