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Les révoltés du Limpertsberg


Aux heures de pointe, il est vrai que le trafic est particulièrement dense sur les grands axes du Limpertsberg. (photo Isabella Finzi)

Trop d’écoles, trop de lycées, trop d’habitants, trop de trafic, trop de bureaux… La liste des soucis énumérés par le Lampertsbierger syndicat est tellement longue que l’on croirait le quartier invivable.

Le Limpertsberg est un beau quartier, un des plus huppés de la ville même. Ce qui n’est pas peu dire. Pourtant, à écouter le Lampertsbierger syndicat, il n’y fait pas bon vivre. «Il n’y a pas un problème unique, c’est un tout», déclare le secrétaire de l’association, Robert Roth, qui ne veut pas citer les travaux du tram comme le seul mal sévissant à ses portes.

«Depuis une demi-douzaine d’années, nous discutons avec le collège échevinal pour exposer nos problèmes, qui tournent essentiellement autour du trafic de plus en plus intense, râle-t-il. Or au lieu d’apporter des remèdes, on aggrave la situation en ajoutant encore des élèves aux déjà trop nombreuses écoles. On construit des résidences comme celle, pharaonique, de la rue de l’Avenir ou encore celle à côté du parc Neumann. Il y a trop d’habitants : ça pullule.»

Revenons sur la question scolaire. Il est vrai que les écoles et les lycées y sont très nombreux. Mais le 23 mai dernier, les ministres de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Claude Meisch, du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, et de l’Enseignement supérieur, Marc Hansen, ainsi que la bourgmestre Lydie Polfer ont annoncé que la tendance allait s’inverser.

À la rentrée dernière, 1 200 étudiants ont déjà quitté ce campus pour celui de Belval. L’an prochain, l’école française et le lycée Vauban (1 850 élèves) vont déménager sur le Ban de Gasperich. En 2020, 400 étudiants de l’Uni iront à leur tour à Belval (Maison des matériaux et Maison de la vie) et sur le Kirchberg. En 2023, 1 400 nouveaux étudiants en master fileront également sur le plateau européen et les 400 élèves de l’école Waldorf intègreront de nouveaux locaux dont le nouvel emplacement reste à définir. En 2025, le lycée technique du centre partira aussi sur le Kirchberg (1 800 élèves) et deux ans plus tard, il sera occupé par le lycée Michel-Lucius.

Cette énumération n’impressionne pas Robert Roth. «Comme par hasard, cette annonce a été faite un mois après une réunion publique que nous avions organisée à la halle Victor-Hugo et qui avait été un énorme succès avec 120 participants.» Pour l’instant, la seule annonce qui tient à ses yeux est celle du départ de l’école française et du lycée Vauban, «parce que le nouveau bâtiment est en construction».

«Les politiciens, on les connaît»

Pour le reste, juge-t-il, «la tendance est à la hausse puisque le lycée Michel-Lucius a lancé sa filière anglophone dès le fondamental». Une offre scolaire inhabituelle qui cause «des caravanes de parents sur la route tous les matins, midis et soirs».

Mais il n’y a pas que les élèves et les étudiants qui posent problème dans le quartier, il y a aussi les travailleurs. «Il y a de plus en plus de locaux qui sont transformés en bureaux un peu partout, ce qui participe à la hausse du trafic», souligne Robert Roth.

Autre point de rupture, cette halle Victor-Hugo «qui draine des personnes pour des histoires qui n’ont rien à voir avec le quartier». La solution proposée est radicale : «Il faut garder la rotonde qui est un centre sociétaire utile aux associations locales, mais il faut détruire le cube.»

Bref, l’ambiance entre le syndicat des habitants du Limpertsberg et les élus n’est pas au beau fixe. «Les politiciens, on les connaît : ils n’aiment pas que l’on jette des pavés dans la mare, affirme Robert Roth. On leur soumet des problèmes, ils nous disent qu’ils vont y travailler, mais au final, on ne nous donne que des miettes.»

Pourtant, au collège échevinal, on connaît le quartier : deux échevines, Simone Beissel et Colette Mart, y habitent. «Nous nous voyons régulièrement et je me doute que je vais recevoir un coup de fil de Mme Beissel. Elle ne sera certainement pas contente. Mais si elle le veut, nous voulons bien nous asseoir autour d’une table.»

Petite précision qu’il n’est sans doute pas inutile d’ajouter, les élections communales approchent et le président du Lamperstbierger syndicat est Romain Diederich, membre du CSV et de la commission du Développement urbain de la Ville, ancien collaborateur de Claude Wiseler au ministère du Développement durable et des Infrastructures. La campagne a donc bel et bien commencé.

Erwan Nonet

Accusation réfutées

La bourgmestre Lydie Polfer (DP) n’a pas souhaité s’étendre sur les reproches émis par le syndicat au sujet du nouveau PAG, puisque «nous sommes en train d’y travailler». Elle a toutefois évoqué le caractère du quartier, «un des plus agréables de la ville», et le fait que, malgré les reproches, le contact est loin d’être rompu avec les habitants. «Le vendredi 27 janvier, nous avons eu une réunion très constructive avec les résidents à propos du parc de la rue Willmar et d’une aire de jeux sur la rue de l’Avenir. Les discussions étaient très intéressantes.»

Quant aux travaux induits par la construction des voies du tram, elle reconnaît qu’ils créent des nuisances. «Je n’ai pas de baguette magique pour tout résoudre instantanément, mais ce que je sais, c’est que ce sera beaucoup mieux après.» Elle ajoute que ces travaux, justement, ne devraient pas constituer une surprise pour le syndicat : «Le projet du tram a été initié lorsque M. Diederich (NDLR : président du Lampertsbierger syndicat) était au ministère du Développement durable et des Infrastructures avec M. Wiseler.»

La première échevine, Sam Tanson (déi gréng), ne comprend pas non plus ces attaques. Concernant le manque de pistes cyclables, elle répond que «si les axes principaux restent limités à 50 km/h, le Limpertsberg est une zone 30 justement pour que l’on puisse y circuler tranquillement à deux roues». Elle ajoute que la Ville a déjà commandé une étude pour que les différentes zones vertes de la capitale – «dont le parc Neumann, un des plus beaux de la ville», qui se situe dans le quartier – soient reliées par des pistes cyclables.

Sam Tanson est également persuadée que le tram, conjugué au futur arrêt CFL Pfaffenthal-pont rouge, permettra de réduire la circulation. «Un arrêt est accessible lorsqu’il se situe à moins de 500 m des habitations, pratiquement tout le quartier est donc couvert. Et plus il est facile d’utiliser les transports en commun, plus le trafic diminue.» Elle imagine également facilement des navettes reliant les établissements scolaires. Enfin, la première échevine fait remarquer que le Limpertsberg fait office de précurseur avec le PAP «Vivre sans voiture». «Les promoteurs croulent sous les demandes, se félicite-t-elle. Les acheteurs sont séduits par ce concept qui promet un développement durable, ils veulent vivre ça. Je suis sûre que cela va encore se développer.»

Pour les deux femmes à la tête de la capitale, il est clair que ces attaques sont téléguidées. «Le syndicat est devenu un instrument dans le cadre de la campagne électorale», affirme même la bourgmestre.

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