Installation électrique, remise aux normes de sécurité, travaux de serrurerie ou encore de maçonnerie : durant environ neuf mois, les casemates de la Pétrusse vont se refaire une beauté.
Place de la Constitution de Luxembourg, mercredi après-midi. Une grue des sapeurs-pompiers hisse l’unique canon historique, datant de 1834 (époque prussienne), des casemates de la Pétrusse pour le déposer délicatement sur un camion de l’armée luxembourgeoise. Quelques minutes plus tard, le canon, coulé en 1834 à Karlsruhe et portant le numéro 31, quitte la capitale pour prendre la direction de l’Allemagne, et plus précisément d’un atelier de restauration de Bensheim (dans le Land de la Hesse). Le canon ne sera pas le seul à subir, durant ces prochains mois, un lifting.
Ce sera le cas de l’ensemble des casemates de la Pétrusse, faisant partie du patrimoine mondial de l’Unesco comme l’ensemble de la vieille ville. «C’est par ce départ symbolique du canon que nous voulions lancer officiellement le chantier de la mise en valeur des casemates de la Pétrusse», souligne Marc Angel, le président du Luxembourg City Tourist Office (LCTO), l’organisme qui exploite les casemates de la Ville depuis 1977. Il poursuit en rappelant que «les casemates sont la plus grande attraction touristique de la Ville».
Réouverture programmée le 23 juin
L’origine des casemates de la Pétrusse remonte à 1644 quand les Espagnols modernisèrent les ouvrages médiévaux et construisirent de grands bastions, tels celui du Beck, dont la plateforme est occupée par l’actuelle place de la Constitution. Outre le canon authentique de 1834, les casemates de la Pétrusse abritent aussi l’«escalier autrichien» de 132 marches.
Budgétisée à 1,5 million d’euros et financée aux trois quarts par la Ville et le reste par la branche tourisme du ministère de l’Économie, cette rénovation «n’a pas pour objectif de faire des casemates de la Pétrusse une attraction comme Disneyland, mais une attraction qui offre la possibilité de mieux nous connaître, mieux connaître notre culture et notre histoire», assure la bourgmestre de la capitale, Lydie Polfer.
Concrètement, les travaux seront d’ampleur. «Nous allons refaire toute l’installation électrique de 550 mètres, détaille Tom Bellion, le directeur du LCTO. Nous allons également mettre en place des mesures de sécurité compatibles avec la législation actuelle. Des travaux de serrurerie sont aussi prévus ainsi que des travaux de maçonnerie. Nous travaillons aussi avec un scénographe pour repenser la mise en scène.» Mais sur ce dernier point, le directeur du LCTO ne veut pas en dire plus «sinon je n’aurai plus rien à dire au moment de la réouverture des casemates de la Pétrusse». Qui est prévue ? «Le jour de la fête nationale, le 23 juin», répond Tom Bellion. Un autre symbole.
Guillaume Chassaing
Les casemates du Bock et les casemates de la Pétrusse séduisent les visiteurs (touristes et résidents) de la capitale. Premier site touristique de la Ville, les casemates du Bock connaissent une fréquentation en hausse constante depuis 2013. De janvier à août dernier, le site a enregistré une hausse de 5,17% par rapport à l’année dernière.
«Les casemates devraient dépasser la barre des 130 000 visiteurs cette année, avance Tom Bellion, le directeur du Luxembourg City Tourist Office (LCTO). L’objectif est que les casemates du Bock et les casemates de la Pétrusse deviennent le premier site touristique du pays.»
Les casemates du Bock restent ouvertes
Les casemates de la Pétrusse ne sont pas les seules casemates de la Ville. Pendant les travaux à la Pétrusse, les casemates du Bock resteront ouvertes au public jusqu’au 5 novembre inclus (du lundi au dimanche, de 10h à 20h30).
Ces casemates du Bock datent de 963, date à laquelle le Comte Sigefroi construisit sur le rocher du Bock un château fort, berceau de la ville. Au cours des siècles, de formidables enceintes furent érigées à l’Ouest, ce qui n’empêcha cependant pas les Bourguignons de prendre la ville en 1443. Après cette date, le Luxembourg tomba aux mains de princes étrangers pour la durée d’environ quatre siècles.
Les meilleurs ingénieurs des nouveaux maîtres (Bourguignons, Espagnols, Français, Autrichiens, Confédération Germanique) finirent par faire de la ville l’une des places fortes du monde, la «Gibraltar du Nord». La défense était assurée par trois ceintures fortifiées comptant 24 forts et 16 autres puissants ouvrages et un extraordinaire réseau souterrain de 23 kilomètres de casemates, pouvant abriter non seulement des milliers de soldats avec leur équipement et des chevaux, mais aussi des ateliers, cuisines, boulangeries, abattoirs, etc.
En 1867, la forteresse fut évacuée et dut être démantelée à la suite de la neutralisation du Luxembourg. Le démantèlement dura 16 ans. La superstructure du Bock, un ouvrage très important, fut rasée en 1875. Il était cependant impossible de faire sauter les casemates sans détruire une partie de la ville.
Les casemates du Bock ont également fait l’objet d’un lifting, mais c’était en 2009/2010. Dans une réponse à une question parlementaire du député CSV Serge Wilmes, le ministre de la Culture, Xavier Bettel, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, et le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, ont rappelé que «depuis 2001, 2,2 millions d’euros ont été investis dans les casemates du Bock et plus de 6,3 millions d’euros dans les vestiges du plateau du Rham (exemples : l’extension du circuit Wenzel et le réaménagement de la Tour Jacob)». Les trois ministres poursuivent en indiquant qu’ «au cours des mois et années à venir, des travaux sont prévus et budgétisés notamment pour l’intérieur des Trois Tours, accessible à partir du circuit Vauban, et de réparations diverses».