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Le Sud se rêve en capitale européenne de la culture


Les hauts fourneaux vus de la tour du Savoir : exactement le symbole que veut porter le Sud. (photo Isabella Finzi)

Mardi, le gouvernement a présenté les modalités de l’appel à candidatures pour devenir capitale européenne de la culture en 2022. Les onze communes de Pro-Sud sont sur le coup ! Et n’allez pas leur dire que leur idée est un peu folle. Elles y croient vraiment et comptent bien réussir cette incroyable entreprise.

Lors du dernier comité de Pro-Sud, il y a trois semaines, Laurent Zeimet (député-maire de Bettembourg, CSV) avait lancé l’idée : « Pourquoi pas nous? Pourquoi Pro-Sud ne poserait pas sa candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2022? » En face de lui, l’assemblée « n’a pas trouvé l’idée trop mauvaise », selon lui, et l’idée fait son chemin.

Dan Biancalana (bourgmestre de Dudelange et président de Pro-Sud, LSAP) confirme « un intérêt réel . Un peu à l’image de la Ruhr il y a quelques années (NDLR : en 2010, Essen et sa région avait été sélectionné), le Sud mériterait d’être mis en valeur et de participer à ce mouvement », explique-t-il.

Il estime que les onze communes de Pro-Sud (Esch-sur-Alzette, Dudelange, Differdange, Sanem, Bettembourg, Käerjeng, Mondercange, Pétange, Rumelange, Schifflange et Kayl) détiennent des atouts suffisants pour faire honneur à une nomination.

Même si elle ne compte aucune très grande ville (Esch-sur-Alzette compte 33 000 âmes), « avec ses 160 000 habitants, il s’agit de la région la plus densément peuplée du pays », assène l’élu dudelangeois. Après tout, Mons (Belgique), l’actuelle capitale européenne de la culture, n’en compte que 93 000 et n’est pas plus glamour.

Et puis, surtout, il y a ce passé industriel qui a contribué à mettre l’Europe industrielle sur les rails. « Et il y a aussi son évolution , soutient-il. Les reconversions des friches, à Belval ou ailleurs, montrent que nous avons réussi la transition de l’industrie vers l’innovation et les services. La région Sud n’est plus une région industrielle classique, il y a aujourd’hui un potentiel et des perspectives nouvelles. Le Sud en tant que capitale européenne de la culture en 2022, ce n’est pas une idée folle : ce serait une grande chance pour nous », clame-t-il avec conviction.

« Nous avons beaucoup de choses à montrer et cela apporterait une visibilité énorme à la région », appuie Catia Gonçalves, conseillère communale LSAP de Pétange et membre du comité de Pro-Sud.

«Le renouveau du Sud»

À Esch aussi, ce projet est vu avec bienveillance. Et il le faut, puisque, selon la note du gouvernement, le titre de capitale ne peut s’appliquer qu’à une ville. Mais «les villes peuvent associer leur zone environnante si elles le souhaitent», précise le texte.

Selon toute vraisemblable, si le dossier est déposé, ce sera au nom de la Métropole du fer. « C’est une ambition énorme et associer Pro-Sud est impératif, car, à part Luxembourg, je ne vois aucune commune capable d’assumer seule une candidature », reconnaît l’échevin Henri Hinterscheid (LSAP) qui représente Esch-sur-Alzette dans le syndicat. « Le deuil de la métallurgie est fait. Nous vivons le renouveau du Sud avec la reconversion des friches ou l’arrivée de l’université, assure-t-il en émettant l’idée d’associer les pays voisins. Nous sommes au nord du bassin minier lorrain, nous avons une histoire commune avec la Lorraine. »

Lorsque l’on fait remarquer à Roberto Traversini (député-maire de Differdange, LSAP), que le Sud manque sans doute d’un lieu emblématique d’envergure internationale, il conteste : « Un grand musée n’est pas nécessairement un lieu fermé. Entre le Fond-de-Gras et le Giele Botter, par exemple, nous avons un potentiel énorme pour un grand musée à ciel ouvert. Quoi qu’il en soit, il faut être ambitieux. C’est à nous de choisir d’être endormis ou éveillés. Ensemble, nous pouvons faire de grandes choses, mais il faut chercher, se creuser la tête. Ouvrons nos cerveaux plutôt que le porte-monnaie! »

Car l’argent, évidemment, est la grande inconnue. Avant de déposer le dossier de candidature – la date limite est le 23 mai 2016 – « il va falloir analyser les enjeux organisationnels et financiers », souligne Dan Biancalana. « Nous n’en sommes qu’au tout début, confirme Henri Hinterscheid, seule une résolution de principe a été prise .» Catia Gonçalves relève, elle, que « le projet reposera sur la volonté de tous ses acteurs de travailler ensemble . Ce sera une décision politique », assure-t-elle.

Pour l’instant, l’unanimité des onze communes de Pro-Sud est là. Survivra-t-elle à la phase d’élaboration de la candidature? À entendre les différentes parties, on est tenté de le croire.

Erwan Nonet

Et pourquoi pas un classement au patrimoine mondial de l’Unesco ?

Tous les membres de Pro-Sud sont d’accord, la grande force de leur candidature potentielle sera l’identité de la région et particulièrement son patrimoine industriel et minier très riche. Dans ce contexte, une candidature pour faire son entrée sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco est-elle envisagée? « Pas encore… déclare Dan Biancalana, bourgmestre de Dudelange. Mais c’est une discussion que l’on pourrait mener. Cela irait parfaitement avec le concept de nation branding .»

Après tout, l’Unesco a déjà sélectionné de nombreux sites ou régions qui ont été les témoins industriels de leur temps. Si la Volklinger Hütte (Allemagne), le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (France), le site de Blegny-Mines (Belgique) ou celui de Blaenavon Ironworks (Pays-de-Galles) sont entrés dans la grande liste, pourquoi la Minette n’y aurait pas droit?

 

Un circuit pour le patrimoine industriel

Le Fond-de-Gras serait évidemment une des étapes emblématiques du futur circuit. (photo Tania Feller)

Le Fond-de-Gras serait évidemment une des étapes emblématiques du futur circuit. (photo Tania Feller)

L’office régional du tourisme Sud, qui regroupe quinze communes (dont les onze de Pro-Sud), est en train de plancher sur un projet qui matérialiserait un circuit des sites industriels du sud du pays. Hier encore, une réunion était menée entre les différents acteurs pour lancer ce nouveau concept.

Dan Biancalana, le bourgmestre de Dudelange, en donne les premiers contours : «Il s’agit de joindre les ressources des différentes communes pour offrir davantage de visibilité à un patrimoine cohérent qui n’est actuellement pas assez mis en valeur. L’idée est de conjuguer le passé industriel et son histoire sociale à la découverte de ces lieux.» L’emblématique Fond-de-Gras, mais aussi les hauts fourneaux eschois, la mine Cockerill au Ellergronn, le musée des Mines de fer de Rumelange ou encore le Centre de documentation sur les migrations humaines de Dudelange seraient ainsi quelques jalons de cette vaste entreprise.

« Tous les acteurs sont prêts à mettre en place ce projet culturel et touristique qui comportera des volets pédagogiques et didactiques », assure le bourgmestre. Voilà une idée qui ne ferait pas de mal au dossier de candidature pour la capitale européenne!

E. N.

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