Leur cri strident perce le ciel. Depuis la fin du mois de février, les oies cendrées reviennent. Elles survolent le Grand-Duché, après avoir passé quelques mois dans des contrées plus douces. L’événement est banal. Enfants déjà, les instituteurs nous racontaient ces migrations sous la forme d’un fameux conte, celui de Nils Holgersson.
Adulte, la magie semble dissipée. Les questions du style «comment font-elles pour voler durant des milliers de kilomètres?» n’existent plus. En fait, non, c’est une question de regard. Dans son ouvrage Le Pôle intérieur , l’explorateur Jean-Louis Étienne décrit les migrations comme un moment de grâce absolue.
Ce compagnon de route de Tabarly, épris de nature, a pourtant vécu de grandes aventures! Mais son secret est ailleurs : «L’arrivée de ces voyageurs au long cours a quelque chose de rassurant, qui rappelle que la vie passe toujours là où l’on est. La difficulté à la ressentir vient de ce qu’en ce monde d’hypercommunication, notre esprit est toujours aspiré ailleurs.»
Hubert Gamelon