Quatre ans après l’introduction d’un premier plan national de lutte contre le radon, le ministère de la Santé renouvelle l’expérience jusqu’en 2028, en ciblant cette fois-ci les lieux de travail.
Il n’est, ni plus ni moins, que la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme, selon l’OMS. Le radon, ce gaz radioactif naturel provenant des sous-sols, ne se voit, ne se sent pas, mais peut être très dangereux pour l’organisme.
Depuis 2017, le gouvernement tente de limiter son impact sur la population luxembourgeoise, notamment en ciblant les logements particuliers. En quatre ans, plusieurs «milliers de personnes» ont ainsi fait tester leurs habitations privées et pris des mesures restrictives au besoin.
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Au Luxembourg, le seuil de la concentration radon à ne pas dépasser se trouve à 300 becquerels par mètre cube. «Pour une personne exposée à des concentrations moyennes de radon autour de 500 Bq/m3 sur de longues années, le risque de développer un cancer des poumons est doublé», explique la ministre de la Santé, Paulette Lenert.
Un taux de référence qui est largement dépassé dans les cantons du nord du pays, allant de Redange à Clervaux, en passant par Vianden. Ces régions sont particulièrement touchées par le radon, avec plus de 5% des habitations au-dessus du niveau de référence (en bleu foncé sur la carte ci-dessous), contre 1 à 5% des habitations dans les cantons représentés en bleu clair et moins de 1% des habitations dans les cantons blancs, très peu touchés.
Un gaz radioactif qui ne se limite pas seulement aux habitations privées. Sur les lieux de travail aussi, le radon constitue un danger potentiel pour la santé des travailleurs.
Si, pour l’heure, aucune donnée précise n’existe à ce sujet, le ministère de la Santé compte bien s’y atteler et publie à cet effet un guide pour aider les entreprises à se conformer à la nouvelle réglementation en vigueur au Luxembourg.
Depuis 2019, les employeurs – notamment des zones les plus à risques dans le nord – doivent obligatoirement effectuer une évaluation des risques liés à l’exposition au radon sur le lieu de travail et «prendre des mesures pour l’atténuer», explique Paulette Lenert.
Comment se protéger du radon ?
La mesure du radon «est simple et peu coûteuse», selon la ministre. Il est conseillé de faire les mesures à l’aide de «détecteurs passifs» qui sont exposés pendant au moins deux mois, entre le 1er octobre et le 30 avril de l’année suivante, période où les pièces à vivre sont les plus chauffées.
Concrètement, il s’agit d’un «petit détecteur en forme de flacon, qui peut être envoyé par la poste», développe Patrick Majerus, chef de la division de la Radioprotection. «Une fois les trois mois passés, on envoie le détecteur au labo pour analyse.» Pour les entreprises, la mesure devra se faire par un organisme agréé, proposé sur le site radioprotection.lu.
Si la concentration radon s’avère importante, une «ventilation naturelle» des lieux peut être mise en place. Si cela ne suffit pas, un «puisard» devra être installé dans le sol du bâtiment, afin de filtrer les flux d’air.
Pour plus de détails, se référer au «Guide de mesure» publié par la direction de la Santé.
Comment le radon peut-il rentrer dans un bâtiment ?
Comme c’est un gaz, le radon peut pénétrer dans n’importe quel bâtiment à partir des fondations. Il passe principalement par tout défaut d’étanchéité d'une construction par exemple, les fissures de la dalle et par des ouvertures autour des conduites d’eau et d’électricité.
Cinq critères majeurs concernent les habitations touchées par le radon : il est souvent présent dans des lieux sans cave ou avec des fondations en terre battue ; dans les constructions d’avant 1990 ; dans des lieux où il y a une faible ventilation ou un poêle sans apport d'air.
Pourquoi le nord du pays est plus exposé ?
Au Luxembourg, la concentration en radon varie beaucoup entre le nord et le sud du pays. La présence «d’uranium dans les roches» facilite en effet son expansion, comme l’explique Patrick Majerus. Les cantons de Rodange, Diekirch, Wiltz, Vianden et Clervaux sont ainsi les plus exposés.
«Le sud du pays a davantage d’argile, donc n’est pas vraiment concerné, tout comme le centre où il y a davantage de sable. Mais le nord du pays possède plus d’uranium dans ses roches : l’ardoise étant poreuse, ce gaz arrive très facilement à sortir.»
Sophie Wiessler