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Shell veut transférer son siège de La Haye à Londres


La nouvelle a fait bondir le gouvernement néerlandais. (Photo : AFP)

Le géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a fait l’effet d’une bombe lundi en annonçant qu’il voulait transférer son siège au Royaume-Uni, suscitant l’indignation aux Pays-Bas qui devraient ainsi perdre leur plus grosse entreprise.

Le groupe souhaite simplifier sa structure et « aligner sa résidence fiscale avec le pays dans lequel il est enregistré, le Royaume-Uni », où il relocaliserait aussi ses instances dirigeantes, d’après un communiqué.

Le gouvernement néerlandais s’est dit lundi « désagréablement surpris » et « regrette profondément » cette décision, a déclaré le ministre des Affaires économiques Stef Blok sur Twitter.

Le déménagement priverait les Pays-Bas de sa plus grande entreprise et « Royal Dutch » serait aussi retiré du nom pour la première fois en 130 ans, pour ne garder que « Shell ».

« Nous sommes en discussions avec Shell au sujet des implications de ce transfert en matière d’emplois, d’investissements à caractère stratégique ou de durabilité », a ajouté Stef Blok.

Cette décision faisait les gros titres des médias néerlandais lundi, qui déploraient la perte d’une autre entreprise après Unilever, autre groupe anglo-néerlandais dont les actionnaires aux Pays-Bas avaient voté fin 2020 en faveur d’une société mère unique basée à Londres, dans un contexte politique post-Brexit.

L’annonce de Shell « est une énorme saignée pour les Pays-Bas », a même dénoncé l’organisation patronale VNO-NCW.

Compétitivité, environnement 

Les actionnaires devront se prononcer le 10 décembre au cours d’une assemblée générale à Rotterdam, aux Pays-Bas, sur les modifications proposées, qui incluent aussi la création d’une série unique d’actions, alors que le groupe était coté jusqu’ici via deux types de titres, Class A et Class B.

Côté britannique, le ministre des Entreprises et de l’Énergie Kwasi Kwarteng se félicitait au contraire d' »un vote de confiance clair dans l’économie » du Royaume-Uni.

Les actions class B gagnaient 1,18% à 1.676,60 pence peu après 12h30 (13h30 au Luxembourg).

L’entreprise se justifie en disant vouloir « renforcer la compétitivité de Shell », au bénéfice à la fois des actionnaires et des objectifs environnementaux, et précise que ses actions resteront cotées à Amsterdam, Londres et New York.

Le groupe entend notamment « accélérer les distributions » aux actionnaires via son programme de rachat d’actions.

Cette rationalisation « rendra l’entreprise plus facile à manœuvrer, mais ne devrait pas avoir un impact énorme sur ses performances », a tempéré Laura Hoy, analyste de Hargreaves Lansdown.

L’impact pour les actionnaires « sera vraisemblablement positif, mais l’avenir du groupe reste très dépendant du prix du pétrole », ajoute-t-elle.

Fonds activiste 

L’entreprise pourrait cependant bénéficier d’une politique de taxation plus accommodante outre-manche, ajoute l’analyste auprès de l’AFP: « On peut penser que la facture fiscale pourrait s’en trouver allégée étant donné que l’impôt sur les sociétés du Royaume-Uni est inférieur à celui des Pays-Bas » même si cet impact est « difficile à quantifier ».

Mais Shell a précisé lundi ne pas attendre « d’impact significatif sur la charge fiscale totale du groupe » avec un transfert de résidence fiscale, ajoutant que le groupe devrait même s’acquitter d’une « taxe de sortie » aux Pays-Bas qui pourrait atteindre 400 millions de dollars.

Par ailleurs, l’impôt sur les sociétés doit augmenter au Royaume-Uni dès 2023.

Fin octobre une société d’investissement « activiste », Third Point, avait demandé le démantèlement de Shell, faisant état d’une stratégie jugée contradictoire entre hydrocarbures et transition énergétique.

Mais « il semble peu probable » que les annonces de Shell répondent aux demandes de Third Point, selon Richard Hunter analyste de Interactive Investor, rappelant que le fonds demandait que soient scindées les activités historiques d’exploration, raffinage et produits chimiques et les activités liées aux énergies à bas carbone.

« Shell est fier de son héritage anglo-néerlandais et continuera d’être un employeur important et de maintenir une présence importante aux Pays-Bas », notamment dans les énergies renouvelables promet le groupe.

Shell se fixe un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 comparé à ses niveaux de 2016, sur ses sites ainsi que pour l’énergie qu’il achète ailleurs, une décision prise notamment à la suite du jugement en mai d’un tribunal néerlandais lui intimant de diminuer ses émissions de 45% d’ici 2030.

Shell a fait appel, mais cette décision s’applique « peu importe notre lieu de résidence fiscale », a indiqué Shell lundi.

Le groupe avait déçu fin octobre avec une perte au troisième trimestre à cause d’une charge comptable massive.

AFP/LQ

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