Après le lac de la Haute-Sûre, celui de Weiswampach et les étangs de Remerschen, Echternach accueillera la quatrième zone de baignade du pays à l’été 2022. Le point avec le premier échevin, Ben Scheuer.
Le chantier a débuté par l’aspiration de la couche de boue qui recouvre le fond du lac. Échevin depuis dix ans, Ben Scheuer explique s’être toujours demandé «pourquoi ne peut-on pas aller nager dans le lac ?». Le projet a ainsi commencé à prendre véritablement forme dans l’esprit de l’élu, il y a six ans environ. La baignade n’a jamais été réglementée d’ailleurs – comprendre qu’il est officiellement interdit de s’y baigner. «On a commencé à regarder les procédures et autorisations à demander pour classer une partie du lac, qui se trouve face à l’auberge de jeunesse, et avoir une zone de baignade.» L’administration de la Gestion de l’eau indique alors qu’il faut effectuer des analyses de l’eau du lac, et cela à trois différents points de la future zone de baignade.
Et si la qualité est jugée bonne selon la bactériologie, un reclassement en zone de baignade est possible. Cela a pris du temps, car un bureau spécialisé s’était d’abord occupé de cette tâche, avant que les services de l’administration ne prennent le relais. Aujourd’hui, selon l’administration, la qualité de l’eau est bonne pour effectuer le reclassement visé («excellente» en deux points, et «suffisamment bonne» en un point, qui était le repère des Ouettes d’Égypte qui avaient élu domicile sur le lac). Et ces prélèvements sont faits régulièrement dans cette zone de deux hectares prévus pour la baignade, en sachant que le lac artificiel, construit en 1975, a une surface globale de 27 ha et une profondeur de 1,80 m.
Des milliers de mètres cubes de boue à aspirer
Actuellement, une société néerlandaise spécialisée s’affaire à terminer de pomper la couche de 20 à 40 cm de boue qui gît au fond du lac pour ensuite la déverser, après accord du ministère de l’Environnement, dans un bassin qui se trouve dans un champ de l’État donc, à quelques centaines de mètres de là, près des jardins communautaires (à l’arrière du lac en venant de Luxembourg, c’est-à-dire en direction de Rosport); ensuite, l’eau claire, extraite de la boue, est repompée, avant d’être réinjectée dans le lac. Quant au bassin, une fois le pompage achevé, il sera renfloué et disparaîtra, car la terre mère sera replacée dans le trou creusé spécialement à cet effet. «C’est un circuit fermé», indique Ben Scheuer, qui précise encore que «cette entreprise néerlandaise est venue avec un bateau, lequel s’occupe de pomper l’eau, à l’aide d’un tuyau relié à un transformateur, lui-même intégré à une station de pompage éphémère, afin qu’il y ait assez de pression pour permettre cette opération». Mais d’où vient cette couche de boue ? Elle provient des feuilles, du sable qui arrive depuis les différentes sources qui alimentent le lac, mais aussi des excréments des Ouettes d’Égypte et des palmipèdes qui vivent au lac. Et cette boue sera ensuite probablement vendue, car elle peut être réutilisée en tant qu’engrais dans l’agriculture, par exemple. Une société s’est d’ailleurs déjà montrée intéressée pour le rachat de ces 8 000 à 10 000 m3 de boue.
Cela dit, Ben Scheuer indique vouloir garder un équilibre entre la future zone de baignade aménagée et le reste du lac où la nature gardera ses droits. «Les retours de la population sont, comme pour tout projet, ambivalents. Certains se réjouissent de la hausse de l’attractivité et des retombées financières pour la commune, mais d’autres sont moins enthousiastes. Ce qui est certain, c’est que l’on ne veut pas faire de kermesse ici», insiste Ben Scheuer. Pour sa part, le premier échevin voit en ce projet une véritable valeur ajoutée : «Beaucoup de gens d’Allemagne, de France, de Belgique viennent déjà au lac, le temps d’une journée ou d’un week-end. Une zone de baignade sera une plus-value aussi pour nos citoyens. Les gens cherchent cela; ils n’ont plus envie d’aller à la piscine.»
Quoi qu’il en soit, l’ouverture du lac à la baignade ne se fera pas cette année. En effet, il faudra patienter jusqu’aux beaux jours de 2022 avant de pouvoir piquer une tête à Echternach.
Claude Damiani