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Le castor, cet ingénieur écolo


Les castors sont plutôt rares et discrets dans les eaux du pays, mais ils y sont bien présents ! (photos natur&ëmwelt)

Bien que trop souvent méconnu, le mammifère, qui est de retour dans nos eaux depuis une quinzaine d’années, est essentiel à la biodiversité.

Le castor serait-il une espèce disparue au Luxembourg ? Eh bien, la réponse est «non !», même s’il aura fallu le réintroduire après son extinction en Europe. «Il s’agit d’une espèce qui vivait autrefois au Luxembourg, avant de disparaître parce qu’elle était chassée pour sa fourrure, explique Kevin Jans, géographe auprès de la Fondation Hëllef fir d’Natur (ASBL natur&ëmwelt). Cette situation fut similaire partout en Europe et beaucoup d’organisations de protection de la nature, ainsi que l’Union européenne, ont souhaité sa réintroduction. Il faut savoir que les castors augmentent la biodiversité des terrains; le castor effectue de la renaturation et de la restauration écologiques et cela, sans coûts pour l’humain. Le castor a donc été inscrit sur les listes des animaux à protéger, et dont il faut améliorer l’habitat et favoriser la réintroduction.» Parmi les tâches du géographe figure, entre autres, l’achat de terrains qui sont ensuite préservés, afin de créer des réserves naturelles en vue de garantir protection de l’environnement et biodiversité. Observation méticuleuse de ces terrains, éventuelle prise de mesures pour améliorer leur biodiversité… font partie de son job.

Réintroduction depuis l’Allemagne et la Belgique

«La réintroduction du castor a été entreprise en déplaçant des espèces originaires notamment d’Europe de l’Est et d’Allemagne, avant de les réintroduire à quelques endroits en Allemagne et en Belgique. De ce fait, la population de castors a constamment été en hausse, et se trouve, aujourd’hui, à un niveau stable. Beaucoup d’individus vivent au Luxembourg de nos jours. Il doit y avoir de 30 à 40 sites qui sont peuplés par un ou plusieurs castors. Et c’est une très bonne chose que leur nombre global augmente !» explique encore Kevin Jans, qui travaille au sein de l’antenne Nord de l’ASBL natur&ëmwelt, sise à Heinerscheid et plutôt sur des terrains se trouvant autour de Troisvierges, Wincrange et Clervaux. «La réintroduction a débuté au cours des 10 à 20 dernières années : d’abord en Allemagne et en Belgique. Mais, au départ, une erreur accidentelle s’est produite, car, dans un premier temps, c’est le castor canadien qui a été réintroduit. Puis on a essayé de réintroduire le castor européen, surtout pour le Luxembourg, depuis l’Allemagne, via les Länder de Rhénanie-Palatinat et de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.»

Ses atouts et ses inconvénients

La population de castors a ensuite augmenté, puis est devenue stable. Et lorsqu’un terrain était occupé par une espèce, les jeunes castors ont dû en trouver de nouveaux, d’où leur migration vers le Luxembourg (idem depuis la Wallonie). D’après Kevin Jans, la population de castors a connu une hausse très rapide lors des dix dernières années. «Ici au Luxembourg, le castor est très flexible. On le voit dans de grandes rivières, comme la Sûre ou l’Our, mais aussi dans des lacs ou encore des ruisseaux. Il s’adapte aussi pour changer son habitat, notamment en construisant des barrages. Dans les lacs, la vie est plus facile pour lui, car il ne doit pas modifier son habitat en profondeur. Par contre, s’il occupe un petit terrain où se trouve une petite rivière, là il fait des barrages et on voit vraiment les changements. Le castor change donc d’habitat en faisant des constructions» , précise Kevin Jans.

L’entrée de sa hutte, elle, est située dans l’eau, afin de pouvoir se protéger des prédateurs, tels que les renards. En effet, pour ne pas être attaqué il faut que son terrier ait de l’eau et un effet de barrage. «De plus, le castor nage et plonge très bien; à l’inverse, il est moins agile sur la terre ferme. Il fait donc des barrages pour que la rivière devienne plus grande, devienne un lac; ainsi, il ne doit plus sortir de l’eau. Car pour lui, la vie est plus dangereuse hors de l’eau. Et comme il n’y a pas beaucoup de prédateurs aquatiques au Luxembourg, c’est pour sauver sa propre vie qu’il vit comme cela.»

Claude Damiani

Les services qu’il rend à l’environnement

Si la qualité de l’eau n’est pas «idéale à certains endroits du pays et que beaucoup de cours d’eau sont en ligne droite pour laisser la place à l’urbanisation et à l’agriculture, le castor effectue une renaturation et une restauration de l’environnement, et ce, sans coût financier, sans grands chantiers ni machines adaptées», explique Kevin Jans, en rappelant que le Luxembourg a pour obligation européenne de procéder à des renaturations et restaurations des cours d’eau.

En effet, explique-t-il encore, «en construisant des barrages et en faisant de la renaturation, on gagne de nouveaux habitats : des prairies et forêts humides ou encore des forêts alluviales, qui sont très rares ici et dans toute l’Europe». En ce sens, le castor augmente la biodiversité en fabriquant de nouveaux habitats. Et ces habitats, qui abritent un grand nombre d’espèces rares, en profitent, à l’instar par exemple des libellules, papillons et oiseaux, lesquels ont besoin de prairies humides.

Un écosystème complet profite du travail du castor

De plus, la qualité de l’eau s’améliore avec les barrages, «car ceux-ci fonctionnent un peu comme un filtre. Et avec des cours d’eau qui présentent des méandres, on peut aussi augmenter la qualité de l’eau» , selon le collaborateur de natur&ëmwelt. Cela étant, l’activité du castor peut également apporter certains inconvénients: le problème qui se pose est qu’il change de terrain, d’habitat, et peut aussi être nuisible à ses «voisins». Dont les agriculteurs, par exemple, qui peuvent rencontrer des problèmes pour cultiver si certains champs ou pâtures deviennent plus humides. Il peut aussi exister des problèmes relatifs à l’urbanisation : des rues ou des chemins peuvent constituer des obstacles et des inondations pourraient se former.

De manière générale, les infrastructures peuvent constituer un souci, étant donné que le castor peut agrandir les rivières. Mais au nord du Grand-Duché, sur les terrains de natur&ëmwelt, «il n’existe pas vraiment de conflits de ce type car ce sont des réserves naturelles et le castor dispose donc de plus d’espace pour faire ses chantiers», indique Kevin Jans. Ceci dit, plus la population des castors augmentera à l’avenir, plus ce type de «conflits» pourra se présenter.

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