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L’Aarnescht, on dirait le Sud…


La colline de l'Aarnescht, classée réserve naturelle depuis plus de 25 ans. (Photo Jean-Claude Ernst)

L’Amicale de l’Aarnescht a célébré son 25e anniversaire. L’association est à l’origine du classement en réserve naturelle de la colline de l’Aarnescht, microclimat si particulier du Grand-Duché.

Dans un pays où la pression foncière atteint des sommets, voici une belle histoire : celle de la nature préservée. Certes il ne s’agit que d’une centaine d’hectares, mais quelle beauté…

Vendredi, à Niederanven, en présence du couple grand-ducal héritier, l’Amicale de l’Aarnescht a fêté ses 25 ans. C’est cette association, justement, qui s’est battue dès le début des années 70 pour la sauvegarde de ce site surprenant : la colline de l’Aarnescht.

« Enfant, je m’y promenais dès le mois de février , se souvient Jeannot Poiré, secrétaire de l’Amicale et natif de Niederanven. La colline offre des reliefs à l’abri du vent et un microclimat de quelques degrés supplémentaires par rapport à la vallée. C’est un lieu à part, où il fait bon vivre. »

Le sol de l’Aarnescht, sec et argileux, a donné une flore typique à la colline. Un bout de Méditerranée à quelques kilomètres de la capitale ! « Le sol n’est pas très stable, les grands arbres ne poussent pas bien. En revanche, les plantes peu gourmandes en eau s’y plaisent », développe un spécialiste de l’association.

Pins noirs (qui servaient à structurer les galeries de mines), bosquets de prunelliers et herbes hautes constituent un maquis surréaliste pour l’endroit. Les nombreuses variétés d’orchidées participent également à la réputation du lieu.

Dans les années 80, la lutte contre le béton

On l’aura compris, l’Aarnescht est un îlot de pureté. Tout cela n’existerait plus si quelques courageux n’avaient pas lutté pour la sauvegarde du site. Avec l’arrivée de l’autoroute A1, dans les années 80, Niederanven s’étaient retrouvé assailli par les promoteurs immobiliers. « Nous sommes passés de 2 000 habitants en 1972 à 6 000 aujourd’hui », note Jeannot Poiré.

Grâce aux travaux du professeur Léopold Reichling, éminent botaniste luxembourgeois, et à la mobilisation de nombreux habitants, la colline a été classée «zone naturelle protégée» en 1988. « Les gens s’étaient montrés très attachés à leur colline », se rappelle le secrétaire de l’association.

Il était temps, car la centaine d’hectares n’aurait pas résisté à l’appétit des promoteurs quelques années de plus ! L’Amicale a été créée à la fin de l’année 1989, pour faire vivre le site. « Sans l’appui de l’administration de la Nature et des Forêts, nous n’aurions rien pu faire , glisse Jeannot Poiré. Les agents ont porté le dossier de la préservation de la colline au plus haut niveau. »

La visite du Grand-Duc héritier et de la Grande-Duchesse héritière a pris l’allure d’une fête champêtre, vendredi. Avec une assistance nombreuse, une promenade de deux heures a été proposée malgré un implacable soleil. Des gardes forestiers ont accompagné le couple grand-ducal héritier tout au long du parcours.

L’occasion de découvrir des orchidées (plus de 20 espèces sur le site !) ou encore des gentianes rares. Et simplement de redire que le Luxembourg est un beau pays.

Hubert Gamelon