Autrefois très prisée, la viande de sanglier disparaît des menus des Luxembourgeois, plongeant les chasseurs dans le désarroi. L’État cherche des solutions pour la remettre au goût du jour.
La peste porcine n’est pas transmissible à l’homme. La viande de sanglier ou de marcassin peut donc être consommée sans risque sur la santé. Pourtant, elle n’est plus prisée des gourmets luxembourgeois. La demande serait si faible que son prix culminerait à 2 euros le kilogramme pour une carcasse entière, selon la réponse du ministre de l’Agriculture à une question parlementaire de la députée Martine Hansen (CSV).
Le sanglier ne rapporte plus rien aux chasseurs, qui ont perdu l’envie de l’abattre pour respecter les quotas de chasse en vigueur. Leur seule motivation à le chasser consiste à restreindre la population pour limiter les dégâts qu’il occasionne sur les cultures agricoles. Depuis 2012, le Luxembourg, contrairement à nos pays voisins, dispose de quotas minimaux de chasse qui obligent les chasseurs à éliminer un certain nombre de têtes pour réguler la population de ces ongulés.
Ces quotas, fixés pour trois ans, sont adaptables, comme cela a été le cas cette saison, précise le ministre. En effet, les chasseurs ont été invités à abattre un maximum de sangliers, notamment en raison de la menace de peste porcine. Aucun cas n’a cependant été décelé au Luxembourg. Quatre-vingt-huit carcasses de sangliers ont été trouvées en forêt depuis le mois de septembre, mais aucune ne présentait de traces du virus. Aucun risque, donc, que le virus ne soit transmis aux cochons d’élevage.
En proposer dans les cantines
Pour redorer l’image de la viande de sanglier, le ministère de l’Agriculture collabore avec la Fédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg et l’administration de la Nature et des Forêts. Il serait question de proposer davantage de gibier dans les restaurants et les cantines publiques. Pour montrer l’exemple, l’administration de la Nature et des Forêts aurait notamment mis du gibier au menu de sa fête de fin d’année pour son personnel.
Les mesures envisagées ne s’arrêtent pas. Les trois partenaires plancheraient sur une idée consistant à inciter les restaurants à proposer du gibier à la carte durant toute l’année, afin de faire grimper la demande de cette viande. Restopolis, le service de restauration scolaire du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, et les cantines publiques auraient accepté de préparer des mets produits au Luxembourg et, donc, du gibier pour soutenir les producteurs locaux et régionaux. Restopolis aurait par exemple servi du sanglier à deux reprises ces deux derniers mois, selon le ministre, dans les neuf restaurants qu’il exploite directement.
La demande commencerait donc à croître. Obélix, lui, n’aurait pas fait la fine bouche devant autant de sangliers…
Sophie Kieffer