Dans la Luxembourg House, le magasin ouvert pour la présidence luxembourgeoise au Conseil de l’Europe, il y a du vin luxembourgeois. Oui, mais lequel ?
Lorsque la secrétaire d’État au Tourisme, Francine Closener, a inauguré la boutique le 19 juin, elle affirmait vouloir créer «une nouvelle attraction pour le centre-ville en offrant exclusivement des produits fabriqués, réalisés ou dessinés au Grand-Duché».
Histoire de montrer à l’Europe que l’on fabrique autre chose que des comptes en banque au Grand-Duché, cela fait un bout de temps que l’idée de créer des espaces réservés à la création luxembourgeoise a vu le jour. Nation branding oblige! À l’origine, il était même question d’ouvrir trois magasins : un à l’aéroport, un au centre de congrès du Kirchberg (où se déroulent les réunions dans le cadre de la présidence) et un, donc, au cœur de la capitale.
Mais les bonnes intentions se sont heurtées au mur du budget alloué. Au final, il ne reste plus qu’une adresse : la Luxembourg House crèche sur 85 m² au 2, rue de l’Eau. Elle a Léa Linster pour voisine et la Chambre des députés est juste en face. Difficile de faire plus chic! La boutique est aujourd’hui exploitée par Luxair, Sophie Gillet en est la responsable.
L’espace consacré au vin se situe juste à l’entrée, ce qui indique clairement que l’exploitant mise dessus pour appâter le client. Un rapide coup d’œil montre que les plus gros acteurs du pays, Vinsmoselle et Bernard-Massard, tiennent la part du lion. «C’est normal, explique Sophie Gillet, ce sont de grands noms et ils sont incontournables.»
Les bouteilles vont tourner
On s’étonnera toutefois de trouver ici la Cuvée de l’écusson de Bernard-Massard, qui n’est pas un crémant de Luxembourg puisque produit avec des raisins allemands.
Quelques vignerons indépendants se sont également glissés entre les deux mastodontes. On peut y voir par exemple les domaines Mathis Bastian et Laurent et Rita Kox (Remich), Aly-Duhr (Ahn) ou encore Schumacher-Knepper (Wintrange).
«Nous avons reçu un e-mail du ministère de l’Économie qui nous demandait si nous étions intéressés, explique Laurent Kox. Je suis donc venu voir Sophie Gillet en lui présentant trois bouteilles qui me semblaient intéressantes dans ce contexte.»
Il a visé le haut de gamme avec son crémant en bouteille bleue Déi Honnertst, son riesling Primerberg Privilège sélectionné par le Guide Hachette des vins, mais aussi une curiosité luxembourgeoise, le rhaïfrensch (un autre nom de l’elbling).
«Il est important que la Luxembourg House présente aussi des vignerons qui ne disposent pas de la même visibilité que les grandes marques, assure Sophie Gillet. D’ailleurs, leur offre est complémentaire et notre but est de proposer la plus large gamme possible pour susciter la curiosité des clients, qu’ils habitent le Luxembourg ou ailleurs.»
Le choix des bouteilles présentées est donc le fruit d’une réflexion commune. «Nous n’avons rien imposé aux vignerons», insiste la responsable. Les producteurs apprécient d’ailleurs que la Luxembourg House ne leur ait pas demandé de brader leurs vins. Une intention d’autant plus louable que les prix de vente à la boutique sont pratiquement les mêmes qu’au domaine.
Mais si l’intention de vouloir présenter une large gamme est bonne, la boutique n’est pas une maison des vins et doit donc laisser de la place pour d’autres produits… qui ne sont d’ailleurs pas toujours dotés d’une valeur ajoutée comparable.
La seule solution, c’est d’opérer une rotation des bouteilles. «De nouveaux vignerons se sont manifestés et d’autres viendront sûrement encore, donc il est prévu que la sélection évolue avec le temps», explique-t-elle.
La Luxembourg House sera également un lieu d’échange, promet Sophie Gillet : «Nous avons l’intention d’organiser des dégustations avec les vignerons dont les bouteilles sont en vente.»
Pour l’instant, après trois semaines d’ouverture, Sophie Gillet assure que la Luxembourg House a suscité un certain intérêt de la part de Luxembourgeois et de touristes. Laurent Kox, lui, voit effectivement une petite rotation. «Ce ne sont pas des quantités astronomiques, mais les bouteilles se vendent!», assure-t-il.
Erwan Nonet