La Konschthal veut bousculer les a priori sur l’art contemporain et montrer qu’il ne faut pas être expert pour ressentir le propos des artistes. La preuve avec les premiers visiteurs.
«C’est chouette d’avoir un tel lieu à Esch-sur-Alzette. On se sentait un peu laissé-pour-compte au niveau culturel par rapport à Luxembourg-Ville», indiquait dimanche après-midi une habitante de la métropole du fer. Ce lieu c’est la Konschthal qui a ouvert ce week-end dans l’ancien Espace Lavendier, boulevard Prince-Henri. Devant la porte, les premiers visiteurs attendaient dimanche de pouvoir accéder à l’ascenseur, première étape vers la partie immersive de l’exposition. «Le Konschthaus est ouvert à tous, explique Jeremy Engler, responsable des publics et de la médiation de la Konschthal. Samedi, nous avons reçu la visite de 600 personnes pour la partie exposition, mais au total nous avons accueilli près d’un millier de personnes. Elles sont venues pour les concerts. Au final, le public s’est mélangé. Le but était de montrer à la population eschoise que la Konschthal peut être un lieu accessible et ouvert à tous. Aujourd’hui, avec la pluie, nous attendons environ 300 ou 400 personnes.»
Un début en douceur. L’art en général et l’art contemporain en particulier peut paraître obscur voire opaque aux non-initiés, mais Jeremy Engler se veut rassurant. «Il y a des médiateurs pour accompagner les visiteurs dans leur découverte. Une fois que nous aurons véritablement ouvert à partir de la semaine prochaine, il y aura toujours un médiateur qui accompagnera les visiteurs qui souhaitent plus d’informations et d’explications afin que leur expérience de visite soit la plus adaptée possible aux connaissances des visiteurs en matière d’art.»
Les trois expositions actuelles sont assez accessibles. Entre «Lët’z Arles», «Project Room» et «Ego-Tunnel», toutes visibles jusqu’au 9 janvier prochain, le public y trouve son compte. «Gregor Schneider, qui a réalisé ce dernier projet, cherche à déstabiliser le visiteur, explique le responsable des publics et de la médiation. Nous laissons le visiteur être déstabilisé, selon la volonté de l’artiste, puis le médiateur prend le relais si le visiteur le souhaite.» Contrairement à la plupart des musées d’art contemporain, le visiteur n’est pas livré à lui-même face à des œuvres qui ne sont pas souvent compréhensibles de prime abord ou peuvent être sujettes à interprétation.
Une exposition originale
Certaines installations ou immersions peuvent être surprenantes, mais l’expérience vaudrait la peine d’être vécue. C’est le cas de l’œuvre immersive «Ego-Tunnel». À la sortie, les avis s’affrontent. Tina y voit une représentation de l’enferment vécu durant le confinement. «Une des pièces ressemble à une cellule de prison. Elle dégage une impression d’isolement par son austérité. Je me demande si mon interprétation est la bonne. C’est comme si l’artiste voulait dire que nous avons tous décidé de vivre nos vies dans nos propres prisons, raconte la jeune femme. C’est très surprenant.»
«Nous étions un peu sceptiques au début, mais au final, l’expérience est très intéressante, indique Anne, venue avec son époux Erwan et leur fille Isilde. J’avais l’impression d’être dans un rêve.» Erwan dit avoir ressenti «la monotonie de la vie. Le renvoi en images d’une vie triste et mise en scène avec des lumières orange comme après les orages en été». «Cela pourrait être chez des grands-parents, ponctue Anne. Le parcours immersif sur les trois étages donne du sens à toute la suite de l’exposition. J’ai adoré passer par ses portes entrouvertes dans l’obscurité. On ne sait pas si on peut y aller et on se laisse aller à la curiosité.» «Il y a une impression de vide dans toutes les pièces, indique Erwan. Il s’agit d’une des expositions les plus originales qui j’aie vues dernièrement. On se demande où on va et plus on avance, plus on comprend le pourquoi de ce que l’on vient de voir.»
«L’espace est très, très beau et semblait destiné à l’art contemporain. De plus, le lieu est central et facilement accessible, estime, quant à elle, Giovanna qui a accompagné sa collègue Tina. Les œuvres exposées sont très fortes. On ressent un sentiment d’angoisse et de claustrophobie. Nous avons aimé l’expérience et nous allons garder ce lieu à l’œil pour éventuellement revenir.»
«La salle est plongée dans le noir. Il faut ouvrir des portes et parfois, cela peut surprendre. Certaines personnes ont eu un peu peur ou ont été déstabilisées après avoir vu certaines œuvres de cette rétrospective. Il faut dépasser ce côté choquant», ponctue Jeremy Engler.
Une atmosphère différente du Mudam
À l’intérieur de la Konschthal, des couples, des amis, des familles venues avec des enfants qui courent d’une œuvre à l’autre, les yeux grands ouverts comme fascinés par cet endroit inhabituel. Le lieu est sombre, énigmatique. «Un peu angoissant avec cette musique. C’est particulier», assure un visiteur. Les œuvres — seuls points lumineux – sont réparties sur plusieurs paliers d’un escalier à l’autre. «J’aime beaucoup ce lieu, indique Nin. J’aime la façon dont ils essayent de tisser des liens entre la vision et l’expérience, entre le visiteur et le lieu. (…) Je suis surprise de trouver ce type d’expérience ici.» La jeune femme d’origine asiatique aime l’art et l’architecture. Elle aime le contenu, mais aussi l’écrin. «Le bâtiment postmoderne est également superbe. J’aime cette atmosphère si différente de celle du Mudam. Le bâtiment est vivant.»
Le but du lieu est d’organiser des expositions d’artistes nationaux et internationaux en les rendant le plus accessible possible. «Notre objectif est de toucher tous les citoyens quel que soit leur niveau d’intérêt pour la culture et l’art contemporain», répète le responsable des publics et de la médiation. L’invitation à découvrir le lieu et les artistes qui y exposent leurs œuvres est bien lancée.
Sophie Kieffer
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Le dimanche 10 octobre vers 17 heures il n’y avait personne à part moi et une autre dame qui avait le même problème que moi. On ne se retrouvait pas dans l’obscurité en sortant de l’ascenseur malgré les explications gentilles à l’entrée du bâtiment. Heureusement qu’on s’était retrouvé dans l’ascenseur pour poursuivre la visite.
C’était un peu le parcours du combattant avec nos faibles lampes de l’iphone ( sans cette aide impossible de se retrouver) et surtout pas à recommander aux personnes claustrophobes visitant seules.
Le bâtiment principal ,les vidéos, photos et installations étaient intéressantes. Mais je dois dire qu’une visite guidée est indispensable pour ce genre d’exposition d’art contemporain.