Alors que plusieurs de ses homologues en Europe ont été restructurés voire fermés ces dernières années, l’Institut français du Luxembourg se porte à merveille et prépare l’avenir.
Destinés à faire rayonner à l’international la culture française sous toutes ses formes, les 95 Instituts français dispersés sur les cinq continents constituent l’un des principaux instruments de la politique culturelle extérieure de la France. Si, ces dernières années, des coupes budgétaires ont amené à la réduction des activités de certains établissements, voire à leur fermeture – l’Institut français de Valence doit fermer ses portes avant la fin du mois –, leur homologue luxembourgeois est loin d’être menacé.
«Nos cours de français, qui permettent notre autofinancement à hauteur de 65 %, sont en constante croissance : nous avons d’ailleurs lancé une nouvelle offre qui marche très bien», rassure Laurence Lochu, à la tête de l’Institut français du Luxembourg depuis 2018. «En complément, nous pouvons compter sur 15 à 20 % de mécénat en fonction de nos projets, et une subvention de fonctionnement qui nous est versée chaque année par Paris», poursuit-elle, précisant que l’institut est également soutenu par des institutions luxembourgeoises, des grandes sociétés, des fondations et des dons privés.
Une dynamique de développement que le ministère français des Affaires étrangères et européennes confirme : «Nous ne sommes pas dans un mouvement de fermeture ni dans une perspective de réduction du nombre ou du format des instituts, au contraire, on cherche à les renforcer et à les accompagner», explique Jean-François Pactet, directeur adjoint de la Culture, de l’Éducation, de la Recherche et du Réseau.
Selon lui, la diplomatie culturelle assurée par les Instituts français contribue au rayonnement de la France, à son attractivité, et à la promotion de ses valeurs : «Cette tradition, qui remonte à plus d’un siècle, est difficilement quantifiable mais vaut la peine d’être poursuivie», ajoute-t-il.
Installé au 47 de l’avenue Monterey dans la capitale, l’Institut français du Luxembourg compte six employés permanents et une vingtaine d’enseignants. Forcément, il a une place à part dans le réseau mondial : «Les relations culturelles franco-luxembourgeoises sont très fortes, avec des atouts comme la proximité et la langue. Le rôle de l’institut est de venir animer cette relation, notamment à travers des partenariats, donc des liens qui se créent, entre des institutions des deux côtés de la frontière», observe Jean-François Pactet.
Des échanges qui favorisent une coopération sur le long terme puisque «les gens se connaissent et entreprennent ensuite d’autres projets ensemble», renchérit Laurence Lochu. «Encourager et faciliter les contacts, ça fait partie de la diplomatie d’influence.»
Promouvoir le français auprès des jeunes
En parallèle, c’est la promotion de la francophonie, notamment auprès des jeunes, qui occupe l’équipe de l’institut : «Le français est une langue importante au Luxembourg mais, face à l’anglais qui gagne du terrain, on doit être présents. On constate, par exemple, que beaucoup de jeunes issus d’un milieu plutôt germanophone n’aiment pas parler français et se tourne naturellement vers l’anglais», remarque la directrice.
C’est pourquoi l’Institut français collabore avec de nombreux établissements scolaires partout dans le pays, en faisant intervenir des scientifiques, des écrivains, en organisant des concours d’écriture, etc. Des activités périscolaires dédiées à la francophonie sont aussi mises en place, et un projet de lecture de contes en français dans les crèches au nord du pays est en discussion avec le ministère de l’Éducation nationale.
Quant aux mois à venir, l’institut se prépare à mettre les bouchées doubles en vue de la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022, l’occasion de mettre en avant les idées européennes portées par la France : «Nous allons orienter notre programmation vers des projets culturels avec d’autres pays d’Europe, et nous aurons aussi du débat d’idées avec l’Institut Pierre-Werner», annonce Laurence Lochu.
La thématique de la protection de l’environnement sera au programme avec des expositions, des conférences et une édition de livre, dans le cadre d’un cycle baptisé «L’eau, c’est la vie». «À travers toutes ces activités transverses, notre volonté est surtout de cibler un public très large et, comme toujours, de donner envie de France!», conclut-elle.
Christelle Brucker