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Koerich : Une zone d’activité verte intense


«Nous avons fait l'inverse de ces 50 dernières années», a expliqué un expert, fustigeant les «arbustes trop coupés» ou les «copeaux d'écorce». (Photos : Didier Sylvestre)

Trois ans après le lancement d’un plan de reverdissement exigeant, la zone d’activité de Windhof affiche des résultats probants… et vraiment écolos.

La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, s’est rendue sur place lundi pour constater l’impact du projet pilote lancé il y a trois ans.

La zone Écoparc se situe non loin de l’A4 à Windhof: des entreprises, des ronds-points, une pompe à essence… l’antithèse d’une zone écologique à première vue. Mais depuis trois ans, sur cette parcelle à l’ouest de Luxembourg, propriétaires et gouvernement mènent un projet pilote. «Il ne s’agit pas simplement d’interdire les pesticides dans l’entretien, explique un membre de l’administration. Mais de penser globalement à réintégrer la nature dans une zone d’activité.» Challenge relevé!

Bouleverser les codes

Pour cela, il a fallu bouleverser les codes. «À gros traits, nous avons fait tout l’inverse de ce qui a été fait depuis 50 ans, glisse notre interlocuteur. Les haies parfaitement taillées, le béton qui domine partout, les pelouses uniformes ou les copeaux d’écorce entre deux arbustes tropicaux… Tout cela semble peut-être « joli », mais ça n’apporte rien à la nature.» Dans l’Écoparc de Windhof, le gouvernement est allé chercher les propriétaires d’entreprise un par un.

«L’idée était de les accompagner avec des choix pertinents pour l’environnement, explique un responsable de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF). Par exemple, parmi les arbustes, ce sont désormais les espèces locales qui dominent : cornelia, sureau, noisetier…», autant de garde-mangers pour les oiseaux ou les insectes de nos contrées. Idem pour les pelouses à semer par exemple.

Un laisser-faire étudié

Stefan Chorus, le patron de l’entreprise de traitement des données Streff, témoigne : «Au lieu de semer du gazon classique, nous avons acquis des mélanges. Trois ans après, les fleurs se développent au gré du vent, sans notre aide!»

Plus qu’une hypothétique «organisation écologique» de la zone, c’est un laisser-faire étudié qui a été proposé. «Il ne s’agit pas de séparer les espaces de vie et les espaces naturels, précise un expert de l’administration. Mais de décloisonner tout ça. Par exemple, nous avons incité à ne plus couler de béton dans les allées. C’est bien si l’herbe revient entre les dalles, c’est ça la nature!»

A première vue, l'aspect "non entretenu" de la zone peut interroger... mais c'est justement cela d'accorder une vraie place à la nature!

A première vue, l’aspect « non entretenu » de la zone peut interroger… mais c’est justement cela d’accorder une vraie place à la nature

Le long des voies de circulation internes, les règles de coupe des arbres sont minimales : «On coupe juste ce qu’il faut pour que ce ne soit pas dangereux pour la visibilité, explique un propriétaire de la zone. On ne reprend pas à la nature tout le terrain qu’elle gagne.»

Les bordures elles-mêmes ont été supprimées tant que possible. «Ce sont autant d’éléments qui nuisent au développement de la biodiversité, lorsque la pluie draine des semences.»

Stefan Chorus, patron et surtout papa de cinq enfants, est fier de cette démarche : «En tant qu’entrepreneur, nous vivons de la société. Alors, nous lui devons bien de prendre soin d’elle en retour, en pensant à nos enfants.»

Dieschbourg salue la volonté des propriétaires

La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a constaté les efforts écologiques consentis dans la zone d’activité. «L’action publique ne peut rien toute seule, et je salue ici l’engagement des propriétaires de terrains et des chefs d’entreprise.» On le sait, le morcellement des terrains et, parfois, la voracité des promoteurs privés constituent un frein à des politiques écologiques porteuses (impossibilité de réaliser des pistes cyclables, mise à mal de l’activité agricole ou du tourisme vert…).

Hubert Gamelon

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