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Kicker luxembourgeois : fédérateur et pourtant laissé sur la touche


Le championnat de kicker (ou baby-foot) a rassemblé 400 joueurs lors de la dernière saison. Avec les moyens du bord. (Photo Julien Garroy)

Le championnat de kicker au Luxembourg reprend ce week-end. Le président de la fédération, Éric Jacquot, lance un appel pour développer la discipline.

La Fédération de Kickersport Luxembourg regroupe combien de pratiquants ?

Éric Jacquot : Nous avions fini à 400 joueurs actifs tous les week-ends, l’an dernier. Je pourrais doubler, voire tripler ce chiffre, si j’avais d’autres perspectives à proposer aux licenciés, notamment un centre d’entraînement. Le kicker est resté dans les cafés au Luxembourg, à la différence des États-Unis, de la France ou de l’Allemagne. Cela nous freine clairement, même si je salue les efforts conséquents des tenanciers.

Quel est le problème avec le jeu dans les cafés ?

Le problème ne vient pas des bars. Ils sont bien gentils de nous soutenir… Un café-restaurant qui maintient quatre tables de jeu, c’est quatre tables de consommateurs en moins. Donc, 16 clients de perdus ! En réalité, il y a deux problèmes inhérents aux cafés : tout d’abord, les petites équipes renégocient leur présence à chaque début de saison, ce qui crée de l’instabilité. Deuxièmement, beaucoup de joueurs sont rebutés à l’idée de s’entraîner dans un café. C’est triste à dire, mais à l’époque, le baby-foot était un truc d’ouvriers. On avait plaisir à s’y retrouver autour après le boulot, sans se poser de questions. Aujourd’hui, les bars qui possèdent un kicker sont ceux qui ont de la place. Ce ne sont pas les « petits bars branchés »…

Quelle est la solution ?

Obtenir un centre d’entraînement avec le soutien des pouvoirs publics. Regardez l’impact du jeu de quilles au Luxembourg : c’était une discipline de café, c’est devenu un sport avec un centre national à Pétange ! Idem pour le tennis de table. Quand j’étais jeune, on disait « ping-pong » et les tables étaient dans les cafés. Aujourd’hui, c’est une fédération stable et séduisante, qui permet au Luxembourg de rayonner. Nous avons une place à prendre dans le kicker, car notre jeunesse a ça dans le sang. Mais la fédération ne peut pas tout faire.

Malgré tout, le Luxembourg est devenu champion du monde multitable (le graal de la discipline) en 2015 !

Ça nous a fait une sacrée pub. Un joueur comme Yannick Correia fait des tournées en Asie tellement il a du talent. Mais le soufflet retombera tôt ou tard. Je dis aux responsables politiques : « Regardez, nous avons une discipline qui rassemble les jeunes, qui apprend à être patient, véloce et tactique. » Et qui, au fond, est profondément basée sur l’amitié. Mais je n’ai pas beaucoup de retours. La Ville de Luxembourg nous a soutenus quand nous avons organisé une manche de la Coupe du monde en 2015 à la Coque (NDLR : ce qui n’a pas empêché la fédération d’y laisser de l’argent…). Mais à part ça, je prêche dans le vide. Rien qu’en loisirs, rien que dans la capitale, nous pourrions rassembler 250 jeunes tous les week-ends si nous avions une salle adaptée.

Un mot sur l’Allemagne, qui propose un système potentiellement transférable au Luxembourg ?

Là-bas, chaque club de baby-foot est rattaché à un club de foot. Les tables sont disposées dans les buvettes et les joueurs portent les mêmes couleurs que le club d’accueil. Je n’ai pas beaucoup étudié cette possibilité, mais il y aurait un travail de titan à accomplir. Pour être pragmatique, je pense qu’un centre de 150 m² quelque part dans le pays nous suffirait largement pour le moment.

Un dernier point sur les prochaines échéances ?

La Coupe du monde se déroulera en avril en Allemagne. Hambourg accueillera une cinquantaine de nations du baby-foot durant une semaine. Ils mettent les moyens pour attirer là-bas… Le Luxembourg espère finir sur le podium, clairement !

Entretien avec Hubert Gamelon

Dans le Sud, une passion populaire

Esch-sur-Alzette accueille les deux meilleures équipes du pays. Le kicker est roi dans les cafés, où une belle solidarité est toujours de mise.

On ne pousse pas la porte de ces cafés pour prendre une pause au calme ! Le Patrimonio, Parc des Princes du Ariston club («ici c’est Aris»). Et le Milk-bar, près de la gare, antre des Lusitanos. Ces deux-là vont se courir derrière toute la saison. «Les Lusitanos ont terminé champions l’an dernier, lâche Maxime Nunes, le président du Ariston. Mais pour la troisième année consécutive, nous avons remportés la Coupe de Luxembourg.»

Le kicker fonctionne comme le football. Le championnat comporte deux divisions, de chacune sept équipes. Les meilleures de première division jouent la Champion’s League, comme ce fut le cas l’an dernier pour le Ariston, qui avait envoyé ses joueurs défier l’Europe à Saint-Quentin. «Le championnat se joue en aller-retour sur 14 journées, détaille Maxime. On peut inscrire des joueurs dès 16 ans, l’âge légal pour fréquenter les cafés.» Maxime aimerait aussi que la fédération propose une salle.

Lors du tournoi caritatif «Fïr Lara», le KC Ariston avait ramené plus de 20 000 euros à la jeune fille touchée par une maladie rare. (photo DR)

Lors du tournoi caritatif «Fïr Lara», le KC Ariston avait ramené plus de 20 000 euros à la jeune fille touchée par une maladie rare. (photo DR)

En attendant, la fréquentation des cafés crée une belle solidarité, qui n’aurait pas forcément eu lieu dans un cadre plus aseptisé : envoi de tables de kicker en Haïti (avec suivi des Luxembourgeois sur place), tournoi caritatif pour une amie victime d’une maladie rare (Lara), etc. Autour des tables, les gars des kickers jouent les durs, mais ce sont des héros au grand cœur !

H. G.

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