BELVAL La pandémie n’a pas eu raison de l’engouement des Luxembourgeois pour la Chine. L’institut Confucius compte désormais plus de 200 apprenants en mandarin.
你会说中国话吗 ? Parlez-vous le mandarin ? Non ? L’année du tigre d’eau (cette année) sera peut-être la bonne pour apprendre cette langue parlée par plus d’un milliard de personnes. D’autant qu’il existe au Luxembourg un organisme officiel où l’on peut l’apprendre : l’institut Confucius, situé à la Maison du savoir, sur le campus de l’université à Belval.
Les instituts Confucius sont des établissements culturels destinés à promouvoir la langue et la culture chinoises. Le premier a ouvert en 2004 à Séoul, en Corée du Sud, et il existe aujourd’hui 525 instituts à travers le monde. C’est en 2018 que le Luxembourg a inauguré le sien.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la langue de Confucius et de Lao Tseu suscite toujours un vif intérêt au Grand-Duché : pas moins de 80 apprenants s’étaient inscrits dès l’ouverture – un nombre déjà honorable –, mais ils sont désormais plus de 200, et ce, en dépit de deux ans de pandémie.
Les cours, à Belval et au Kirchberg, et depuis la pandémie également en ligne, se déroulent en anglais, afin d’être accessibles au plus grand nombre dans ce pays si multiculturel qu’est le Luxembourg. Parmi les (futurs) sinophones, il y a des étudiants de l’université bien sûr, mais aussi des citoyens lambda, désireux de parfaire leur culture personnelle ou d’afficher une corde de plus à leur arc sur leur CV.
«Parler chinois constitue un véritable atout sur le CV», confirme Jauffrey Bareille, directeur de l’institut Confucius. «Il y a énormément d’entreprises au Luxembourg qui travaillent avec la Chine parce que les relations diplomatiques, économiques, scientifiques et dans le domaine de l’éducation montrent qu’il y a une volonté de maintenir voire de développer encore davantage les liens avec ce pays. On fête d’ailleurs cette année les 50 ans des relations diplomatiques entre le Luxembourg et la Chine. Parler chinois offre clairement une possibilité d’évolution et permet de se démarquer.»
Des cours dès 6 ans
L’institut propose même désormais des cours à destination des enfants, en réponse à une forte demande de la part de parents. Ils sont une quinzaine, âgés de 6 à 12 ans, à les suivre actuellement. «Plus on apprend une langue jeune, plus vite on peut l’assimiler. En plus, les enfants sont très visuels et c’est plus simple de leur faire assimiler un caractère chinois sans passer par la latinisation, car le sinogramme est comme un dessin pour eux», explique Jauffrey Bareille, lui-même sinophone émérite, tombé en amour pour cette langue au collège.
Outre les cours de chinois pour tous les niveaux, de débutant à avancé, l’institut Confucius dispense des cours de calligraphie chinoise, de tai-chi et de business chinese (chinois d’affaires). «Nous collaborons avec différentes entreprises au Luxembourg, par exemple des banques chinoises implantées au Luxembourg ou des banques luxembourgeoises dont les employés travaillent avec le monde chinois. Le secteur bancaire n’est pas le seul concerné : tous ceux qui travaillent avec la Chine ou sont en passe de le faire peuvent être intéressés. Cargolux est déjà venu se renseigner auprès de nous», indique le directeur de l’institut.
Partenaire de l’université de Fudan
Mais c’est bien au-delà de l’aspect académique que l’institut Confucius entend faire rayonner la Chine. Festivals, expositions, dégustations culinaires, cycle du cinéma chinois, conférences : l’établissement, né il y a quatre ans à peine, multiplie les initiatives pour faire connaître le monde chinois à la fois dans sa culture traditionnelle et dans sa modernité.
Il travaille pour tout cela en partenariat étroit avec l’université Fudan, située à Shanghai, avec laquelle l’université du Luxembourg a d’ailleurs signé en 2021 un partenariat stratégique. Les professeurs qui enseignent à l’Institut viennent de Fudan (ils sont cinq ce semestre).
L’université Fudan a aussi contribué à composer le fonds de la plus grande collection dédiée à la Chine de tout le Luxembourg. En 2020 a en effet été inaugurée au sein du Learning Center, sur le campus de Belval, la Confucius Institute Library (ou Bibliothèque de l’institut Confucius), qui comprend à ce jour pas moins de 5 000 ouvrages : des manuels et des dictionnaires bien sûr, mais aussi des romans classiques ou contemporains, des BD, des ouvrages scientifiques ou tout public. Le tout dans plusieurs langues. Et le fonds continue de s’étoffer. «À partir du mois d’avril, il y aura en plus un coin médiathèque où on pourra trouver des films ainsi qu’un espace collaboratif de travail», annonce Jauffrey Bareille.
Examen de chinois
L’institut Confucius est le seul centre d’examen habilité au Luxembourg à faire passer le HSK (Hanyu Shuiping Kaoshi ou Chinese Proficiency Test), un examen reconnu à l’international qui permet d’attester son niveau en chinois. «C’est un peu l’équivalent du TOEFL en anglais», résume Jauffrey Bareille.
Ouvert à tous, cet examen, qui porte sur six niveaux (dont le coût varie de 20 à 55 euros), peut constituer un véritable atout sur un CV, mais pas seulement : «Les employeurs aujourd’hui savent de quoi il s’agit, cela peut vraiment permettre de se démarquer. Mais passer le HSK permet aussi de savoir où on se situe au niveau international, ce qui peut être intéressant sur le plan personnel, et également d’obtenir une bourse pour pouvoir étudier en Chine», souligne le directeur de l’institut Confucius.
Deux sessions sont organisées chaque année, l’une en mai et l’autre en novembre. Une cinquantaine de personnes en moyenne participent à chacune d’elles.