Les récentes inondations ont causé des dégâts à la faune aquatique, notamment aux poissons, dans les cours d’eau du pays.
Après les décrues consécutives aux inondations des 14 et 15 juillet, les membres de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS) sont allés constater les dégâts dans la région d’Echternach et du côté de Rosport notamment, particulièrement touchés, mais aussi aux alentours de Bourscheid.
La FLPS explique, par la voix de son président, Jos Scheuer, avoir «lancé une action d’inspection qui a mobilisé un certain nombre de pêcheurs». «Nous avons constaté, ajoute l’ancien député-maire d’Echternach, que la mortalité des poissons et de la faune aquatique est importante. On a ramassé des cadavres de pratiquement toutes les espèces qui se trouvent dans la Sûre : des brèmes communes, des barbeaux, mais aussi des anguilles, des truites des rivières, des rotengles… Nous avons trouvé une quantité impressionnante de poissons à certains endroits, notamment à Steinheim.» Des écrevisses dites américaines ont également été trouvées mortes sur les berges et dans les champs de maïs.
«La nature va reprendre ses droits»
Son message aux autorités est qu’il faut respecter une frange verte large de plus de dix mètres le long des ruisseaux : «Il faut laisser ces franges à la végétation et ne pas trop s’approcher des ruisseaux.» De plus, si ce n’est pas déjà fait, le président de la FLPS appelle à un nettoyage en règle des ruisseaux, car il s’y trouve des quantités de débris, de branchages… «Ces obstacles représentent peut-être un refuge pour les poissons, mais également un danger pour de potentielles nouvelles crues.»
De manière générale, Jos Scheuer estime que les autorités ont joué leur rôle et n’ont pas péché face à la situation. «Tout le monde a été dépassé par la vitesse et surtout par l’envergure des inondations.» Son sentiment personnel en tant que président de la FLPS ? «Je me sens absolument mal, car l’élément dont les pêcheurs vivent et qui est essentiel pour leur bien-être est devenu calamiteux. Parallèlement, je me sens un peu mal à l’aise de défendre la cause des poissons, alors que les humains ont tellement souffert… En effet, je garde toujours les deux casquettes. D’une part, celle de président des Pêcheurs sportifs, qui représente une activité de loisir et, d’autre part, je porte toujours cette responsabilité publique en ma qualité d’ancien député-maire. Et ces deux casquettes ne vont actuellement pas de pair. D’ailleurs, je suis d’avis que la nature va reprendre ses droits et il faut faire du repeuplement de poissons à certains endroits. Mais ce n’est pas une catastrophe pour la nature elle-même.»
Quant à la suite et face au spectre de futures inondations de cette ampleur, Jos Scheuer a une opinion bien précise sur le rôle que devrait assurer chaque partie concernée : «Je ne suis pas d’avis que le ministère de l’Environnement doive tout chaperonner. De plus, je suis d’avis qu’il faut revoir, dans les communes sinistrées, toutes les infrastructures existantes : les canalisations, les systèmes d’évacuation des eaux, les collecteurs des eaux, les soubassements des rues, effectuer des contrôles au niveau des bâtiments sinistrés… Et ce n’est pas une activité, qui, à mon avis, doit être chaperonnée par le ministère de l’Environnement.»
«L’instant est aux techniciens désormais»
Par contre, selon lui, cette activité devrait incomber aux services techniques des communes, mais aussi aux Travaux publics. «Cela est absolument nécessaire. L’instant est à présent aux techniciens et non plus aux beaux parleurs. On a eu droit au défilé des responsables politiques et c’est de bonne guerre. Mais maintenant, la responsabilité politique que les autorités portent consiste à donner les ordres et les possibilités aux techniciens de réagir, d’améliorer les structures et infrastructures partout. Cela s’inscrit également dans l’approche qu’il faut avoir par rapport à la protection du climat. Celle-ci devra porter ses fruits après 50 ans et plus, mais entretemps on est exposé aux intempéries et aux catastrophes naturelles. Il faut donc que la politique cède le pas à la science et à la technique. Dans ce cadre intervient également le repeuplement des eaux et des rivières.»
Concernant plus spécifiquement Echternach, ville historique qui se trouve dans une vallée, Jos Scheuer, se montre tout aussi catégorique : «Il faut trouver des moyens pour protéger à la fois son caractère historique, car Echternach restera une cuve, tout en trouvant une protection efficace contre les catastrophes. C’est un défi que moi-même, en tant que bourgmestre, je n’ai pas réussi à atteindre. C’est un véritable dilemme : car soit on érige un grand mur, soit on réduit au minimum les interventions, sans sentiment de culpabilité. Il ne faut pas oublier que la nature est franchement plus forte que l’humain ! Elle prend parfois du temps à se remettre, comme c’était cette fois-ci le cas, tout comme dans le cas relativement récent de la pollution de l’Attert. Mais la nature restera la plus forte !»
Claude Damiani