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Handicap international : «Nous invitons la population à écrire l’histoire»


Mehdi Magha et Andrea Trevisan militent pour que les États s’engagent à mettre fin à l’usage des armes explosives en zones peuplées. (photo Alain Rischard)

Samedi, la pyramide solidaire de Handicap international aura «un caractère particulier». L’urgence est d’actualité dans plusieurs pays, dont l’Irak.

Face aux bombardements des civils, seuls les murs de l’indifférence doivent tomber.» C’est le message de la 22e pyramide solidaire de Handicap international, qui se déroule ce samedi, place Clairefontaine à Luxembourg ainsi qu’en ligne sur les réseaux sociaux de l’association, son site internet ou sur lesmurstemoignent.lu. «Toutes les pyramides de HI sont importantes, mais celle-ci revêt un caractère particulier, avance Mehdi Magha, le directeur de Handicap international Luxembourg. Car samedi, nous invitons la population à écrire l’histoire. Il s’agit de la dernière opportunité pour les citoyens luxembourgeois de se mobiliser massivement pour solliciter leurs députés pour engager concrètement le pays dans le processus diplomatique en cours» pour mettre fin à l’usage des armes explosives en zones peuplées.

Après une pause en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, les négociations entre les États ont repris en mars dernier et une déclaration politique commune pourrait aboutir d’ci la fin de l’année ou alors début 2022. «Tout le monde doit se mobiliser et mettre la pression sur les élus, répète Mehdi Magha. Notre objectif est de convaincre les États d’adopter un texte ambitieux et suffisamment contraignant pour avoir un impact sur le terrain. L’enjeu est de véritablement s’attaquer aux sources du problème : le recours massif à des armes explosives au cœur des villes. Et la dernière proposition ressortie des dernières discussions entre les États ne va pas assez loin. On regrette que certains points comme la reconnaissance des conséquences systématiques sur les civils, l’encadrement ambitieux des armes les plus destructrices ou l’assistance aux victimes ne soient pas assez contraignants dans la dernière proposition du texte.»

«L’Irak est à reconstruire»

Sur le terrain, les dégâts humains demeurent encore et toujours importants. Que ce soit en Irak, en Syrie, au Yémen, en Afghanistan… De juin 2019 à juin 2021, Andrea Trevisan se trouvait en Irak, plus précisément à Erbil, située dans le Kurdistan (ou Kurdistan irakien). «Même si la guerre est terminée et que l’armée contrôle tout le pays, le gouvernement irakien considère toujours le pays en conflit et mène encore des opérations militaires dans certaines régions, explique le chef de mission de Handicap international. Les ONG arrivent à travailler même si cela peut être compliqué à cause des difficultés administratives.»

En Irak, les besoins sont encore et toujours importants. «Le danger est toujours là pour les civils avec la pollution des sols de bombes et autres armes explosives des combats des années 1980 et 1990 et du dernier conflit, explique Andrea Trevisan. La contamination des sols touche quelque 3 500 km2. Il y a encore entre 700 et 1 000 accidents par an. La tâche de décontamination est énorme. Cette situation oblige les gens à rester dépendants.» Il cite également la récente fermeture de camps de déplacés dans le pays, une décision qui oblige les gens à vivre dans la rue.

L’urgence humanitaire en Irak est encore et toujours multiple. «Elle est présente dans plusieurs secteurs comme la santé, l’éducation, économie…, détaille le chargé mission de HI. Par exemple, on se substitue à l’État en ce qui concerne les kinés pour la rééducation et la réadaptation, car il n’est pas encore en mesure de fournir de tels soins. Le système de santé est à reconstruire comme le système éducatif. Tout le pays est à reconstruire.»

Andrea Trevisan estime qu’il y a «une volonté de l’État de travailler avec les ONG». «On essaie d’accompagner les autorités nationales et les autorités locales pour prendre le relais, poursuit l’humanitaire italien de 39 ans. Il y a un désir de leur part de poser un cadre pour la dépollution et l’assistance aux victimes. Nous sommes également impliqués dans ce processus de reconstruction. La tâche est énorme et va prendre des années et des années.»

Guillaume Chassaing

À la rencontre des politiques

Cette semaine, le directeur de Handicap international Luxembourg, Mehdi Magha, le chargé de mission de HI, Andrea Trevisan, et d’autres représentants de l’ONG sont allés à la rencontre de plusieurs institutions du pays pour évoquer le processus diplomatique en cours pour mettre fin à l’usage des armes explosives en zones peuplées. La délégation de HI a eu des échanges avec des représentations de la direction de la coopération humanitaire et celle de la direction politique du ministère des Affaires étrangères et européennes. Vendredi, elle a été reçue par le président de la Chambre des députés, Fernand Etgen, (DP) et le président de  la commission des Affaires étrangères et européennes, Yves Cruchten (LSAP).

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