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Esch-sur-Alzette : «Préparer la Toussaint comme il se doit»


Annette prend grand soin de la tombe de ses aïeux en vue de la Toussaint, mais aussi tout au long de l'année. (photo : Claude Damiani)

Au cimetière de Lallange, les préparatifs de la bénédiction des tombes, qui se tiendra vendredi à 16 h, vont bon train. Le Quotidien a suivi Annette, qui est venue nettoyer et embellir la tombe de ses aïeux avant la Toussaint. L’Eschoise dévoile ses secrets pour une bénédiction des tombes réussie.

Elle répète inlassablement ce rituel à la période de la Toussaint : Annette, retraitée originaire d’Esch-sur-Alzette, se fait un point d’honneur, chaque année, de «préparer la Toussaint comme il se doit», elle qui a été élevée dans le plus pur respect de la foi catholique. Armée d’un seau, de gants, d’une éponge, d’un râteau et d’une bonne paire de bottes, elle s’est rendue hier au cimetière d’Esch-Lallange, comme de nombreux autres habitants de la commune, afin de lustrer et de fleurir la tombe de ses aïeux avant le jour J, vendredi.

Des fleurs artificielles pour… raisons climatiques

Et pour ne pas être prise au dépourvu, cela fait même déjà plusieurs semaines qu’elle flâne chez les fleuristes de la région pour trouver la composition florale adéquate avec laquelle elle embellira la tombe de sa famille. Car cette année, Annette a décidé de changer quelque peu ses habitudes. «Pour la toute première fois, j’ai opté pour des chrysanthèmes artificiels, mais de très bonne qualité, car les chrysanthèmes naturels fanaient trop vite ces dernières années. Le changement climatique y est certainement pour quelque chose, et comme je souhaite que tout soit parfait pour la Toussaint, j’ai fait ce choix, une fois n’est pas coutume», explique-t-elle. Avant, pour Annette, de se réjouir que ces fleurs seront «éternelles… enfin, jusqu’à ce qu’elles déteignent et perdent leur couleur dans quelques mois, à cause de la pluie».

Outre son vase en marbre noir et une coupe de chrysanthèmes artificiels de couleur jaune, «car le jaune s’associe très bien avec le granit suédois noir de la tombe», Annette a décoré la tombe dont elle prend soin d’une coupe d’Erica, un genre de bruyères, «de couleurs blanche et violette». «Ces fleurs sont adaptées aussi bien à la Toussaint qu’à la saison automnale. Quant à leur durée de vie, je dirais qu’elles tiendront jusqu’au printemps.»

Nettoyage de la tombe, bénitier et branche de buis

Soucieuse du moindre détail, Annette est revenue hier au cimetière afin de vérifier méticuleusement «si tout le travail accompli dimanche dernier sur la tombe était toujours préservé». Eh oui, Annette a pris le soin de venir deux jours auparavant dans le but de préparer… les préparatifs de la Toussaint! «Il y a toujours des feuilles mortes à ramasser, même si cette année je constate que les arbres sont encore bien garnis. Encore la faute au réchauffement climatique..? De plus, je dois également nettoyer la tombe avec de l’eau claire, que je vais chercher à l’un des robinets du cimetière, car il ne faut jamais astiquer de la pierre naturelle telle que le granit avec du savon ou un quelconque produit chimique. Enfin, je veille à ce que le bénitier soit bien rempli d’eau, car il est d’usage dans ma famille d’effectuer le signe de la croix à l’aide d’une petite branche de buis.»

Test de la sono et des haut-parleurs du cimetière

Et comme rien n’est laissé au hasard au cimetière de Lallange, Annette a même pu assister, en direct, aux tests de la sono et des haut-parleurs par lesquels seront diffusées le jour de la Toussaint, vendredi, les différentes prières et lectures faites par le curé de l’équipe pastorale de la paroisse Esch-Uelzecht Sainte-Famille, en charge de la cérémonie. «1, 2, 3… est-ce qu’on m’entend tout au fond du cimetière?», peut-on entendre dire au micro. «Le volume n’est pas assez haut à cause du bruit venant de l’autoroute», poursuit le même professionnel du son, avant qu’Annette ne réagisse : «À l’époque, les prières et lectures n’étaient faites qu’en trois langues : luxembourgeois, français et allemand. Ensuite, au fil des années, les gens d’origine portugaise et italienne ont aussi eu droit à la parole de Dieu. Il s’agit de la preuve vivante qu’Esch-sur-Alzette est une ville multiculturelle dans laquelle on intègre les étrangers, et c’est très bien comme cela!», juge la native d’Esch, qui a vécu les différentes vagues d’immigration dans la Métropole du fer. «Et puis, n’oublions jamais que nous sommes tous égaux devant Dieu», conclut-elle, tout en avouant attendre vendredi «avec impatience».

Claude Damiani