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Esch 2022 : une réalité encore trop virtuelle


Esch 2022 : un projet au bout du tunnel. (Photo Julien Garroy)

Esch 2022 a lancé sa campagne de communication jeudi. Elle tente d’effacer les remous de ces dernières années et esquisse un projet ambitieux qu’il reste à faire exister avec le concours des citoyens.

Février 2022 peut nous paraître encore loin mais, pour les organisateurs d’Esch 2022, c’est demain. Le temps leur est d’autant plus compté que le projet est un beau cadre qui doit encore être rempli de concret. Jeudi, l’équipe organisatrice d’Esch 2022, capitale européenne de la culture 2022, a partagé ses plans avec la presse et quelques privilégiés lors d’une matinée placée sous le sceau du secret et d’une mise en scène jouant sur l’expectative.

Des projets allaient-ils être dévoilés ? Le bout du tunnel de ce projet à rebondissements était-il à portée de main ? Pour le découvrir, il fallait traverser un obscur couloir dardé de lasers colorés, un casque sur les oreilles qui, entre deux airs de musique électronique, diffusait des informations différentes sur les quatre piliers thématiques du programme – l’Europe, la nature, l’art et «Yourself» – en fonction de l’endroit où l’on se trouvait dans cet endroit qui faisait davantage penser à un club berlinois dans les années 1990 qu’à un espace de l’ancienne Muart Hal d’Esch-sur-Alzette.

Deux pas de danse plus tard, quatre personnes enfermées dans des écrans grandeur nature expliquent chacune le contenu d’un des quatre piliers. La commune de Bettembourg, représentée par son bourgmestre Laurent Zeimet, mènera, par exemple, un projet sur la lecture. La salle est plongée dans le noir total. Seul mobilier outre les écrans, un aquarium rond rempli de bonbons.

Cette immersion dans la réalité encore toute virtuelle du projet est proposée aux citoyens du Luxembourg et d’au-delà jusqu’à samedi inclus au marché couvert d’Esch-sur-Alzette. L’installation voyagera ensuite dans les communes participantes de part et d’autre de la frontière. Le 22 février 2022, Esch-sur-Alzette deviendra capitale européenne de la culture. Elle partage cette aventure avec onze villes du Minett et huit communes françaises de la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette.

«Une première vision du programme»

«Nous sommes au tout début de la campagne de communication», explique Nancy Braun, la directrice générale d’Esch 2022. «Ce que nous vous présentons aujourd’hui n’est qu’une première vision du programme. (…) Le monde du digital est une de ces facettes. Les autres seront présentées au fil des mois pour arriver à présenter Esch 2022 dans sa globalité.»

Tous les deux mois à partir d’avril, pour être exact. Le point sur l’avancement de l’organisation sera effectué lors de conférences de presse. La directrice évoque également un programme intitulé «Moien» qui ira à la rencontre des citoyens pour leur expliquer les avancements et favoriser la participation citoyenne à cet évènement très important pour la région. Un site internet (esch2022.lu) a été mis en ligne jeudi matin – son contenu s’étoffera au fur et à mesure – et un outil va être créé pour aider les communes à favoriser la participation citoyenne.

Tandis que les projets sont sélectionnés dans l’ombre – 606 ont été soumis et un tiers restent à dépouiller –, la communication est sous les feux de la rampe. Les organisateurs veulent fédérer. Sans le public, Esch 2022 n’existe pas. L’enjeu est de taille. «L’objectif consiste à améliorer durablement l’image de la région dans son ensemble et à créer une nouvelle identité en associant les citoyens. Ils doivent pouvoir participer à leur avenir», indique Nancy Braun. D’autant plus que certains projets sont portés par les communes qui seront également mises à l’honneur à travers des thèmes et des évènements spécifiques, dont les contours, on l’aura compris, vont se dessiner dans les semaines à venir. On sait d’ores et déjà que Pétange travaillera sur la thématique du carnaval, Bascharage sur celle de la bière et Villerupt sur celle du cinéma et de l’Italie avec un concert de musique italienne et une soirée drive-in sur le site de l’ancien aérodrome de Micheville.

La mobilité, les transports, le tourisme, l’accueil des visiteurs sont des aspects qui sont également pris en compte par les organisateurs. Esch 2022 représente une manne économique pour le Bassin Minier.

Autre piste lâchée par les organisateurs : ce qui se cache derrière le thème général trouvé par la précédente équipe dirigeante avant d’être évincée, «Remix». «Nous expérimentons et vivons un mélange ainsi qu’une réorganisation, un remix d’ancien et de neuf, de nature et d’architecture, une société plurielle avec un avenir commun», selon les organisateurs. Un thème qui colle à l’histoire de la région, qui n’a cessé de construire des ponts vers l’avenir.

Sophie Kieffer

En bref

Près de neuf habitants de la région sur dix trouvent qu’Esch 2022 est une bonne chose pour la région, selon un sondage réalisé fin janvier par TNS Ilres. 85% des sondés sont également d’avis que la manifestation aidera à améliorer et à développer les infrastructures de la région et aura un effet positif sur son développement touristique. 87% pensent que les commerces et les restaurants locaux en bénéficieront.

Les citoyens auront un avant-goût d’Esch 2022 dès ce samedi à l’Annexe22, sur la place du Brill. Pensé comme un lieu de communication et de rencontre durant toute l’année de la culture, il fera également office de salle d’exposition et de célébration. L’artiste et designer néerlandais Floris Hovers va s’y installer jusqu’au 2 avril. Il y réalisera une œuvre déjà intitulée «Playful connect». Il s’est inspiré du passé industriel et de la région pour présenter la vision d’un monde parallèle qui est construit et fonctionne comme un grand terrain de jeu. Les visiteurs sont invités à laisser libre cours à leur imagination, comme des enfants.